Interview

Olivier Wenden : « En matière d’environnement, il faut rester optimiste »

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© Direction de la Communication / Michael Alesi

Le vice-président et administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II est revenu sur son parcours, ses réussites et objectifs pour l’année 2023.

Avec son agenda bien rempli, difficile de trouver un créneau pour rencontrer Olivier Wenden. C’est finalement un soir de janvier qu’il nous reçoit au siège de la Fondation – une sublime maison Belle Époque située Boulevard de Suisse – dont le rôle est, depuis sa création en 2006, de lutter contre le changement climatique.

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Autour d’une table ronde, c’est d’abord avec grande modestie qu’il revient sur son parcours prestigieux. En ayant grandi en Principauté, Olivier Wenden a été scolarisé au Lycée Albert Ier avant de s’installer à Paris, puis à Bordeaux pour ses études en Sciences Politiques. Il a complété son parcours par un Master à la Sorbonne en commerce international, en parallèle de Summer camps aux États-Unis.

Le désir de servir Monaco

« J’ai su très tôt que je voulais travailler dans la diplomatie pour servir Monaco. Et en terminant mes études à Paris en 2003, je me suis heurté à une réalité qui m’a déstabilisé. En tant que Monégasque, trouver un emploi dans la capitale ne s’est pas révélé si simple, car il y avait encore certains préjugés sur le fait qu’on n’avait pas forcément besoin de travailler », se souvient Olivier Wenden qui, peu de temps après, a saisi l’opportunité d’intégrer le Grimaldi Forum. Le trentenaire retient de cette expérience « deux années absolument incroyables » durant lesquelles il commercialisait les grandes expositions d’été.

Après avoir été porteur de projets pour développer sa propre société pendant un an, Olivier Wenden rejoint les équipes de Stéphane Valeri au Conseil national. « Grâce à mon niveau d’anglais et mon ouverture internationale notamment, j’ai pu rapidement être chargé des relations internationales en plus du service communication. » Une mission qui a duré cinq ans et à laquelle il a mis un terme pour intégrer le Département des Relations Extérieures et de la Coopération du Gouvernement Princier.

Un coup de téléphone a tout changé

Un an plus tard, Olivier Wenden reçoit un appel de la Fondation Prince Albert II. Une nouvelle fonction vient d’être créée : celle de directeur exécutif, qu’il va occuper de 2014 à 2019. « C’était une occasion assez incroyable, j’avais 33 ans, et il y avait beaucoup de défis à surmonter. Et puis, travailler pour le Souverain reste un beau challenge. »

Un challenge relevé haut la main puisque depuis octobre 2019, Olivier Wenden a été promu vice-président et administrateur délégué de la fondation. Ses missions ? « Mettre en œuvre la stratégie approuvée par le conseil d’administration sous la Présidence du Prince, l’accompagner dans ses déplacements pour les événements de la Fondation, comme les COP, animer les équipes de la maison-mère mais aussi animer le réseau des branches étrangères de la Fondation », expose-t-il, en précisant que la prochaine, soit la onzième, sera à Sao Paulo au Brésil.

« On espère que la suivante sera sur le continent africain. Il faut avoir un pied dans les pays qui sont les plus polluants comme la Chine, mais aussi dans ceux qui peuvent apporter les meilleures solutions. Le Brésil, c’est vital parce qu’il y a l’Amazonie, par exemple. »

Olivier Wenden est également impliqué dans ce qu’il appelle « le nerf de la guerre » : la recherche de fonds : « on peut être fiers aujourd’hui de pouvoir investir ou distribuer jusqu’à dix millions d’euros par an, entre nos initiatives et les projets que l’on soutient.»

Des projets par milliers

Lorsque l’on demande à Olivier Wenden de citer un projet en particulier qui lui tient à coeur, la réponse n’est pas simple. « Le Prince lui-même dit qu’il est très difficile de ne citer qu’un projet de la Fondation, mais nous pouvons être fiers car en seulement 16 ans, nous avons réussi à sauver des espèces comme le thon rouge, le gypaète barbu et l’ibis chauve. Le phoque moine est le nouveau défi », projette le passionné.

Des réussites qui s’expliquent aussi par le fait que la Fondation est présidée par un chef d’État en exercice. « L’image positive du Souverain, son engagement personnel très sincère salué par tous, sa crédibilité et celle des Princes de Monaco en général est vecteur d’écoute », se réjouit Olivier Wenden qui reconnaît avec fierté entretenir « un lien de respect et de confiance » avec le Prince.

Le Prince Albert II aux côtés de l’explorateur Bertrand Piccard et d’Olivier Wenden en mars 2022 – © Direction de la Communication / Manuel Vitali

Pour 2023, le vice-président a du pain sur la planche. « On lance une initiative à l’intention des jeunes leaders de moins de 35 ans, ainsi qu’une initiative sur les forêts et les communautés indigènes, pour mieux faire entendre leurs voix . Elle va se matérialiser par un grand séminaire fin novembre 2023. Nous consolidons également l’existant, comme la Monaco Ocean Week qui se traduit par 45 évènements en une semaine et la 16ème remise des prix de la Fondation qui se déroulera à Philadelphie le 27 octobre 2023 en présence du Souverain. »

Sa relation à la nature

Avec une partie de sa famille originaire de Haute-Savoie et une autre de Corse, Olivier Wenden a été sensibilisé à la protection de la nature dès son plus jeune âge. « On a eu la chance, mon frère et moi, d’avoir été éduqués au bon sens : peu de gaspillage, pas trop de plastique à la maison… Et en devenant papa je fais d’autant plus attention à ce que je mange, et de manière générale à ma manière de consommer », confie-t-il.

Et quand on lui demande s’il est plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir de la planète, il répond spontanément : « Il faut rester optimiste. Il se passe de très belles choses malgés les frustrations. On voit que des solutions existent. On l’observe chez la nouvelle génération, la décision d’achat est différente puisque l’éthique et l’environnement entrent en jeu. On voit également se développer la seconde main. De ce fait, il y a aussi une prise de conscience du côté des entreprises et un changement qui s’opère. »