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Interview

Ghizlan El Glaoui : la peintre qui met les femmes en lumière

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L’artiste marocaine est venue exposer son travail en Principauté, pour la toute première fois. Rencontre.

En vous promenant du côté de Saint-Tropez, peut-être apercevrez-vous, flottant au loin, le portrait de Brigitte Bardot, peint sur la toile d’un navire. Ce portrait, à nul autre pareil, a été réalisé par l’artiste marocaine Ghizlan El Glaoui. Venue présenter pour la première fois le fruit de son travail en Principauté le 11 octobre dernier, la peintre en a profité pour nous inviter à découvrir son univers atypique.

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© Monaco Tribune

Car deux choses caractérisent Ghizlan El Glaoui : tout d’abord, son envie de peindre des portraits de femmes. Mais pas n’importe lesquelles : celles qui ont dû évoluer dans un univers masculin, bousculant ainsi l’ordre établi.

« Je choisis des modèles qui ont mon respect parce qu’elles ont réussi à percer dans un monde d’hommes. Les femmes ont un pouvoir de séduction, un charme… Au Maroc, on nous apprenait qu’une femme devait être une bonne épouse et une bonne mère. Là-bas, on n’est pas non plus censés peindre des visages, car on considère que l’on vole l’âme du sujet », explique l’artiste.

N’en restant pas moins fidèle à ses convictions, et surtout, à sa passion, l’artiste a bravé l’interdiction, non seulement en ne se cantonnant pas au rôle de femme d’intérieur, mais aussi en peignant des visages.

Et parmi les œuvres présentées au sein du restaurant La Môme, le 11 octobre : le portrait d’une célèbre actrice devenue Princesse. Vous l’aurez compris, c’est à Grace Kelly que Ghizlan El Glaoui a rendu hommage pour sa venue à Monaco.

« La Princesse Grace a un parcours extraordinaire. Je viens aussi de peindre un tableau de la Reine Elizabeth II… J’aime peindre les femmes qui ont un caractère, une force, ce qui a pu être assez rare à certaines périodes. Je n’ai pas d’époque de prédilection, je peux enchaîner une femme du Moyen-Âge et une star d’Hollywood », raconte-t-elle avant d’ajouter :

« La Princesse Grace est l’une de mes muses principales. En tant que petite-fille du dernier Pacha du Maroc, j’ai grandi avec la royauté marocaine. La Princesse Grace était d’abord une reine d’Hollywood, elle est ensuite devenue Princesse de Monaco. Elle est un exemple mondial pour toutes les princesses du monde : elle s’est servie de sa renommée, de son pouvoir, pour aider les plus défavorisés. J’ai eu la chance de rencontrer le Prince Albert II, dans la suite Grace Kelly de l’Hôtel de Paris. Je lui ai dit que j’avais peint le portrait de sa mère, que je voulais le lui offrir et qu’il l’installe au Palais. Il était d’accord. »

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De l’art en mer

Mais l’originalité de la peintre ne réside pas uniquement dans les sujets qu’elle choisit. Le support lui-même suscite l’admiration, car c’est sur des voiles de bateau que Ghizlan El Glaoui a décidé d’exprimer son art, en utilisant la peinture à l’huile sur une voile posée à l’envers.

« Je voulais développer mon art sur les bateaux, et quel plus beau port que Monaco pour exposer mon travail ? (…) La toile est le plus grand canevas du monde, la mer est vierge d’art. Un bateau, c’est très personnel, mais malheureusement ils se ressemblent tous. Ça permet de personnaliser. La nature fait vivre l’art », précise-t-elle.

Par cette technique unique en son genre, Ghizlan El Glaoui cherche à mettre les femmes en lumière… dans tous les sens du terme. Jouant sur les nuances des couleurs, pour offrir une toile unique selon la luminosité, la peintre a également mis en place un système d’éclairage – à basse consommation – pour ses toiles : « le visage doit changer selon vos humeurs, selon la lumière…. Je voulais que le portrait ne lasse pas. Avec le soleil, les visages sont réalistes, le soir, ils sont plus abstraits… »

Effectivement, les toiles de Ghizlan El Glaoui captivent, avec leurs couleurs vives et brillantes. Et quand l’on connaît l’histoire et le long parcours qui se cachent derrière les œuvres, l’on en est que plus admiratifs. Car grandir dans une famille de la royauté marocaine, avec un père peintre et reconnu pour son art n’a pas toujours été facile pour la jeune femme. Pourtant, rien n’aurait pu la dissuader d’embrasser à son tour une carrière artistique :

« Je savais que j’étais une artiste depuis toujours. J’aimais la peinture, le piano… Je savais que je ne serais pas une grande mathématicienne, même si mes tableaux obéissent à des règles mathématiques. J’aime ma liberté, ma liberté de peindre. Ce n’est pas ce que l’on m’avait appris au Maroc. Après, je ne conseillerais à personne de suivre le même métier que son père, car il faudrait avoir la liberté d’être aussi talentueux. C’était compliqué de se battre parce que j’étais la fille d’un artiste homme. J’ai dû encore plus faire mes preuves, montrer que ce n’était pas qu’un hobby. »

Et l’artiste l’a prouvé. Aujourd’hui, Ghizlan El Glaoui ne cesse d’allonger sa liste de femmes à peindre. Avec un seul but : « les faire briller, pour qu’on ne les oublie pas. »