Ouverture du procès des assassins d’Hélène Pastor
En 2014, la riche héritière monégasque a été assassiné alors qu’elle rendait visite à son fils à l’hôpital. Le crime a bouleversé la principauté de Monaco. Wojciech Janowski, le compagnon de sa fille, est le principal accusé. Il nie les faits.
Alors que s’ouvre le procès des assassins présumés d’Hélène Pastor et de son chauffeur Mohamed Darwich devant la cour d’Assises des Bouches-du-Rhône, les différentes pièces du puzzle semblent déjà bien en place. Tellement bien en place que ce fait-divers sanglant, parmi les plus retentissants de la Côte d’Azur, ressemble presque à un cas d’école. Une enquête éclair a en effet abouti à l’accusation de dix personnes qui doivent répondre de cette incroyable affaire « d’assassinats en bande organisée » et « d’association de malfaiteurs criminelle ».
Assassinée devant l’hôpital l’Archet
Tout commence le 6 mai 2014, jour où Hélène Pastor sort de l’hôpital l’Archet de Nice où elle rend visite à son fils Gildo, en soin après un accident vasculaire cérébral. Elle monte dans sa voiture, une Lancia Voyager noir, conduite par son chauffeur Mohamed Darwich. Un homme armé d’un fusil de chasse à canon scié s’approche alors du côté droit du véhicule et tire à deux reprises. La vitre côté passager vole en éclats tandis que le monospace s’immobilise contre la barrière de sécurité. A l’intérieur, les occupants sont grièvement blessés.
Le fidèle employé, 56 ans, meurt quatre jours plus tard. L’héritière discrète du vieil empire immobilier Pastor, s’éteint le 21 mai, à 77 ans. « J’ai peur, je veux vous revoir car j’ai d’autres choses à dire », a-t-elle eu le temps de lâcher aux enquêteurs sur son lit d’agonie.
Hélène Pastor : une fortune immobilière
A Monaco, c’est la consternation. L’assassinat d’Hélène Pastor place brutalement l’une des familles les plus puissantes de la principauté sous le feu des projecteurs. Une dynastie de bâtisseurs qui posséderait 15% du parc immobilier monégasque et une fortune de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Les rumeurs les plus folles commencent à circuler sur ce crime sordide. On accuse la maffia russe, puis italienne. On s’interroge sur les relations que la famille entretiendrait avec la pègre. Les progrès de l’enquête mettent cependant un terme rapide aux théories plus ou moins farfelues qui mettent en émoi la principauté et la Côte d’Azur.
Une enquête rondement menée
Car, déjà, les enquêteurs de la PJ de Nice ont identifié les tueurs présumés grâce à une caméra qui a filmé toute la scène. Il s’agit de deux Marseillais, déjà condamnés pour violences et trafic de stupéfiants. Samine Said Ahmed, accusé d’être « le tireur » – il nie les faits – et Al Haïr Hamadi, accusé d’avoir joué « le guetteur » devant l’hôpital. Faisant preuve d’un amateurisme confondant, les deux hommes ont laissé une multitude d’indices. Al Hair Hamadi a omis par exemple de jeter le boîtier de son téléphone et a continué de l’utiliser après l’assassinat. Ecoutes et géolocalisation permettent de l’identifier. Samine Saïd Ahmed, quant à lui, a laissé un flacon de gel douche dans la chambre de l’hôtel niçois louée par le duo. Son ADN « matche » au Fichier national automatisé des empreintes génétiques.
Un scénario se dessine
Moins de 48 heures après les faits, le travail sur le réseau de vidéosurveillance entre Marseille et Nice permet ainsi de séquencer pas à pas le parcours de ceux que les policiers pressentent être « des tueurs à gages ». Et en étudiant leurs appels, où il est beaucoup question d’argent, ils mettent à jour une multitude d’intermédiaires et remontent la chaîne jusqu’au commanditaire présumé.
De Nice à Marseille et de Marseille jusqu’à Monaco, ils finissent par identifier un dénommé Abdelkader Belkhatirun. Ce dernier a pour beau-frère un certain Pascal Dauriac. Surprise : Dauriac est employé comme coach sportif depuis une dizaine d’années par… la fille d’Hélène Pastor, Sylvia Ratowski et son compagnon, Wojciech Janowski.
Les enquêteurs s’intéressent alors à ce dernier. Homme d’affaires et consul honoraire de Pologne à Monaco, Janowski, 69 ans, semble pourtant au-dessus de tout soupçon. Mais à y regarder de plus près, ses affaires ne sont pas aussi florissantes que ce qu’il veut bien laisser entendre. Des zones d’ombre apparaissent. Selon l’accusation, il détournerait une grande partie de la pension de 500 000 euros que verse chaque mois Hélène Pastor à sa fille. En couple depuis 28 ans, Sylvia Ratowski-Pastor et Janowski ne sont pas mariés. En cas de décès de la fille, atteinte d’un cancer du sein, le Polonais ne toucherait pas un centime de la fabuleuse fortune familiale… A-t-il voulu faire main basse sur l’héritage ?
Janowski avoue et se rétracte
Un mois seulement après les meurtres, Pascal Dauriac, 49 ans, reconnaît être l’organisateur du double assassinat. Son beau-frère, Abdelkader Belkhatirun, a recruté les tueurs. Dauriac charge Janowski. Il l’accuse d’avoir voulu brouiller les pistes en tuant le chauffeur d’Hélène Pastor et en demandant au tireur de voler son sac à main. Le Polonais aurait lui-même fait des repérages à l’hôpital et aurait eu l’intention d’éliminer également Gildo Pastor, le fils de la milliardaire.
Acculé, Janowski avoue dans un premier temps avoir commandité les crimes, avant de se rétracter. Il nie aujourd’hui toute implication dans le meurtre et accuse, au contraire, son ancien coach sportif de lui avoir soutiré de l’argent contre une « protection ».
Sur le banc des accusés, dont six comparaissent détenus, « commanditaire », « organisateur », « recruteur », « tueur », « guetteur » et « intermédiaires » attendent le verdict qui sera rendu le 19 octobre. Pour la famille Pastor et la principauté monégasque, il sera temps alors de fermer la parenthèse traumatisante de cette affaire digne d’un mauvais roman policier.