La stratégie est froide et cruelle : Ferrari a sacrifié la troisième place de Charles Leclerc au Grand Prix de Chine afin de préserver le podium de son coéquipier Sebastian Vettel. Cinquième, le Monégasque poursuit son dur apprentissage du très haut niveau.
Troisième doublé en trois courses pour les Mercedes au Grand Prix de Chine. Et nouvelle victoire, ce dimanche, pour Lewis Hamilton sur son circuit fétiche. Mais à Shangaï, tout a semblé joué d’avance. Si la 1000e course du Championnat du monde de F1 ne restera pas dans les mémoires, on retiendra surtout la nouvelle débâcle de Ferrari. Pas dans le coup en qualification, la Scuderia n’a pas non plus fait illusion en course. Et quand, au 11e tour, elle a ordonné à Charles Leclerc de laisser passer Sebastian Vettel, sa stratégie est apparue dans toute son inébranlable cruauté. La magnifique course du jeune monégasque à Sakhir, il y a quinze jours, n’a rien changé à l’affaire. Tant pis pour le sport…
Bon départ de Leclerc
Quatrième au départ, Leclerc s’est pourtant d’emblée offert le scalp de son coéquipier en prenant l’intérieur et en se plaçant en troisième position, derrière les Flèches d’Argent d’Hamilton et de Bottas. Derrière, la Toro Rosso de Daniil Kvyat et les deux McLaren de Sainz et Norris se télescopent, provoquant brièvement l’activation de la Safe Care. En tête, Hamilton dispose déjà d’une seconde d’avance sur son coéquipier et de 2’’5 secondes sur Leclerc. Après quelques boucles, deux pelotons se forment. Devant, les top teams se détachent irrémédiablement tandis qu’un second groupe s’accroche, mené par la Renault de Daniel Ricciardo, 7e au dixième tour.
Dura lex sed lex
C’est alors que Red Bull joue la carte de l’audace en rappelant Verstappen (5e) aux stands. Une décision qui oblige Ferrari à rappeler également ses pilotes dans l’urgence et à sacrifier la quatrième place de Leclerc pour préserver une chance de podium pour son aîné. La consigne tombe dans les radios des deux pilotes. Au grand mécontentement de Leclerc qui le fait savoir. Il est vrai que la différence de performance entre les deux monoplaces ne saute pas eux yeux… Dura lex, sed lex. En ressortant des stands avec ses pneus durs frais, Vettel est alors sous pression de Verstappen qui tente une attaque à l’épingle du virage 14 mais fait face à une défense solide de l’Allemand, qui conserve la position. De son côté, Leclerc a rétrogradé en cinquième position. Derrière le Top 5, Pierre Gasly se positionne à la 6e place alors que Nico Hülkenberg fait entrer sa Renault au garage pour un abandon mécanique.
Hamilton impose un rythme d’enfer
Au cap de la mi-course, après s’être à son tour arrêté au stand, Hamilton continue à imprimer un rythme d’enfer. Il dispose de 2’’5 d’avance sur Bottas et de plus de 10’’0 de marge sur la Ferrari de Vettel, qui devance Verstappen de 4’’0. Cinquième, Leclerc est 9 »0 derrière la première Red Bull et 12’’0 devant celle de Gasly. La seule Renault encore en piste, celle de Ricciardo, est reléguée à plus de 50’’0 de la tête.
Eteindre l’incendie…
Si la pilule a été dure à avaler, Leclerc ne se décourage pas et tente de revenir sur Verstappen. Il réduit ainsi son retard à 3’’0 au 34e passage, provoquant une certaine fébrilité chez Red Bull qui déclenche un second arrêt…. Bientôt imité par Vettel au 35e passage et par les Mercedes, au 36e passage. Quant au Monégasque, il joue le tout pour le tout et ne change ses pneus qu’à 13 tours de l’arrivée pour repartir le mors aux dents sur Verstappen. Impossible cependant de reprendre la Red Bull. Finalement, les positions restent figées jusqu’au drapeau à damier. Un drapeau au goût amer pour le Monégasque. La Scuderia doit désormais éteindre l’incendie qui couve avant le Grand Prix d’Azerbaïdjan, le 28 avril. Et par là même, juguler l’hémorragie de points face à Mercedes.