Navires de croisière, parasols chauffants, passerelle piétonne… Les propositions d’Ecopolis Monaco
Si l’association s’oppose à quelques projets qu’elle juge nocifs pour la planète, elle est aussi force de proposition auprès des autorités monégasques pour faire de Monaco un exemple en matière d’environnement.
Les débuts de l’association Ecopolis Monaco, créée en 1998, ont été marqués par l’opposition à la construction d’un zoo marin sur le Rocher, sorte de Marineland dénommé « Promenade Méditerranée », qui prévoyait une privatisation de l’espace public aux alentours du Musée océanographique.
L’actuelle Présidente, Evelyne Schick Tonelli, ne faisait pas partie du projet à l’époque, mais se souvient : « Il devait y avoir des dauphins et des phoques dans des bassins. Ce fut une très grosse bataille, et les membres de l’association sont remontés jusqu’au Prince. Grâce à l’intervention du Souverain, le projet a été stoppé. »
Une passerelle en suspens
Et Evelyne Schick Tonelli et son équipe ne manquent pas d’idées pour que Monaco continue de développer ses pratiques écoresponsables. Sur le feu : le projet de passerelle au pied du Fairmont, qui inciterait la population à aller à pied d’un endroit à un autre. « Les personnes autour de nous trouvent l’idée formidable de relier le Port Hercule au Larvotto. Le projet pourrait être financé grâce au mécénat, à l’image des bancs de Central Park à New York. Un mètre appartiendrait par exemple à une société ou une personne… J’en connais beaucoup en Principauté qui seraient ravis de participer. »
L’idée de cette passerelle est de transformer le trottoir du tunnel du Boulevard Louis II en piste cyclable et de créer du côté de la mer une promenade piétonne de 275 mètres suspendue à 7 mètres au dessus du niveau de l’eau. Pour le moment, le Gouvernement ne s’est pas encore prononcé.
Autre projet dans un coin de la tête des bénévoles : celui du verdissement de la rue Grimaldi. « D’après les capteurs de l’air, c’est la rue la plus polluée de Monaco, explique la Présidente. L’idée serait donc de supprimer les places de stationnement pour des trottoirs plus larges, des arbres et une voie réservée aux bus, comme c’est le cas rue Cassini à Nice. »
Mais ce dont l’écologiste est la plus satisfaite, c’est de loin les ateliers de sensibilisation pour le grand public. Sur le thème du gaspillage alimentaire, par exemple, sur la réalisation des produits d’entretien ou sur un Noël responsable. Pour aller plus loin, l’équipe d’Ecopolis réfléchit à faire renaître la Monacology, stoppée par le Covid-19.
Cette semaine réservée à la sensibilisation à l’environnement des enfants mobilisait chaque année les acteurs de la Principauté, tels que la SMA ou la SMEG, pour transmettre les bons messages pour la planète. « Nous aimerions reprendre ce concept. L’idée serait de faire un Monacolgy avec les enfants et leurs parents, l’idéal au mois de juin et dès 2023 », espère la Présidente.
« Pour une cité durable »
L’association environnementale dont le slogan est « Pour une cité durable », souhaite travailler également sur les navires de croisière. « Nous avons écrit au Ministre d’État. On nous a répondu que les bateaux utilisaient un carburant plus respectueux de l’environnement, mais nous voudrions quand même que Monaco refuse les grands navires de croisière. La taille maximale autorisée a été réduite mais pas encore assez. Ces bateaux ont-ils vraiment un intérêt pour la Principauté ? Je n’en suis pas certaine. Nice les interdit, pourquoi pas nous ? », interroge celle qui a cofondé Radio Ethic.
Pour ce qui concerne le transport au sein de la Principauté, la Présidente de l’association pense qu’il reste des pistes à explorer, au-delà de la gratuité des bus, dont le test de trois mois vient de prendre fin : « Je pense qu’à Monaco, l’argent n’est pas vraiment un moteur pour faire changer les comportements. En revanche, si l’on créait de grands parkings à l’extérieur de la Principauté et des voies dédiées aux bus pour qu’ils circulent plus vite, cela serait sûrement plus efficace. Aussi, pourquoi ne pas instaurer une journée sans voitures ? »
Les bénévoles espèrent aussi trouver une alternative aux parasols chauffants, qu’on a vu pousser comme des champignons sur les terrasses des restaurants ces dernières années : « aujourd’hui, le Gouvernement recommande de ne pas les utiliser, mais il serait peut-être plus judicieux de légiférer sur le sujet. » La Présidente le concède : Monaco en fait déjà beaucoup pour l’environnement, mais elle estime qu’il est possible de faire plus, notamment au niveau du tri, en impliquant davantage la population.
Finalement interrogée sur les constructions à Monaco, Evelyne Schick Tonelli est formelle : « On ne se bat pas contre les constructions. Monaco est une Principauté bâtisseuse. Il faut bien loger les gens quelque part, que ce soit en hauteur ou en largeur en s’étendant sur la mer. En revanche, nous avons un œil sur la qualité des bâtiments et leur impact environnemental. Aujourd’hui il y a des normes, et il semblerait que Monaco les met en place petit à petit. »
Comment rejoindre l’association ?
Les prochains ateliers auront lieu pendant Monacollecte sur le quai Albert 1er, les 3 et 4 mars. « Nous avons notamment prévu un atelier sur le goûter 0 déchets pour les enfants », à découvrir en famille ! Et si l’association compte une vingtaine de membres, dont Jessica Sbaraglia – connue pour faire pousser des fruits et légumes sur les toits de la Principauté – les nouveaux adhérents sont toujours les bienvenus.
« Il y a beaucoup de personnes en retraite ou pré-retraite, des actifs qui travaillent dans les institutions de la Principauté publiques ou privées, et arrivent aujourd’hui des personnes beaucoup plus jeunes, qui sont tout à fait moteur. La nouvelle génération a des idées pour faire bouger les choses et pas seulement pour critiquer », se réjouit Evelyne Schick Tonelli.