Pourquoi les salariés de Carrefour Monaco sont-ils à bout ?
Effectifs réduits, pression et journées à rallonge, le tout sur fond de pandémie : les salariés de Carrefour n’en peuvent plus ! Alors que leurs conditions de travail ne cessent d’empirer chaque année, des employés du magasin Carrefour de Monaco ont donc décidé de participer au mouvement de grève français, le samedi 3 avril dernier.
Ils étaient près d’une soixantaine regroupés sur le port de Fontvieille, hissant quelques drapeaux aux couleurs du Syndicat du Commerce, parfois le poing levé, avec l’espoir d’obtenir une prime exceptionnelle de 1000 euros en récompense de leur dur labeur et de leur présence exemplaire auprès des clients monégasques depuis le début de la crise sanitaire. Samedi dernier, des salariés du magasin Carrefour Monaco ont ainsi participé au mouvement de grève suivi aux quatre coins de la France par de nombreux employés de l’enseigne, soucieux face la dégradation de leurs conditions de travail. Un ras-le-bol général d’autant plus justifié que le groupe Carrefour vient de réaliser des performances historiques, à savoir une hausse de 7,8% de son chiffre d’affaires mondial en 2020, soit plus de 78 milliards d’euros. Du jamais vu depuis 20 ans !
Nous venons de passer une année bien difficile et particulièrement usante
Leur revendication ? Une prime de récompense de 1000€
« Nous venons de passer une année bien difficile et particulièrement usante », confie Alexandra, la déléguée syndicale du magasin Carrefour à Monaco, qui travaille pour l’enseigne depuis une quinzaine d’années. « Nous espérons que notre direction nous accordera finalement cette prime de récompense pour nos efforts fournis lors de cette période anxiogène et pour notre contribution à ce chiffre d’affaires record. » Si, au début de la crise sanitaire, le groupe avait bien versé une prime à ses salariés, selon Alexandra, elle n’était qu’une somme d’incitation pour venir travailler dans un climat de panique général : « une prime carotte », résume alors la déléguée syndicale.
Comme de nombreux collègues, Alexandra a contracté la Covid-19 quelques mois plus tôt et s’est retrouvée deux fois cas contact. « Tout au long du mois de décembre, le magasin était noir de monde », rappelle-t-elle, « la clientèle était au coude à coude et on ne pouvait même plus circuler dans certains rayons, car si le nombre de personnes limité à l’entrée du magasin était bel et bien respecté, les clients se concentraient aux mêmes endroits, à savoir dans les rayons des produits frais ainsi que des fruits et légumes. À côté, d’autres rayons demeuraient complètement vides, comme celui de la vaisselle ». Au début du mois de janvier, le magasin est devenu un cluster pendant quelque temps et plusieurs employés se sont vus contraints de rester chez eux. « À chaque arrêt, j’ai perdu trois jours de carence en plus de ma prime mensuelle de présence, soit l’équivalent de près de quatre journées de salaire. »
Nous marchions près de 30 kilomètres par jour
Sous pression, les salariés encaissent
Tendinites, maux de dos ou dépressions. Le moral et la santé des salariés sont d’autant plus minés par une pression quotidienne qu’ils ressentent sur leur lieu de travail, notamment liée à la considérable diminution des effectifs au sein du magasin, depuis les dernières années. « Aller toujours plus vite, en faire deux fois plus », déplore Alexandra. « J’ai bien cru que j’allais finir sur une chaise roulante », raconte alors un autre salarié du magasin souffrant de graves problèmes de genoux, récemment replacé aux caisses par Carrefour après avoir travaillé dans un rayon en sous-effectif. « Nous avons calculé nos pas : nous marchions près de 30 kilomètres par jour ! »
Samedi dernier, cet employé a fait grève pour la première fois. « Cela n’a jamais été dans mes habitudes, mais nos conditions de travail m’ont amené à me syndiquer depuis plusieurs mois », précise-t-il. « Pour eux, nous ne sommes que des numéros », regrette-t-il, « notre direction a même supprimé notre café gratuit du dimanche ! » Face à la pandémie de la Covid-19, il se dit encore angoissé : « je souffre de problèmes de cœur et ma femme est, quant à elle, fortement asthmatique. J’ai peur de la contaminer. »
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