Comment l’industrie du luxe doit-elle évoluer pour rester compétitive ?
Réponse en 3 points-clés, soulevés à Monaco lors du Financial Times Business of Luxury Summit 2023.
Du 21 au 23 mai derniers, le Sporting Monte-Carlo accueillait le Financial Times Business of Luxury Summit 2023. Un événement organisé par le célèbre quotidien britannique The Financial Times, qui réunit les entrepreneurs issus de différents secteurs d’activité pour parler de l’industrie du luxe, sa croissance, ses défis et, surtout, sa capacité à s’adapter aux nouveaux enjeux environnementaux.
Ces trois jours ont permis d’aborder plusieurs sujets et de s’intéresser à la façon dont l’industrie du luxe doit évoluer si elle souhaite se maintenir.
1. Le luxe doit être durable
Les intervenants ont tout d’abord établi ce constat : l’ère du greenwashing touche à sa fin. Désormais, les entreprises ne doivent plus se contenter d’annonces : elles doivent agir concrètement pour mettre en place des stratégies environnementales, ou bien elles perdront du terrain.
Le Prince Albert II, présent lors de l’événement, a d’ailleurs rappelé à ce sujet que « nous avons besoin de tracer un chemin non seulement pour le progrès économique, mais aussi pour le progrès éthique. (…) Lorsque nous nous sommes réunis ici pour la dernière fois en 2009, le thème du Sommet était « au-delà de l’économie verte, l’éthique et l’incitation. » Je suis heureux de constater que depuis, de nombreuses marques et entreprises ont totalement relevé le défi du luxe durable, en innovant constamment et en améliorant leur responsabilité sociale… Mais je crois que nous pouvons encore nous améliorer à l’avenir. Les actions peuvent et doivent être plus fortes que les mots. »
2. Le luxe doit s’adapter aux nouvelles technologies
Avec le Web 3.0, qui désigne l’idée d’un web décentralisé exploitant la technologie des « blockchains », l’industrie du luxe évolue, en particulier avec la mode numérique. Aujourd’hui, les consommateurs achètent même des vêtements virtuels, par exemple, dans les jeux vidéo tels que Fortnite, pour personnaliser leurs avatars. Mais ces achats en apparence purement virtuels influencent notre monde physique et notre mode de consommation.
« Le métaverse est réel, assure Alice Delahunt, fondatrice et PDG de la plateforme de mode SYKY. Il arrivera à maturité au cours des dix prochaines années. Le métaverse démocratise et décentralise le talent. » Pour étayer son propos, Alice Delahunt compare ce phénomène au réseau social Instagram, qui a vu naître une toute nouvelle génération de photographes. « Nous devons garder à l’esprit que la Génération Z [née entre la fin des années 1990 et 2000, ndlr] dépense de plus en plus d’argent dans les biens de luxe pour leurs avatars. 70% du style personnel de la Génération Z est influencé par son style numérique », conclut Alice Delahunt.
3. Le luxe doit proposer un nouveau tourisme
Le sur-tourisme a une grande part de responsabilité dans les émissions de gaz à effets de serre. Si depuis la crise du Covid-19, les activités humaines liées au tourisme ont quelque peu diminué, les envies et besoins des touristes ont également évolué.
« Le Covid nous a vraiment botté les fesses : auparavant, nous prenions les choses pour acquises, nous avions plus de 70% de notre clientèle qui venait de pays étrangers, et subitement, on ne pouvait plus voyager, témoigne Michael Ward, Directeur Général du célèbre magasin de luxe londonien Harrods. La véritable clé, c’est de faire en sorte que tout puisse devenir une expérience. Le Covid a changé la façon dont nous approchons notre clientèle locale. Nous avons créé, par exemple, le plus beau salon de coiffure du monde, et nous avons engagé le troisième meilleur sushi chef de la planète. Désormais, plus de la moitié de notre clientèle est locale, et avec la réouverture des frontières chinoises et le boom touristique américain continu, c’est la cerise sur le gâteau pour nous. »
De son côté, Tom Marchant, propriétaire et co-fondateur de l’agence de voyage de luxe Black Tomato, affirme que notre façon de voyager depuis la pandémie a changé nos priorités. « Pendant le Covid, les gens ont compris à quel point voyager était important pour eux et comment le voyage les définissait », atteste-t-il, ajoutant que depuis le Covid, les touristes ont voulu augmenter la qualité de leurs séjours.