Comment Monaco gère la pénurie de gel hydroalcoolique face au COVID-19
Anne Caravel, titulaire de la Pharmacie du Jardin Exotique à Monaco, nous raconte comment sa pharmacie gère la pénurie de gel hydroalcoolique face au COVID-19.
Je suis Anne Caravel, je suis titulaire de la Pharmacie du Jardin Exotique.
Aujourd’hui je vous parle de l’actualité, puisque c’est vraiment la fabrication du gel hydroalcoolique, compte tenu du fait que les industriels ont eu du mal à suivre le rush qu’ii y a eu sur ces produits. Suite à l’épidémie du coronavirus, les pharmaciens ont été autorisé en Principauté à pouvoir faire leurs propres gels.
Quel est son but ?
Le but, c’est de pouvoir désinfecter les mains de chaque personne à l’extérieur de la maison. Normalement, chez soi en se lavant consciencieusement les mains pendant 2 minutes avec du savon, on va pouvoir vraiment avoir une très bonne asepsie des mains. En revanche, quand on est dans la rue, quand on prend l’ascenseur, quand on appuie sur le bouton de l’ascenseur, quand on fait une carte bleue, quand on prend le bus – on va toucher plein de choses qui sont souillées. Donc il est important régulièrement de se passer les mains au gel hydroalcoolique pour être sur de ne pas se contaminer les voies respiratoires en allant toucher son visage.
Comment on le fabrique ?
On a de l’alcool à 90°, on a de l’eau oxygénée et on a du glycérol. On va mélanger tout cela dans les quantités qui sont recommandées par l’OMS et cela va nous donner un gel hydroalcoolique fabriqué en pharmacie.
Le glycérol, c’est vraiment pour permettre à la peau de ne pas être trop attaquée par l’alcool à 90°, ce qui est quand même tonique sur la peau, donc c’est un agent émollient. Alors que l’eau oxygénée est là pour compléter le spectre d’actions faite de l’alcool et surtout de permettre, quand on laisse reposer pendant 72 heures cette préparation, de tuer tous les spores qui pourraient être présents dans la formule.
Peut-on le fabriquer soi-même ?
Est-ce qu’on peut le faire chez soi ? Difficile, parce que déjà on a l’alcool à 90°, qui est l’alcool officinal et donc difficile à se procurer, puisqu’on ne peut pas le délivrer tel quel. Et puis, il y a tous les problèmes de rupture de stock en ce moment. Le premier est le flaconnage : on a plus de flacons. J’ai passé mes flacons il y a plus d’un mois, dès qu’il y avait l’épidémie en Chine. J’ai eu un feeling et je me suis dit : “Il va falloir rentrer des flacons et de l’alcool”. Le flaconnage est en rupture partout et si j’ai un conseil à donner aux gens de la Principauté : “gardez vos flacons, parce qu’on pourra toujours leur remplir !”
Risquons-nous une pénurie de gel ?
Il ne faut pas paniquer. On a les laboratoires qui sont capables de produire de l’alcool régulièrement, donc on en aura. Je pense qu’il ne faut pas rentrer dans un système de panique. En revanche, il faut se dire qu’on n’’aura pas de la veille pour le lendemain son flacon du gel hydroalcoolique. Il faut anticiper un petit peu, donc quand on arrive à la fin, et parce que les gens ne savent pas encore les quantités qu’ils vont utiliser, ce n’est pas dans notre culture en permanence de se passer les mains à l’alcool. Il faut faire ça avec bon sens, il ne faut pas s’inquiéter. D’autres pharmacies en produisent aussi en Principauté. Les laboratoires ont relancé les industriels aussi dans la production. Je ne suis pas du tout pessimiste, il faut juste s’organiser pour en acheter en temps et en heure.