Tout savoir face aux dangers des chenilles processionnaires
La processionnaire du pin est connue pour être responsable de nuisances sanitaires sur les arbres, mais aussi sur les hommes et les animaux. Jérôme Rousselet, chercheur à l’INRAE, fait le point pour Monaco Tribune sur les gestes à adopter pour contourner les dangers liés aux chenilles.
C’est le retour du printemps, du changement d’heure qui en découle, des jours heureux et des températures à la hausse. Mais la fin de l’hiver rime aussi avec l’apparition des chenilles processionnaires, cette larve d’un papillon d’origine méridionale qui irrite les randonneurs et les amoureux de nature.
« Après une baisse de leur population en 2019, 2020 et 2021, les chenilles ont tendance à repartir à la hausse cette année, révèle Jérôme Rousselet, spécialiste de la question et chercheur à l’INRAE. Dans les régions colonisées depuis de nombreuses années, on enregistre des dynamiques avec des hausses et des baisses régulières. »
Dans la grande majorité des cas, les réactions sont bénignes
Répandues dans les forêts ou dans l’arrière-pays, comme au col d’Eze, les processionnaires du pin envahissent aussi les villes et les lieux urbanisés. Et la Principauté n’échappe malheureusement pas à la règle. En effet, nombreux sont les citoyens à avoir fait part de leur inquiétude quant à la santé de leurs animaux de compagnie, notamment les chiens, qui dans certains cas perdent une partie de leur langue après avoir mordu les chenilles.
Quand elle se sent attaquée, la chenille libère des poils urticaires qui se répandent ensuite dans l’air
Jérôme Rousselet
« C’est un phénomène à prendre au sérieux, sans pour autant s’alarmer, tempère Jérôme Rousselet. Sur l’ensemble des dossiers recensés par les centres antipoison, dans 96% des cas, la réaction des gens est bénigne et se matérialise sous forme d’urticaire désagréable mais pas dangereux. En revanche, chez les chats, les chiens et les chevaux, il est important de consulter rapidement un vétérinaire pour éviter une nécrose des tissus de la bouche de l’animal et un éventuel œdème de la gorge. »
Si le contact direct avec la chenille est l’une des causes de contamination, les poils urticants sont eux aussi très fréquents dans les pathologies liées à ces bestioles. « Quand elle se sent attaquée, la chenille libère des poils urticaires qui se répandent ensuite dans l’air. »
Des traitements et des pièges ralentissent la prolifération
Si les pins situés vers la moyenne corniche sont équipés de sacs accrochés aux arbres et contenant une substance servant à les éloigner, certains quartiers, comme devant l’école de Fontvieille, ne sont pas épargnés. Des panneaux signalant le danger ont été déployés, alors que les chenilles continuent de proliférer. À Monaco-Ville, dans les jardins et dans le parc enfants, les arbres ont quant à eux été traités.
« Ce sont surtout majoritairement les pins noirs, en altitude, qui sont favorables aux chenilles. À l’inverse, les pins parasols le sont moins. » En effet, les chenilles se nourrissent des aiguilles de pins et, plus rarement, de cèdres, et entraînent des défoliations qui se traduisent essentiellement par une fragilisation des arbres et un ralentissement de leur croissance.
Les soies urticantes sont aussi très présentes dans les nids d’hiver, même après plusieurs années. Il est ainsi dangereux de manipuler des nids, même vides. « Dans le sud de la France, où les hivers sont plus doux, les risques liés aux chenilles débutent dès janvier et jusqu’à fin avril. C’est généralement à ces moments-là que les gens s’alarment. » Alors si vous croisez ces chenilles dans les semaines à venir, méfiez-vous et tenez-vous le plus à l’écart possible pour éviter toute allergie. Et surtout, tenez bien votre chien en laisse !