Dans les coulisses d’une vente aux enchères de joaillerie à Monte-Carlo
Aux ventes de joaillerie de la maison Artcurial, les colliers Cartier et les bagues frôlant le demi-million côtoient les résidents de la Principauté qui s’empressent à mettre leurs mains sur les lots prestigieux.
Il y a des endroits à Monaco où un seul regard peut vous transporter dans un siècle passé. L’Hôtel Hermitage de Monte-Carlo est l’une de ces machines à remonter le temps éparpillées en Principauté. Ici, la Belle-Époque, ces trente années qui ont fait de Monte-Carlo la capitale mondiale du jeu et du vice, vit toujours dans les vitraux en dôme et les stucs ornés.
Cependant, dans l’élégante salle de l’Hôtel Hermitage où se déroule la vente aux enchères Artcurial, les clients ne regardent pas les somptueux plafonds. Leurs regards sont pris par autre chose. Sous les plafonds dorés, des centaines de bijoux sont exposés dans des vitrines de verre bordées de velours. Il y a de tout, des simples manchettes en or aux parures incrustées de diamants et de saphirs. On se croirait dans un musée.
Comment transporte-t-on des bijoux qui valent des millions ?
Les préparatifs pour une vente aux enchères de joaillerie commencent bien avant la semaine des enchères. « Tous les bijoux qui sont consignés à Monaco sont d’abord envoyés à Paris pour être photographiés et sont ensuite exposés pour la clientèle parisienne d’Artcurial » explique Louise Gréther, directrice d’Artcurial Monaco. Les lots, qui ont une valeur totale de plusieurs millions d’euros, sont acheminés vers la capitale française grâce à une société de transport spécialisée.
Les bijoux ne restent pas à Monaco pendant la nuit
Une fois les bijoux photographiés et exposés, les lots retournent à Monaco. Pendant la semaine de vente, les bijoux sont exposés du dimanche au mardi, et mis aux enchères le mercredi. Malgré le Covid-19, Louise Gréther affirme que tout s’est bien passé, à l’exception d’un couvre-feu à 19h introduit à Monaco à la dernière minute, qui a obligé Artcurial à reculer d’une heure les heures d’exposition.
La semaine de vente, la société de transport emmène les objets dans un lieu secret chaque soir, les ramenant à l’Hôtel Hermitage le lendemain matin. « Les bijoux ne restent pas à Monaco pendant la nuit. À vrai dire, je n’ai aucune idée d’où on les amène » admet Louise Gréther. « Le transport des objets est compliqué. Cela demande beaucoup de concentration car nous ne pouvons ni perdre, ni endommager des pièces. Il faut les emballer correctement chaque soir. L’opération requiert un travail manuel extraordinaire pour notre personnel » explique Louise Gréther.
A qui appartiennent ces bijoux ?
Cette année, le point d’orgue de la vente de joaillerie Artcurial est la collection « propriété d’une dame » qui comprend plusieurs colliers Cartier, ainsi qu’une bague en diamant jaune d’une valeur comprise entre 380 000 et 420 000 euros. Louise Gréther nous montre deux des colliers Cartier, exposés dans une vitrine à part. Le premier, fait de perles de corail sculptées à la chinoise, date de 1925. Le deuxième est composé de 12 panthères incrustées de diamants. « Toutes les pièces de la collection ont été offertes par un homme à sa femme, confie Louise Gréther. Il avait un goût fabuleux, on peut vraiment voir que chaque pièce a été offerte avec beaucoup de passion et d’amour pour la dame. »
Que les enchères commencent !
Mercredi à 14 heures, les enchérisseurs sont en train de se disputer les clips de corsage. En quelques minutes, un clip de corsage Cartier en forme de tortue et un lion « ébouriffé », yeux en émeraude, de Van Clef & Arpels se vendent chacun pour un peu moins de 5 500 euros. Un autre clip de corsage Van Clef & Arpels – celui-ci est en forme de fleur et date de 1968 – se vend à 13 650 euros, soit trois fois son prix estimé.
A 17h, les regards se tournent à nouveau sur la « propriété d’une dame. » Un collier chapelet de Cartier avec une croix amovible se vend pour un peu plus de 44 000 euros. S’en suit ensuite le collier de corail à la chinoise (vendu à 104 000 euros), le collier panthère (le marteau tombe à 110 500) et la bague en diamant jaune, invendue.
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Un clip de corsage Van Clef & Arpels © Artcurial La bague en diamant jaune © Artcurial