Sécurité sociale, seniors, Covid… 7 questions santé majeures à Monaco
Le Conseiller de Gouvernement-Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Christophe Robino, a organisé un point presse ce jeudi 3 novembre.
Chantiers en cours, grands projets, défis à relever… Ce jeudi 3 novembre, Christophe Robino, Conseiller de Gouvernement-Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, a réuni les journalistes de la Principauté pour faire un point presse où de nombreuses questions ont pu être évoquées. Monaco Tribune fait le point.
1. La convention de sécurité sociale entre la France et Monaco va-t-elle être révisée ?
C’est un point qui a suscité de nombreuses interrogations, y compris dans la classe politique. La Principauté et l’Hexagone se sont en effet entretenus au cours d’une Commission mixte les 10 et 11 octobre derniers, pour aborder la question.
Rappelant qu’environ 70% des patients du CHPG sont des ressortissants assurés à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), dont 99% venant des Alpes-Maritimes, Christophe Robino a tenu à rassurer les usagers, face aux récentes inquiétudes :
« Je suis pour ma part assez optimiste : les discussions que nous avons pu avoir avec les pouvoirs publics français nous ont permis de faire valoir les conséquences de la révision de cette convention. Je ne crois pas qu’aujourd’hui, il soit envisagé de revenir sur la possibilité, pour les résidents du 06, d’accéder librement aux structures de santé monégasques, ce qui est une très bonne nouvelle et qui témoigne de la préoccupation de Monaco de ne pas se limiter aux seuls résidents, mais d’avoir cette politique de coopération avec le département. »
Christophe Robino a d’ailleurs détaillé les contours de cette collaboration entre les Alpes-Maritimes et la Principauté :
« Je suis tout à fait favorable à ce qu’on puisse construire un projet régional, ensemble et pour tous, concernant le développement des offres de soin à Monaco et dans le 06. Il y a la nécessité que l’on se coordonne sur ce que l’on fait à Monaco et en France, en particulier dans les Alpes-Maritimes. Nous sommes complémentaires : par exemple, nous sommes régulièrement sollicités pour prendre en charge des patients en oncologie et en radiothérapie, là où les instances françaises ont du mal à prendre en charge dans un délai raisonnable. (…) Dans l’autre sens, nous profitons des structures neurovasculaires du 06. »
2. Où en est l’épidémie de bronchiolite au CHPG ?
En complément du point précédent, Christophe Robino a abordé la récente épidémie de bronchiolite, qui a conduit le CHPG à accueillir en urgence des enfants des hôpitaux azuréens, dont l’hôpital Lenval, en incapacité de faire face à la recrudescence des cas.
« Au CHPG, la bronchiolite fait l’objet d’une attention particulière, le service de pédiatrie est particulièrement sollicité. On a été amenés à accueillir beaucoup de patients réorientés sur le CHPG par Lenval. Ce sont toujours des situations auxquelles nous sommes très attentifs. En France, cela génère beaucoup d’inquiétudes, mais je pense qu’aujourd’hui, les efforts qui ont toujours été développés par le Gouvernement par rapport à l’hôpital portent leurs fruits. On n’est pas dans la même situation en termes de pénurie de personnel, de pénurie de moyens… On ne peut vraiment pas comparer ce que l’on a avec ce qu’il se passe dans certaines régions de France. Il faut savoir que, dans certains établissements, jusqu’à 30% des lits sont fermés par manque de personnel. A Monaco, aucun lit n’est fermé. L’attention portée à l’établissement public a toujours été très importante et aujourd’hui, on en mesure l’importance », explique-t-il.
3. Des pistes sont-elles envisagées pour soutenir la médecine de ville ?
Ne voulant pas uniquement se concentrer sur le Centre Hospitalier Princesse Grace, Christophe Robino a également évoqué un sujet qui lui tient à cœur, et pour cause : dès sa prise de fonction, le Conseiller de Gouvernement-Ministre a initié deux mesures : autoriser les praticiens installés à avoir deux associés, contre un auparavant, et leur permettre de se faire remplacer (notamment pour les vacances) par des médecins récemment retraités qui sont encore en capacité de travailler.
« Pendant un certain nombre d’années, la politique a été de regrouper l’offre de soins sur la structure hospitalière et je considère, à titre personnel, que c’est une erreur. Aujourd’hui, le délai ou la possibilité d’avoir un rendez-vous avec certains spécialistes est extrêmement long, voire impossible. Je pense particulièrement aux pédiatres ou aux gynécologues. Malheureusement, beaucoup de médecins ne prennent plus de nouveaux patients », regrette le Conseiller de Gouvernement-Ministre.
Pour redynamiser la médecine de ville, et faciliter l’installation de nouveaux praticiens, Christophe Robino a évoqué la possible création de structures spécifiques, similaires aux maisons médicales françaises : « nous devons trouver une solution pour que des médecins puissent s’installer en ayant des loyers raisonnables, assumables, pour ce que ne soit pas un motif de refus d’installation en Principauté. Nous allons travailler main dans la main avec le Conseil de l’Ordre des Médecins, pour que l’on puisse trouver et cibler les spécialités qui sont en difficulté. »
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4. Quand ouvrira l’hôpital pédopsychiatrique de Beausoleil ?
Autre point très important pour Christophe Robino : l’ouverture prochaine de l’hôpital de jour en pédopsychiatrie dans la commune limitrophe de Beausoleil. « Le Gouvernement monégasque ne tâcle pas les autorités françaises, mais c’est un état de fait : les négociations en cours pour l’ouverture portent essentiellement sur les accords administratifs et certaines lenteurs font que nous n’avons pas pu conclure cet accord. J’ai néanmoins bon espoir qu’il soit conclu d’ici la fin de l’année et que l’ouverture de cet hôpital puisse avoir lieu en janvier », explique-t-il.
Cette structure, financée à moitié par Monaco, doit permettre l’accueil de 35 jeunes en difficulté, dont 50% seront résidents ou scolarisés en Principauté.
5. Allocation aux Adultes Handicapés, nouveaux foyers… Quels sont les projets pour les personnes en situation de handicap ?
Au cours du point presse, le Conseiller de Gouvernement a longuement abordé les différentes avancées pour accompagner les personnes en situation de handicap.
Première annonce, et non des moindres : un arrêté ministériel doit être publié très prochainement pour permettre la déconjugalisation de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) : « le sujet avait déjà été évoqué il y a un an. Il fallait réfléchir à une façon de la mettre en application sans défavoriser un certain nombre de couples dont l’un des membres percevait cette allocation. Nous avons donc mis en place différents dispositifs qui permettent de ne pas défavoriser ceux qui bénéficient d’une allocation couple, par rapport à l’allocation individuelle, qui sera attribuée en fonction des revenus à chaque bénéficiaire. »
Autre projet d’envergure : la construction d’un foyer de vie, en collaboration avec l’Amapei, dans le cadre du chantier Grand Ida, qui permettra la création de neuf chambres de vie, qui devrait voir le jour au cours du deuxième semestre 2024. « Nous attendons également l’autorisation de construire pour un autre projet, le foyer du Devens, qui viendra se substituer à celui de Cap d’Ail, qui est vieillissant, et qui permettra d’accueillir 19 résidents. Ce sont deux projets majeurs, qui permettent la prise en charge des personnes handicapées qui nécessitent un accompagnement plus permanent que certaines personnes qui peuvent vivre de façon autonome », précise Christophe Robino.
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6. Qu’en est-il de la prise en charge des aînés ?
Sur la table également, la prise en charge des personnes âgées et, surtout, la recherche de solutions pour construire de nouveaux EHPAD.
« L’étude sur la dépendance, réactualisée en 2018, a mis en évidence un besoin croissant de structures pour personnes âgées dépendantes, et notamment de structures lourdes. On aura besoin de 360 lits d’ici 2040, il est donc important que l’on puisse créer une nouvelle structure à Monaco d’ici 2025, au plus tard 2030. Nous mettons également en place des gardes itinérantes : des auxiliaires de vie et aide-soignants auront pour mission de se rendre à domicile la nuit chez les patients qui resteront à domicile, afin de s’assurer, une à deux fois par nuit, qu’il n’y a pas de souci particulier, ce qui permettra le maintien à domicile d’un certain nombre de personnes.
Nous réfléchissons aussi à la création de structures intermédiaires, comme la Villa Speranza. Ces structures permettraient d’accueillir les patients sur une ou deux journées dans la semaine et de faire un bilan de risques (dénutrition, chutes, dépistage de maladies…). Enfin, nous devons continuer de travailler sur la communication entre l’hôpital et la ville. Souvent, les personnes âgées hospitalisées après une pathologie aigüe, lorsqu’elles rentrent chez elles, sont dans une période un peu à risque. S’il y a une faille entre la sortie de l’hôpital et le retour à domicile, si le relai n’a pas été bien fait, la personne doit généralement retourner à l’hôpital. »
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7. Covid, vaccination, personnel suspendu du CHPG : où en est-on ?
Interrogé sur les vaccins proposés pour lutter contre le Covid, Christophe Robino s’est dit très favorable au sérum efficace contre les variants Omicron BA.4 et BA.5.
« Je n’en pense que du bien, sourit-il. Je crois qu’on a maintenant un certain recul sur ce type de vaccins : le million de personnes vaccinées dans le monde témoigne d’un bénéfice-risque qui est très largement acceptable. (…) Avant la vaccination, le taux de mortalité dans les EHPAD était effroyable. Même si le virus était moins virulent, la vaccination a permis une réduction spectaculaire de la mortalité dans ces établissements. Le vaccin n’empêche pas la contagion, mais la réduit de façon absolue. (…) Le nouveau vaccin a un intérêt : il s’est adapté aux derniers variants, et en particulier Omicron. »
Christophe Robino encourage par ailleurs les personnes de plus de 65 ans ou atteintes de comorbidités à faire le rappel.
Pour ce qui concerne le personnel du CHPG non-vacciné suspendu, le Conseiller de Gouvernement-Ministre a également apporté quelques éléments de réponses concernant une prochaine réintégration : « tant que les mesures exceptionnelles perdurent, l’obligation [vaccinale] se maintient. A l’issue des 18 mois prévus, donc en mai/juin 2024, on réexaminera si on doit maintenir cette obligation vaccinale ou pas, sauf si l’arrêté ministériel est abrogé d’ici là. Il faut savoir que tous les soignants non-vaccinés ne sont pas suspendus : ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner ont été suspendus, ceux qui ne pouvaient pas pour cause de contre-indications travaillent toujours, avec des mesures de précautions plus importantes. Seuls 2% du personnel du CHPG ont été suspendus. »
Christophe Robino a par ailleurs ajouté que les travaux de terrassement du chantier de l’hôpital sont à présent terminés. La fin des opérations serait donc prévue pour 2032.