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Récit

Prison avec sursis pour trois jeunes qui se sont battus à Monaco

Controles-police.-
En cas de transgression du Code de la route, l’immobilisation immédiate du véhicule sera étendue à une durée de 120 heures, pendant le Grand Prix et le salon Top Marques. © Direction de la Communication

Une caméra de vidéosurveillance a enregistré toute la scène, qui a duré neuf minutes.

Ils auront passé leur nouvel an au poste. Valentin et Raphaël* comparaissaient ce mardi 3 janvier pour une affaire de violence devant le Tribunal de Monaco. Arrivés menottés et escortés de policiers, ils faisaient face à Quentin* qui, lui, a comparu librement. Mais le Tribunal a passé près de deux heures à démêler cette histoire.

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Nous sommes le 30 décembre. Valentin, influenceur, mannequin et étudiant monégasque, et Raphaël, basketteur et animateur auprès de jeunes enfants, passent la soirée en boîte de nuit à Monaco. Amis depuis plusieurs années, ils s’amusent en compagnie de leur groupe. C’est au sein de la boîte qu’ils tombent sur une autre bande, dont Quentin, mannequin, fait partie. Que s’est-il passé dans l’établissement de nuit pour que, quelques heures plus tard, des caméras de vidéosurveillance extérieures filment une scène de bagarre de neuf minutes ? Mystère.

En revoyant les images, diffusées pendant l’audience, les trois jeunes peinent à se souvenir de ce qui a déclenché la rixe. On y voit Valentin, poussant un ami de Quentin dans des escaliers. « J’ai entendu des choses qui ne me plaisaient pas, alors je l’ai poussé pour qu’il arrête. » « Quelles choses ? », interroge le Président du Tribunal. Aucun souvenir. Car le taux d’alcool du jeune homme a été évalué à 0,92 mg/litre d’air expiré. Raphaël présentait un taux de 0,89 mg, et Quentin – testé plus tard en raison de ses blessures – de 0,58.

Pour les trois garçons, impossible de se rappeler l’origine de la bagarre. Le Président du Tribunal fait état d’une insulte, « sale Chinois », qui aurait été prononcée par Valentin et Raphaël à l’encontre de Quentin, qui est typé asiatique. Mais les deux accusés nient fermement et Quentin lui-même reconnait n’avoir rien entendu de tel, mais avoir voulu protéger son ami. Les images continuent de défiler à l’écran. Les coups pleuvent des deux côtés, malgré les tentatives des autres jeunes pour les séparer.

Prison ferme requise

« Avez-vous envisagé d’appeler la police ? » demande le Président à Quentin, en le voyant quitter les lieux puis revenir pour en découdre à nouveau. Le jeune mannequin avoue y avoir pensé, mais avoir laissé sa colère et son ego prendre le dessus. Après neuf minutes de bagarre, la police finit par arriver sur les lieux, arrêtant Valentin et Raphaël, et conduisant Quentin au CHPG.

Légèrement blessé au visage et au dos, ce qui lui a occasionné cinq jours d’ITT, le jeune homme s’est constitué partie civile, pour demander des dommages et intérêts à ses deux adversaires. De même, Valentin s’est aussi constitué partie civile contre Quentin.

Et pour le Procureur, les trois garçons sont en tort. « La vidéo permet à chacun ici de se rendre compte de la violence de ce qu’il s’est passé. En neuf minutes, les conséquences auraient pu être bien plus graves. (…) Vous avez tous eu de la chance, combien de temps cela aurait pu durer sans l’intervention de la police ? C’est inadmissible, rien ne justifie des violences de ce type-là. »

La magistrate a donc requis quatre mois de prison ferme pour Valentin et Raphaël et deux mois pour Quentin. Des réquisitions qui ont fait bondir les avocats des trois garçons.

« Ce ne sont pas des bandits de grand chemin »

« Ce ne sont pas des voyous ! – s’insurge Me Carrasco, qui défend Raphaël. Pour se battre dans la rue, il faut être courageux. C’est une question d’hommes durs, pas de voyous. C’est une honte, on invente une catastrophe, on dit n’importe quoi. Ça ne vaut même pas huit jours avec sursis », poursuit l’avocat, en rappelant que la vidéo montre un quatrième jeune homme, bien plus violent, mais qui n’a pas été interpelé. « S’il y en avait eu un à condamner, ce serait lui », s’agace-t-il.

Même constat pour Me Brezzo, qui défend Valentin en faisant part de son « sentiment d’injustice. C’est un combat, une bagarre, ça arrive et plus souvent qu’on ne le pense ! Il y a eu le traitement de la « victime » d’un côté, et celui des prévenus de l’autre. Le premier, on l’a conduit au CHPG et on l’a fait souffler bien après les deux autres. (…) Tout le monde aurait pu se retrouver dans le box des accusés. Ce n’est pas de l’acharnement que je vois sur cette vidéo, c’est de la confusion. (…) Je ne fais pas le procès de la justice, mais j’ai un sentiment d’injustice. Ils ont dérapé, je pourrais comprendre du sursis, mais ils ont déjà eu 40 heures de garde à vue et quatre jours de détention. La leçon est plus que comprise. »

Me Cheynut, pour sa part, plaide la relaxe pure et simple de Quentin. « Ce ne sont pas des bandits de grand chemin. Mon client ne doit être considéré que comme victime. Il s’est défendu, oui. Encore heureux que le Code pénal lui permette de se défendre. Sinon, cela voudrait dire qu’une victime ne devrait être que lynchée et encaisser les coups sans réagir. Mon client est mannequin. En janvier, c’est le début des grands défilés, avec notamment la Fashion Week. Mon client était pressenti pour y participer. Sa carrière est peut-être terminée », insiste l’avocat, qui réclame 8 000 euros de dommages et intérêts, en raison du préjudice physique, esthétique et matériel, le t-shirt de Quentin ayant été déchiré.

Les trois garçons ont tout de même présenté leurs excuses, témoignant leurs regrets d’en être arrivés là. Après délibération, le Tribunal a reconnu les trois prévenus coupables des faits qui leur ont été reprochés. Valentin et Raphaël ont écopé de deux mois de prison avec sursis et de 1 000 euros de dommages et intérêts à verser à Quentin. Ce dernier a été condamné à 15 jours de prison avec sursis et à verser un euro symbolique de dommages et intérêts à la partie adverse.


Prénoms modifiés*