La princesse Stéphanie se démène pour la défense du cirque traditionnel dont le Festival international de Monte-Carlo est une des plus brillantes illustrations.
Le 43e Festival international du cirque de Monte-Carlo s’est achevé hier, non sans avoir subi les polémiques désormais habituelles sur le sort réservé aux animaux. Comme depuis dix ans, les sympathisants du collectif animalier du 06 ont ainsi manifesté, le samedi 19 janvier, le long de l’avenue du 3 septembre, entre Monaco et Cap-d’Ail. Sans que cela n’étonne personne. L’installation d’un chapiteau dans une commune provoque presque systématiquement la réaction de militants de la cause animale qui réclament l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques.
Les journée portes ouvertes du Festival de Monte-Carlo
Et ce combat entre partisans et opposants au cirque traditionnel passe d’abord par l’image et la communication. Au même moment ce jour-là, alors que le Festival faisait relâche pour la journée, les professionnels présents à Fontvieille faisaient découvrir au public monégasque leur travail. Le but de ces « journées portes ouvertes », renouvelées chaque année, est de montrer le lien fort unissant le dresseur et son animal – dans le monde du cirque traditionnel, on préfère désormais utiliser les termes d’« instructeur » ou d’« entraîneur »… Les visiteurs étaient par ailleurs invités à signer une pétition pour défendre cette tradition, vieille de plusieurs siècles.
Les spectacles équestres de Philip Astley
Le mot cirque – qui signifie cercle – ne remonte-t-il pas à l’Antiquité puisqu’il a été inventé par les Romains ? Au Moyen-Age, les jongleurs, saltimbanques et autres montreurs d’ours, qui se déplacent dans les villes pour se produire sur des estrades à la rencontre du public, reprennent le flambeau. On considère cependant que c’est un Anglais ayant vécu au XVIIIe siècle, Philip Astley, qui est l’inventeur du cirque moderne – dit aujourd’hui traditionnel. Excellent cavalier, ce soldat de 26 ans présenta, en 1768, une série de spectacles équestres sur un terrain près de Londres. Des chapiteaux apparurent par la suite et, très vite, les dresseurs d’animaux prirent une place importante dans le spectacle aux côtés des acrobates, clowns et autres musiciens. L’art du cirque et ses disciplines d’acrobaties, de jongleries, d’expression, de prestidigitation et… de dressage était né.
Une tradition à défendre
Le Festival international de Monte-Carlo s’inscrit pleinement dans cette tradition. En dépit des voix s’élevant contre ses pratiques, la princesse Stéphanie de Monaco, qui a succédé à son père le prince Rainier III à la tête de cette manifestation internationalement reconnue créée en 1974, l’a même érigé en cause à défendre. Elle a entrepris des démarches auprès de l’Unesco pour la reconnaissance du cirque traditionnel au patrimoine immatériel de l’humanité. Et ne manque jamais de rappeler qu’il est né il y a 250 ans avec les chevaux de Philip Astley.
« C’est la seule chose de nos jours qui soit multigénérationnelle. Dans une famille, du plus petit au plus ancien, tous vont avoir la même magie dans les yeux », expliquait-elle au Figaro le mois dernier. Celle qui est également présidente d’honneur de la Fédération mondiale du cirque veut faire de la pédagogie pour convaincre les opposants animalistes. Elle aimerait ainsi faire adopter un label européen fixant un certain nombre de normes concernant le traitement des animaux. Mais rappelle volontiers que les habitudes ont considérablement évoluer dans les cirques. Pourquoi se focaliser sur des gravures avec la chaise et le fouet d’une autre époque ?
Convaincre ?
Difficile, cependant, de convaincre les militants du bien-être animal qui, pour certains d’entre eux, affiche une radicalité inconciliable. Pour Christian Razeau, le président du collectif 06 « la société évolue très rapidement, on ne peut plus tolérer celle relation dominant/dominé dans un spectacle. Cela s’apparente à de l’esclavagisme. Ce que l’homme ne peut plus faire subir à un autre homme, il le fait subir à un animal »… Le combat est de la princesse Stéphanie est donc loin d’être gagné. En attendant, le 43e Festival du cirque de Monte Carlo continue à afficher des chiffres de fréquentation exceptionnels. Et à enchanter les 7 à 77 ans qui s’y pressent en famille pour admirer les prouesses des animaux.