Brève

Transition numérique : la révolution tranquille de Monaco

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La principauté veut prendre le tournant numérique pour se positionner comme une « smart city » connectée et technologique. Pour ce faire, le nouveau délégué interministériel à la transition numérique, Frédéric Genta, s’attelle à la création d’un vaste écosystème digital sur le Rocher.

C’est une petite révolution engagée par la principauté de Monaco qui travaille d’arrache-pied à une ambitieuse stratégie de transition numérique. L’objectif ? D’une part, contribuer, par le digital, au développement humain et à la qualité de vie dans la principauté. D’autre part, façonner un autre visage à l’économie du Rocher, davantage tournée vers les technologies du numérique.

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Le budget 2017 avait déjà mis l’accent sur le digital en octroyant des crédits supplémentaires à l’Agence monégasque de sécurité numérique (AMSN), chargée de la sécurité des systèmes d’information. Créée fin 2015, l’AMSN protège la principauté des cyber-attaques et sécurise l’utilisation de ses réseaux. Une première pierre à l’édifice de la « smart city » voulu par le prince Albert II et les autorités monégasques.

Mais le budget 2018 lui a offert un vrai coup d’accélérateur en provisionnant la création d’une quinzaine de postes pour accompagner la transition et en coordonner le déploiement. D’où l’entrée en fonction, en mars dernier, de Frédéric Genta comme délégué interministériel à la transition numérique. Une fonction dont la mission prioritaire est de mettre en oeuvre ladite transition, tout en l’intégrant dans une vision stratégique globale.

Frédéric Genta, l’homme du tout numérique

The right man at the right place. L’adage semble avoir été inventé pour cet homme de 36 ans, au CV long comme le bras. Diplômé de l’école supérieure de commerce de Paris (ESCP) et de Harvard aux Etats-Unis, Frédéric Genta débute une brillante carrière internationale qui le mène d’abord à Londres, dans une banque d’affaires, puis en Moldavie et en Slovaquie où il occupe divers postes stratégiques chez Orange. Patron pendant quelques années de la boutique sport d’Amazon en France, il est ensuite recruté par Google pour aider les transformations digitales des clients du géant américain. Rapidement reconnu comme un des meilleurs dans son domaine, il achève son parcours américain à Mountain View, au siège californien de Google où il travaille spécifiquement pour les plus gros comptes de la firme, comme la multinationale spécialisée dans la grande distribution, Walmart.

C’est sur la demande expresse du prince Albert II et du ministre d’Etat Serge Telle que ce Monégasque accepte finalement de relever le défi, « le challenge qui m’excite le plus dans ma vie », a-t-il assuré. Il raconte aujourd’hui qu’on lui a résumé la complexité de sa mission par ces quelques mots : définir « la stratégie pour le futur numérique de la principauté ».

De nombreux chantiers à mettre en oeuvre

Les attributions de ce poste taillé sur mesure conduisent le haut-fonctionnaire à assister aux conseils de gouvernement… qu’il est d’ailleurs en train de digitaliser. A ce titre, il interagit avec plusieurs intervenants majeurs de l’administration et, en particulier, la direction de l’administration électronique et de l’information aux usagers, la direction informatique, l’agence monégasque de sécurité numérique, la direction des communications électroniques. Rien de ce qui est numérique en principauté ne lui est étranger…

Il faut dire que les chantiers à mettre en œuvre sont nombreux pour le nouveau délégué interministériel : organisation du travail, politiques publiques, constitution de clouds, installation de capteurs dans la ville, dématérialisation des documents…  Il s’agit de créer des e-interactions entre l’administration et les citoyens et d’implanter un véritable écosystème numérique sur le Rocher. Dans la fonction publique par exemple, il faut inventer un ensemble de services transversaux entre les départements pour digitaliser les processus et gagner en efficacité (e-santé, e-éducation, e-sécurité, e-Administration). Ce qui suppose également de faire entrer le numérique dans la vie quotidienne des Monégasques et résidents de la principauté.

Rendre la principauté attractive en matière digitale

Pour la vision à long terme, Frédéric Genta veut rendre Monaco aussi attractif en matière digital qu’il ne l’est déjà dans les domaines du luxe, de la finance ou de l’écologie. « La compétition est mondiale pour attirer les talents, les capitaux ainsi que les innovations. La principauté ne peut pas rester en dehors de cet enjeu stratégique », a-t-il insisté devant la presse lors de sa prise de fonction. Ainsi, s’il est impossible d’implanter des sièges de géants du web comme Google ou Microsoft dans le micro-Etat monégasque, Genta imagine la possibilité de faire de la principauté un showroom mondial de leurs produits innovants.

En attendant, le délégué interministériel se donne jusqu’à 2021 pour concrétiser le rêve « smart city » du prince Albert et de son gouvernement.