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Dossier

Villa Carmelha : bâtiment modèle pour des logements plus durables

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© Direction de la Communication / Michael Alesi

Pour le deuxième article de notre dossier consacré au logement, nous nous sommes intéressés à la Villa Carmelha, en compagnie de Maud Le Strat, maître d’ouvrage sur ce projet éco-responsable.

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Maud Le Strat – DR

C’est un double défi auquel doit répondre le Gouvernement Princier : faire face à la pénurie de logements en Principauté, tout en tenant compte des enjeux climatiques et environnementaux qui caractérisent le monde dans lequel nous vivons.

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C’est donc dans cette optique que s’inscrit la future Villa Carmelha, partie intégrante du Plan National Logement adressé aux Monégasques. Maud Le Strat, conducteur d’opérations au sein de la Direction des Travaux Publics, est maître d’ouvrage sur le projet. Elle nous présente ce chantier pour le moins ambitieux et absolument novateur, qui proposera 25 appartements domaniaux, répartis sur une dizaine de niveaux.

« L’immeuble comportera quatorze T2, quatre T3 et sept T4, avec une loggia pour chaque logement », nous précise-t-elle.

Avec une livraison prévue au 3ème trimestre 2023, la Villa est un projet résolument novateur d’un point de vue environnemental, avec des exigences éco-responsables mises en place dès la phase de conception.

Des objectifs élevés à atteindre

Et au-delà de la préoccupation climatique, le but du projet est de faire de la Villa Carmelha un bâtiment démonstrateur pour le Gouvernement Princier. Un bâtiment qui pourrait servir d’exemple en matière de construction respectueuse de l’environnement.

Ici, « innovation » est le maître-mot, avec une structure généralisée en bois, y compris pour les cages d’ascenseur et l’escalier central. Seule la partie semi-enterrée – côté boulevard d’Italie – est en béton. Maud Le Strat nous assure que, naturellement, toutes les précautions ont été prises vis à vis de la sécurité incendie.

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© Direction de la Communication / Michael Alesi

En parallèle, les équipes ont travaillé sur une conception bioclimatique, pour limiter la consommation énergétique du futur bâtiment : « Quand le bâtiment sera livré, on vérifiera que les objectifs énergétiques soient tenus. Si des écarts sont constatés, on tâchera de comprendre pourquoi. C’est comme ça qu’on avance ! »

La phase conception a d’ores et déjà obtenu le niveau « Excellent » de la certification Habitat HQE (Haute Qualité Environnementale) et le niveau « Or » de la démarche BD2M (Bâtiments durables méditerranéens de Monaco).

Les équipes du projet espèrent désormais obtenir le niveau « E3 » de la démarche E+C-, c’est-à-dire une performance énergétique supérieure à l’empreinte environnementale, ainsi que le niveau « trois étoiles » du label monégasque Otimu, qui atteste d’une réduction des consommations d’énergie et d’une utilisation accrue d’énergies renouvelables.

LIRE AUSSI : TRANSITIONS. Entre économies et écologie, quelle est la meilleure source d’énergie à Monaco ?

Avant : Concevoir un bâtiment à faible consommation énergétique

Pour atteindre ces objectifs, et proposer un immeuble aussi peu consommateur d’énergie que possible, plusieurs solutions ont été trouvées. Certaines déjà utilisées par ailleurs, comme l’installation de panneaux solaires photovoltaïques et thermiques en toiture (pour assurer l’eau chaude et 25% des besoins électriques de l’immeuble), ainsi que le recours à la thalassothermie. D’autres, au contraire, sont des innovations majeures.

Et parmi elles, la pile à combustible, ou « Smart Energy Hub ». Un système de stockage inédit, qui permet de gérer les surplus d’électricité générés par les panneaux solaires. « Quand on aura un surplus d’électricité en provenance des panneaux photovoltaïques en toiture, ce qui peut arriver en journée et en période estivale, ce surplus pourra être stocké sous forme d’hydrogène, explique Maud Le Strat. L’hydrogène pourra ensuite se re-transformer en produisant de l’électricité, dès qu’on en aura besoin. C’est comme une grosse batterie. » Pour cet équipement, financé par le Fonds Vert de la Principauté, une maintenance renforcée est prévue pendant deux ans après la réception définitive, y compris la formation des entreprises locales assurant la maintenance.

Pendant : Limiter toutes les nuisances du chantier

Une fois réglée la question des besoins énergétiques des futurs logements, vient une nouvelle problématique : comment créer le chantier le moins polluant possible, d’un point de vue environnemental, visuel, mais aussi sonore ?

Au-delà de la classique charte de limitation des nuisances, la solution vient tout droit du Québec et elle porte un nom : Upbrella. « C’est une sorte de sarcophage glissant, qui permet de construire toute la superstructure en bois à l’abri des intempéries, nous explique Maud Le Strat. Il a été installé l’été dernier : les travaux se déroulent sous ce sarcophage, il n’y a donc pas de grue sur ce projet, c’est la première fois à Monaco. (…) Il joue aussi un rôle acoustique, en contenant les émissions sonores : on a ainsi réduit le niveau de bruit d’une vingtaine de décibels, ce qui est conséquent. C’est extrêmement intéressant vis-à-vis des riverains. »

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© Direction de la Communication / Michael Alesi

C’est la première fois que ce système est utilisé en Principauté. Si le bilan à la fin du chantier se révèle positif, la Direction des Travaux Publics n’exclut pas l’idée de le réutiliser sur de futurs projets. A ce stade, il semble que ce système soit performant pour des surélévations d’une hauteur significative.

Pour limiter encore plus l’impact des travaux sur les riverains, les équipes de la Villa Carmelha ont également recours à la préfabrication en usine, pour délocaliser les nuisances. Les composants de l’immeuble sont préfabriqués en amont et assemblés sur place.

Par ailleurs, la structure en bois nécessite moins d’eau que le béton, ce qui, là encore, limite l’impact environnemental : « l’aspect éco-responsable doit se traiter au départ. On ne peut pas rendre vertueux un chantier une fois que la conception est finie. On peut essayer de limiter la casse mais ce sera plus compliqué et moins efficace à l’arrivée », souligne Maud Le Strat.

Après : Accompagner les locataires dans un mode de vie éco-responsable

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Visuel du projet une fois achevé – © Cabinet d’architecte Bellecour/Viora

Dernière étape, et non des moindres : s’assurer de la pérennité du projet. « Dès le début, il faut envisager les choses sous l’angle de la vie du bâtiment, sur 30 ans à 50 ans, pas sur dix ans. C’est une vision assez lointaine, d’autant qu’avec le changement climatique on ne peut plus se permettre de construire sans réfléchir à cette vision sur le long terme. »

Dans cette optique d’inscrire le projet dans la durée, l’Etat a intégré la notion d’économie circulaire, grâce au prestataire Cycle Up : « Par le passé, on avait tendance à considérer que les déchets de la déconstruction n’avaient aucune utilité. Le but de l’économie circulaire est de trouver des preneurs ou de réemployer les déchets sur la même opération, ou sur d’autres opérations voisines. Par exemple, on a récupéré les tuiles de l’ancienne villa et économisé 28,7 kg d’équivalent de CO2/m². On va également transformer les briquettes de l’ancien trottoir, en béton désactivé pour la future zone dédiée aux vélos. »

Quant aux futurs locataires, ils recevront tous un livret, joint au bail, avec des recommandations pour mener au mieux les démarches éco-responsables dans leur logement, comme le tri des déchets ou la gestion des températures. Ils pourront même opter pour un scénario « absence » qui limitera automatiquement la consommation énergétique lorsqu’ils ne seront pas chez eux. Bien sûr, le Gouvernement répondra présent et proposera un accompagnement au cours des deux premières années suivant la livraison (démarche BD2M et commissionnement, pour la vérification performances des installations techniques et des consommations du bâtiment).

Ce projet aussi ambitieux que novateur pourrait ouvrir la voie à de nouvelles constructions qui s’inscriront dans une démarche environnementale plus durable. Et même si Maud Le Strat confirme que « Carmelha est un immeuble ayant un caractère particulier de démonstrateur, de par le choix des matériaux, le mode constructif et le mix énergétique », elle rappelle également que « toutes les opérations de l’Etat sont engagées dans une démarche environnementale et éco-responsable, avec, en particulier, le label BD2M niveau « Argent. » »

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