Les traducteurs et interprètes de Monaco se réunissent
Les créateurs de la Chambre monégasque des traducteurs et interprètes (CTIM) souhaitent voir le secteur de la traduction mieux encadré et valorisé en Principauté.
Traduire un document, un article, interpréter une conférence… Avec une société aussi cosmopolite que Monaco, où se mêlent chaque jour près de 140 nationalités, la traduction (écrite) et l’interprétariat (oral) sont plus que nécessaires en Principauté. Et ce n’est pas Nicola Gentile, traducteur italien assermenté à la Cour d’Appel de Monaco, gérant et fondateur du groupe Studio Gentile à Monaco, Nice et Sophia Antipolis qui dira le contraire.
Mais aujourd’hui, il porte une deuxième casquette, et non des moindres : celle de trésorier de la Chambre monégasque des traducteurs et interprètes, fraîchement créée en octobre dernier, par Arrêté Ministériel.
Elle est aujourd’hui présidée par Liza Lovering, et compte Odile Quèré comme présidente honoraire (représentée par Céline Haond) et Laetitia Noyon Zwaans, comme Secrétaire Générale. Une création qui s’est révélée nécessaire, selon Nicola Gentile, à plus d’un titre.
Protéger la profession à tous les niveaux
« Cela faisait un moment qu’on y travaillait, confie Nicola. On remercie les autorités monégasques pour cette ouverture et pour l’encouragement et le soutien que nous avons reçu de certaines autorités gouvernementales. Cette Chambre vise à défendre nos intérêts, mettre en valeur nos compétences et mettre en relief notre expertise vis-à-vis des autorités, des particuliers et des entreprises. »
Parmi ces intérêts, par exemple, l’alignement des honoraires des prestations sur les barèmes des autres professionnels, plus facile à négocier lorsque la demande provient d’un groupe de professionnels, plutôt qu’à titre individuel. Car selon Nicola, « l’union fait la force » et les avantages obtenus lors de ces négociations pourront ensuite bénéficier à tout le monde.
Autre intérêt, tout aussi important : protéger la profession d’abus ou de concurrence déloyale, avec des traductions proposées à des tarifs extrêmement bas. « Je ne sais pas comment font certains traducteurs pour pratiquer des tarifs aussi bas ! Si vous faites une page de traduction, qui vous prend une à deux heures de travail, vous ne pouvez pas la facturer dix euros, autrement, quelle image est-ce que ça donne de notre profession ? » déplore Nicola.
LIRE AUSSI : Monaco Friends of Japan : « Le Japon intrigue autant qu’il attire »
Viser l’excellence
A long terme, selon le traducteur, le but de cette Chambre est également de tirer la qualité des traductions vers le haut. Car pour exercer cette profession, aucun diplôme n’est nécessaire, que ce soit en France ou à Monaco. Les traducteurs peuvent exercer leur profession librement.
Seuls les traducteurs assermentés font l’objet d’une reconnaissance officielle, auprès de la Cour d’Appel. Cela leur permet par la suite de traduire des documents officiels, comme les permis de conduire, actes d’état civil, testaments, dossiers juridiques, ou bien de servir d’interprète lors de gardes à vue, d’interrogatoires ou d’audiences.
Mais là encore, aucun diplôme requis ! Même si la sélection reste sévère, les traducteurs qui postulent ne doivent pas avoir suivi de formation particulière. Il n’existe d’ailleurs aucune école de traduction à Monaco. Pour se former au mieux, l’idéal est de s’orienter vers les masters ou écoles spécialisés en France ou en Europe.
Néanmoins, la Chambre monégasque s’adresse à tous les professionnels de la traduction, assermentés ou non, installés en Principauté. Aujourd’hui, pas moins de 34 langues sont représentées au sein de l’organisation : « il y a une demande importante à Monaco. L’anglais, l’italien, l’espagnol et le russe sont par exemple très demandés », précise Nicola Gentile.
LIRE AUSSI : En cours ou en autodidacte : comment apprendre les langues étrangères à Monaco ?
Et si ce dernier espère voir encore grandir le nombre de traducteurs et d’interprètes au sein de la Chambre, d’autres projets devraient très prochainement voir le jour, à commencer par la création d’un site internet. Des pistes pour mieux encadrer la profession, d’un point de vue réglementaire, sont aussi à l’étude.
« La Principauté est orientée vers l’excellence. Ça ne peut que nous pousser à encadrer notre profession. On ne peut pas laisser cette fonction très importante être suspendue… Le niveau des traducteurs en Principauté est élevé. Il faut que, petit à petit, cela soit mis en valeur et reconnu », confie Nicola Gentile.