L’iode vendu en pharmacie est-il efficace en cas d’accident nucléaire ?
Face à la menace d’une utilisation de l’arme nucléaire par la Russie dans la guerre ouverte avec l’Ukraine, de nombreuses personnes se ruent dans les pharmacies pour se procurer de l’iode, dont efficacité n’est pas prouvée lorsqu’il est proposé en vente libre. Explications.
Tout le monde se l’arrache. Mais pourquoi ? Oligo-élément essentiel pour le fonctionnement de la glande thyroïde qui constituerait un moyen de prévention efficace pour protéger la santé des populations exposées au nucléaire, l’iode est devenu une denrée massivement recherchée par les personnes inquiètent du déroulement de la guerre en Ukraine.
Les doses n’ont aucun intérêt à part dérégler la thyroïde
Christophe Ginbert, gérant de la pharmacie Internationale
Dans certains quartiers de Monaco, des pharmacies ont vu leur vente d’iode s’intensifier ces dernières semaines. C’est le cas de la pharmacie Ferry, rue Grimaldi. « D’habitude, nous n’en vendons que très peu, mais depuis quelques temps, c’est tous les jours », confie Stéphanie. Un constat partagé par Christophe Ginbert, gérant de la pharmacie Internationale, elle aussi située rue Grimaldi.
« On a eu de la demande notamment la première semaine du conflit, quand la centrale nucléaire a été touchée, mais nous n’avons jamais conseillé les clients à prendre ces compliments alimentaires, car dans le contexte actuel, ce n’est pas du tout indiqué, affirme-t-il. Les doses n’ont aucun intérêt à part dérégler la thyroïde. »
Des compléments alimentaires aux doses minimes
En effet, à Monaco comme en France, les stocks d’iode sont contingentés et seul le Gouvernement Princier est à même de les distribuer si un risque majeur éclate. « Nous, nous ne vendons que des oligo-éléments à base d’iode, souvent sous forme de compléments alimentaires, précise Jean-Luc Bughin, gérant de la pharmacie Bughin, boulevard Princesse Charlotte. On avertit les clients que seul l’actif du terme est efficace, mais certains ont d’autres argumentaires. »
On vend des substituts, comme d’habitude, mais ils sont surtout achetés par des gens qui surévaluent un risque minime par prévention
Antoine de la pharmacie du Rocher
La pharmacie Centrale et la pharmacie du Rocher ont de leurs côtés été épargnées par cette demande. « Nous n’avons pas enregistré de différence par rapport à d’habitude, assure une préparatrice de la pharmacie Centrale. « Nous non plus, avance Antoine de la pharmacie du Rocher. On vend des substituts, comme d’habitude, mais ils sont surtout achetés par des gens qui surévaluent un risque minime par prévention. »
Des comprimés d’iode inutiles par prévention donc et qui pourraient même exposer le corps à des risques en cas de surconsommation. À titre d’indication, la France a d’ailleurs envoyé de l’iode à l’Ukraine pour se prémunir en cas de risque d’un accident nucléaire lors des combats avec l’armée russe.