Comment la Croix-Rouge monégasque gère-t-elle la pandémie ? Interview avec Frédéric Platini
Le Secrétaire Général de la Croix-Rouge monégasque, Frédéric Platini, nous a accordé un entretien afin d’évoquer les actions mises en place en Principauté depuis le début de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus.
Pleinement engagée aux côtés des services du Gouvernement Princier et de la Mairie, la Croix-Rouge monégasque (CRM) œuvre sans répit afin d’aider les Monégasques et les résidents de la Principauté à traverser de la meilleure des manières la pandémie de Covid-19. Le Secrétaire Général de la CRM, Frédéric Platini, a tenu à expliquer les différentes aides mises en place par cette entité auxiliaire des pouvoirs publics. Interview.
Frédéric, comment la Croix-Rouge monégasque gère-t-elle la situation actuelle ?
Pour nous, aujourd’hui, c’est tout à fait gérable. Nous avons une réserve de bénévoles et de salariés disponibles, si jamais la crise venait à monter en puissance. Il faut bien se rendre compte qu’à l’échelle de Monaco, l’Etat est déjà bien organisé, avec une population limitée. J’ai des contacts réguliers avec nos voisins italiens qui ont vécu des moments particulièrement dramatiques (La Croix-Rouge monégasque a récemment fait un don à son homologue italienne).
Sur le secteur logistique, nous montons en puissance, avec une demande croissante
De nombreuses actions sont menés par la Croix-Rouge monégasque depuis le début de crise sanitaire, notamment sur le plan logistique. Pouvez-vous nous expliquer ce qui est réalisé actuellement ?
Sur le secteur logistique, nous montons en puissance, avec une demande croissante. Nous œuvrons en coordination avec la Mairie de Monaco, dont l’action est amplifiée depuis le début de la crise. Nous distribuons avec les services de la Mairie près de cinq cent repas par jour, en anticipant une montée en puissance. Mais nous serons à même de répondre à cette demande. Au niveau de la Croix-Rouge, nous assurons aussi les courses pour les gens, que ce soit alimentaires ou pharmaceutiques, afin que les personnes qui ne se sentent pas de sortir puissent être accompagnées.
La Croix-Rouge monégasque participe également au Call Center.
Absolument. Il s’agit d’un centre d’appel du Gouvernement Princier piloté par le Département des Affaires Sociales et de la Santé. Nous (la Croix-Rouge monégasque), mettons notre personnel en soutien afin de répondre aux questions. Au début de l’épidémie, jusqu’au 17 mars, il y a eu une phase avec beaucoup d’appels. Puis les mesures ont été annoncées et expliquées, ce qui a réduit l’activité de ce centre d’appel. En parallèle de ce dernier, un centre de suivi médical à domicile a été également mis en place par le Gouvernement Princier. Nous réalisons donc également un suivi à domicile des personnes infectées ou suspectées, afin de vérifier les prises de constantes de santé, avec des médecins qui restent au niveau du Call Center et avec qui nous échangeons, et qui décident des suites médicales à donner.
Il est aussi important de souligner que nous avons mis en place une cellule d’écoute anonyme, toujours sur le même numéro (+377.92.05.55.00), qui permet d’échanger avec des bénévoles de la Croix-Rouge formés à l’écoute dès que l’on ressent un mal-être ou une détresse psychologique. Et si besoin, nous pouvons basculer sur des psychologues et des professionnels.
Les services sociaux de la Croix-Rouge sont-ils toujours en vigueur ?
Bien sûr. Nous avons laissé notre service social ouvert, ce qui signifie que les bénéficiaires de la Croix-Rouge et les personnes dans le besoin peuvent avoir accès à une aide économique.
Nous sommes arrivés à faire arriver à Monaco près de 200 000 masques
Quelles sont aujourd’hui les dépenses effectuées par la CRM ?
Il y a ce que nous dépensons en tant que Croix-Rouge, avec un volet international. Nous avons déjà versé près de 430 000 euros, entre la FICR (Fédération Internationale de la Croix-Rouge), le CICR (Comité International de la Croix-Rouge), la Croix-Rouge italienne et celle du Burkina-Faso, et cela devrait augmenter, car nous recevons encore beaucoup d’appels. Et il y a ensuite les dépenses de matériel. Nous avons participé à l’effort de l’Etat pour l’approvisionnement de masques, puisque nous sommes arrivés à faire arriver à Monaco près de 200 000 masques. Nos dépenses sont à peu près compensées avec des dons qui sont arrivés et qui continuent de s’accroître. Nous avons besoin du soutien de la population, de nos donateurs et des industriels monégasques, afin de faire face ensuite au deuxième flux, économique cette-fois, pour accompagner des personnes qui auront des problèmes financiers.
Vous avez senti une vraie mobilisation des monégasques envers la Croix-Rouge depuis le début de la crise ?
C’est très positif, oui. Nos donateurs récurrents sont-là et n’ont pas manqué de monter rapidement au front. Il y a aussi des entreprises qui n’étaient pas dans nos contacts habituels et qui se sont manifestées. Nous avons également des associations sportives. Tout le tissu économique monégasque est en train de se mobiliser aux côtés de la Croix-Rouge. Je ne peux que demander que cet effort se poursuive et qu’il puisse aller dans ce sens, car la crise ne pas être simplement sanitaire, mais aussi économique, qui va nous conduire à gérer tous les volets sociaux.
De nouvelles actions vont-elles être mises en place dans les prochaines semaines ?
La grande nouveauté, pour le moment, c’est cette cellule d’écoute. Maintenant que la date du 3 mai a été fixée (la Principauté a décidé de prolonger les mesures de confinement jusqu’au 3 mai), nous pensons qu’elle va monter en puissance. Sur la partie logistique aussi. Nous regardons également tout ce qui peut être mené en complément de ce que nous avons mis en place. Nous étions par exemple vendredi (le 10 avril dernier) au camp d’accueil pour migrants de Vintimille parce qu’ils n’avaient pas d’équipements et avaient des problèmes d’approvisionnement. Nous continuons à mener des missions annexes liées au Covid-19 tout en étant au plus près de la population de Monaco.
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