Rentrée des cours et tribunaux de Monaco : des tensions et des espoirs
La traditionnelle « mercuriale », cérémonie marquant la rentrée des cours et tribunaux de la Principauté, s’est déroulée ce mercredi. Dans le contexte faisant suite au départ du juge Levrault, cette réunion solennelle a permis aux magistrats d’affirmer leur indépendance et d’apporter une réponse claire aux invectives médiatiques dont ils sont l’objet.
L’audience solennelle de rentrée des cours et tribunaux de Monaco, qui a suivi la messe du Saint-Esprit à la Cathédrale, a eu lieu hier au Palais de Justice.
Très attendue, cette « mercuriale » ponctue une période de transition pour la Justice monégasque. Le Directeur des Services judiciaires, Laurent Anselmi, a quitté son poste et a été nommé conseiller-ministre des Relations extérieures et de la Coopération. Le juge d’instruction Edouard Levrault – en charge des dossiers comme l’enquête sur les accusations du trafic d’influence à l’encontre de l’homme d’affaires russe Dmitri Rybolovlev – n’a pas été renouvelé dans ses fonctions.
Suite à la décision du Prince Albert II, l’actuel procureur général de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence Robert Gelli a été choisi pour remplacer Laurent Anselmi à la tête des services judiciaires de Monaco. Gelli a été procureur de la République de Nîmes entre 2002 et 2012, et il a ensuite occupé le même poste à Nanterre entre 2012 et 2014. Sa nomination sera effective à partir du 21 octobre.
Pour autant, si les visages de la magistrature changent, leur mission demeure. En présence du Prince Albert II, la magistrate Brigitte Grinda-Gambarini a tenu dans son discours des propos fermes quant à l’indépendance du pouvoir judiciaire sur le Rocher. Et a insisté sur le fait que la conscience des juges ne saurait être influencée par « certaines stigmatisations médiatiques ». Une phrase à fleuret moucheté qui dit bien la tension entre les magistrats et la presse française (notamment Le Monde et le JDD).
La foi en la Smart Justice ?
Si le sujet de changement de poste du juge Levrault (qui sera bientôt nommé vice-président du TGI de Nice) et les nouvelles sur la promotion de Laurent Anselmi ont créé la polémique, cette journée ne portait pas seulement sur l’actualité judiciaire. L’avenir des juridictions monégasque, et des femmes et les hommes qui y travaillent, était aussi au cœur des discussions. Malgré des juridictions en sous-effectif et des restructurations, les cours et tribunaux de la Principauté veulent donc évoluer dans le bon sens.
Du côté de la magistrature, on en appelle à la Smart Justice, cette digitalisation des procédures qui devrait grandement faciliter la tâche des professionnels ces prochaines années, sans que la machine ne se substitue à l’homme en matière de jugement. À l’instar de l’ambition de « Smart City », cette démarche devrait aider la Justice monégasque à sortir de l’ornière et à remplir tout simplement son rôle dans la bonne marche de la cité.