Jeux de l’Amitié (Peace and Sport) : Le journal de bord de Marlène Harnois en Colombie
Pendant trois jours, un club social de la banlieue de Bogota, Cop Colombia International, a organisé la seconde édition des Jeux de l’Amitié destinée à promouvoir les valeurs de paix et d’inclusion sociale à travers le sport, et en particulier le football.
Une initiative bien connue de l’organisation internationale monégasque Peace and Sport, qui, grâce à des Jeux de l’Amitié, a contribué à rapprocher des ethnies divisées par le conflit dans la région des Grands Lacs. Un récit livré par Marlene Harnois, représentante des Champions de la Paix, un collectif d’athlètes engagés auprès de Peace and Sport.
JOUR 1 : Arrivée à Bogota et première rencontre avec les enfants
19h30. Honey Thaljieh, Eliaquim Mangala et moi-même arrivons à Bogota. Le temps est pluvieux et nous espérons que le soleil sera au rendez-vous demain pour les activités. Nous montons dans le bus qui nous amènera vers l’hôtel Tequendama pour une nuit de sommeil bien méritée.
Au petit matin, nous traversons Bogota vers le Sud, vers Usme. Longtemps restée un corridor stratégique de la guerre entre les groupes insurgés et le Gouvernement colombien, environ 250.000 personnes résident dans des maisons faites de bric et de broc, bien loin du centre de Bogota. Le contraste entre la partie Nord de la ville, plus aisée, et la partie Sud, défavorisée, est frappant.
Au fil de mes échanges avec les fondateurs et les coachs de Cop Colombia, il est clair que la Colombie reste un pays meurtri par la guerre et marqué par les inégalités, en dépit de la signature d’un accord de paix historique en 2016 entre la plus grande guérilla du pays, les FARC-EP, et le Gouvernement colombien. Malgré cet état de fait, ses habitants semblent faire preuve d’une résilience hors norme et ils n’ont de cesse d’œuvrer pour un avenir meilleur.
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Des scènes de liesse suivent notre arrivée au Stade « La Aurora » à Usme. Plus d’une centaine d’enfants nous accueillent chaleureusement sur le terrain de jeu. En tant que figures médiatiques, nous avons conscience de l’impact que nous pouvons avoir auprès de ces enfants et adolescents.
Notre présence en elle-même est déjà porteuse d’un message d’espoir pour la jeunesse d’Usme. Elle signifie que, malgré le déterminisme social et le manque d’opportunités, ils peuvent se permettre de croire en leurs rêves. Elle signifie que le sport peut contribuer à les atteindre.
Alors que le soleil est au Zénith, et après des heures de rires et d’activités sportives, nous nous dirigeons vers l’Auditorium pour une table ronde sur le thème du sport comme instrument pour la transformation sociale et pour la projection du documentaire « Usme : les terrains de la paix ».
Un moment extrêmement émouvant pour les fondateurs de Cop Colombia et les coachs, qui voient le travail de toute une vie bénéficier de la reconnaissance des autorités locales et de représentants internationaux.
Pour longtemps, la première journée d’activités à Usme marquera nos esprits et ceux de tous les habitants d’Usme. Cette rencontre témoigne de l’impact fédérateur du sport et du rôle qu’il peut jouer dans l’établissement d’une paix durable.
JOUR 2 : Échanges et matchs de football dans la campagne de Bogota
Aujourd’hui, les Jeux de l’Amitié ont eu lieu dans une communauté rurale de Bogota. Pendant le trajet de plus d’une heure et demie en minibus, je vois progressivement le paysage se transformer. Les immeubles et les maisons en brique de la capitale aux 8 millions d’habitants s’éloignent, et désormais nous sommes entourés de pâturages verts. Nous entrons en terres d’agriculteurs où on peut même y apercevoir des Alpagas.
Arrivés dans la communauté de « El Tesoro », nous sommes acceullis chaleureusement par les habitants locaux. Une vaste étendue de gazon en plateau sert de stade aux jeunes de la commune. Une jument et son poulain se baladent avec insouciance au milieu du terrain, délimité à chaque extrémité par deux cages.
Les enfants nous attendent avec un énorme sourire et les yeux pétillants, accompagnés de leurs parents tout aussi enthousiastes. Ils sont déjà en petits groupes, répartis par âge, en train d’effectuer les activités sportives développés par la méthodologie Peace and Sport x MyCoach.
Bien que très impatients de pouvoir jouer avec nous, ils forment un cercle et écoutent attentivement les histoires de vie de chacun des Champions de la Paix et applaudissent nos victoires.
Honey raconte comment elle a commencé à jouer au football avec des garçons dans les rues de Bethléem, dans un contexte où les filles étaient exclues de la pratique sportive avant de créer la première équipe féminine de football en Palestine.
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Ils sont éblouis par les exploits d’Eliaquim tant sous les couleurs tricolores qu’en Champion’s League, et se passionnent également pour les arts martiaux.
Après avoir évoqué nos parcours et notre passion pour le sport, nous leur demandons quels sont leurs rêves, et les encourageons afin qu’ils se réalisent.
La conversation est suivie d’une démonstration de tirs au but. Les enfants du programme, devenus gardiens de but, sont mis au défi et font preuve d’une concentration extrême pour arrêter le ballon. La foule retient son souffle puis s’exclame après chaque tir.
Ils nous témoignent leur reconnaissance d’être allé à leur rencontre car il s’agit d’une opportunité unique pour les résidents de ces communautés agricoles éloignées des centres urbains de rencontrer des athlètes internationaux.
Nous espérons leur avoir donné du baume au cœur et transmis un message d’espoir et de solidarité, en dépit des difficultés qu’ils doivent affronter au quotidien.