Il a été fondé par le prince Albert Ier à la fin du XIXe siècle. Le Musée océanographique est l’une des belles réussites monégasques. Retour sur l’histoire de cette institution qui fête ses 130 ans cette année.
A Monaco – quoi de plus normal ? – le musée de la mer donne sur la mer. Le bâtiment, l’un des plus imposants du Rocher avec le palais princier, est bâti à flanc de falaise. Il descend jusqu’à la Méditerranée, 85 mètres plus bas. Pour lui, l’année 2019 est à marquer d’une croix blanche. Le Musée océanographique de Monaco, son nom officiel, fête en effet ses 130 ans, même s’il n’a été inauguré qu’en 1910.
La vénérable institution doit beaucoup à son fondateur, le prince souverain Albert Ier (1848-1922). Celui qui fut surnommé « le prince navigateur » était passionné par l’exploration océanographique. D’abord élève officier de marine en France puis en Espagne, il acheta trois goélettes à bord desquelles il dirigea 28 campagnes maritimes entre 1885 et 1915. Ces dernières le menèrent sur toutes les mers du globe, de l’Équateur jusqu’à Spitzberg, cette île du bout du monde située non loin du cercle polaire Arctique. Il participa également à l’exploration de l’archipel du Svalbard, la terre la plus septentrionale de la Norvège. Albert Ier en rédigea même une cartographie précise encore utilisée aujourd’hui.
Les explorations d’Albert Ier
Entouré de scientifiques, mais aussi de peintres, de photographes et même d’un cinéaste doté de la première caméra Gaumont, tous chargés de consigner et d’archiver les découvertes phénoménales de ces expéditions, « le prince savant », un autre de ses surnoms, constitua ainsi un vaste corpus de connaissances.
On doit notamment à cet humaniste la découverte d’un poisson des grands fonds nommé Grimaldichthys profundissimus en hommage à la dynastie Grimaldi. Ou encore la compréhension des courants marins entre l’Atlantique nord et les Canaries.
Un trésor de découvertes
Pour sanctuariser ses découvertes, il fonde, en 1889, l’Institut océanographique de Monaco. Dans la foulée, il fait construire un musée entièrement consacré à la mer : laboratoires, collections de pièces rapportées des explorations, aquariums de faune et de flore des fonds sous-marin, librairie scientifique, archives… Un véritable trésor de découvertes maritimes et de pédagogie scientifique y est mis à la disposition des Monégasques.
6000 m2, rassemblant la bagatelle de 6000 spécimens de poissons et de 300 familles d’invertébrés, sont ouverts actuellement au public. Soit, 650 000 visiteurs qui se pressent chaque année pour découvrir les dernières collections. Ainsi du lagon aux requins qui révèle la diversité du récif corallien peuplé d’une multitude de poissons tropicaux et de coraux vivants. Au-delà de cette ode à la diversité et à la variété du monde marin, l’aquarium du musée océanographique joue un rôle important de conservation des espèces menacées. Signalons la ferme à corail et les reproductions de poissons clowns, d’hippocampes, de seiches ou d’apogons des îles Banggai, menacés par des pêches excessives. Il s’inscrit ainsi dans la sauvegarde et la gestion durable des milieux naturels et des espèces. Une politique que le prince Albert II à ériger au rang de priorité.
Albert II renoue avec la tradition des explorations
C’est d’ailleurs pour renouer avec la tradition des grandes explorations de son aïeul que le prince Albert II a donné le coup d’envoi, en 2017, de l’opération Monaco Explorations. Des dizaines de scientifiques travaillent ainsi sur le Yersin, un navire de luxe transformé en laboratoire flottant, pour une campagne (20 étapes sont prévues) permettant notamment l’étude des coraux et des espèces marines. Le bateau accueille six laboratoires, est équipé d’un drone sous-marin et peut rester en mer plusieurs jours sans ravitailler. Il a récemment étudié l’impact de la pollution sur la reproduction des tortues vertes de Martinique ou les anomalies de croissance sur les coraux hawaïens.
Lieu d’information et de médiation entre les recherches océanographiques et le grand public, le Musée océanographique de Monaco participe par ailleurs au rayonnement de la principauté. Et ce n’est pas le moindre de ses mérites.