Interview

Les Sites Grimaldi #8 : quelle est cette histoire d’amour qui a rapproché Dolceacqua et Monaco ?

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Le Ponte Vecchio, le vieux pont de Dolceacqua, a été rendu célèbre par un tableau de Claude Monet (Photo © Dolceacqua.ch)

Charmant village niché dans les collines du Val Nervia, Dolceacqua sera prochainement jumelée à Monaco.

Joyau de la Ligurie Italienne, non loin de la mer et à 35 kilomètres de Monaco, Dolceacqua est connue pour son vin, ses rues pittoresques, mais aussi pour ses liens historiques avec la famille Grimaldi de Monaco. Pour rendre publique cette histoire, la commune a inauguré en 2016 la « Salla Multimediale Doria-Grimaldi » dans le château emblématique de la cité médiévale.

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Et c’est une romance qui a rapproché les deux territoires vers la fin des années 1500, lorsque Luc Doria épousa Françoise Grimaldi, après de longs affrontements entre les deux familles « À l’occasion de ce mariage d’amour, le nouveau blason de la famille fut inventé en combinant l’aigle Doria avec les losanges Grimaldi. Symbole que l’on retrouve encore aujourd’hui dans la tombe Doria de l’église de San Giorgio et dans certains portails du centre historique », explique le maire de Dolceacqua, Fluvio Gazzola.

Blason mixte Doria et Grimaldi, visible dans l’église San Giorgio (Photo © Comune di Dolceacqua)

À sa mort, Francesca Grimaldi a souhaité qu’une partie de son héritage soit destinée à la réalisation d’un polyptyque dédié à Santa Devota. « L’oeuvre réalisée par Ludovic Brea est toujours présente dans notre église paroissiale aujourd’hui, et le Prince Rainier III y a fait dédier un timbre », se souvient l’élu. C’est le premier signe de dévotion de la famille Grimaldi à Santa Devota, qui deviendra la patronne de la Principauté.

Polyptyque dédié à Santa Devota réalisé par Ludovico Brea (Photo © Bottega Tifernate)

Mais les relations entre les deux territoires vont s’assombrir lorsque, après le décès de sa mère la Princesse Françoise, Bartolomeo tue de 32 coups de couteau son oncle Luciano Grimaldi, seigneur de Monaco, dans son propre château. Si son but était de s’emparer de la Principauté, il n’y parviendra pas.

Après une longue période de conflit, en 2013 Monaco et Dolceacqua renouent les liens avec la première visite du Prince Albert II dans la ville italienne. Mais le maire se rappelle que son père, le Prince Rainier III, se rendait déjà régulièrement dans la commune ligure. « Le prince Rainier III venait à Dolceacqua, parfois accompagné de la Princesse Grace, chez un tailleur pour faire confectionner ses chemises », confie-t-il.

« La Principauté jouit d’une visibilité internationale »

Pour le maire de Dolceacqua qui porte aussi la casquette de Président du réseau national des Sites Historiques Grimaldi de Monaco en Italie, il est évident qu’appartenir à cette association permet de promouvoir la ville.

« La Principauté, et en particulier le Prince Albert II, jouit d’une visibilité internationale, souligne l’élu. Mais cette appartenance est aussi l’occasion de redécouvrir notre histoire et nos origines pour ne pas les oublier et les transmettre aux jeunes. Elle nous pousse également à réévaluer les histoires du passé pour en faire de nouvelles propositions touristiques. Enfin, la synergie avec d’autres communes permet d’acquérir de nouvelles connaissances et de réaliser de nouveaux projets », poursuit-il.

Après la première visite officielle du Prince Albert en 2013, le Gouvernement Princier a par exemple accordé une contribution à la ville de Dolceacqua pour soutenir la réalisation de la piste cyclable qui relie aujourd’hui Dolceacqua à la mer. Lors de son dernier passage en 2018, le Souverain a reçu la citoyenneté d’honneur.

Le Prince Albert II s’est rendu trois fois à Dolceacqua, en 2013, 2015 et 2018 (Photo © Comune di Dolceacqua)

Par la suite, la Principauté a soutenu Doleacqua par l’octroi d’informations et de documents « qui ont permis de créer la salle multimédia du château des Doria, lieu relatant les liens historiques avec la famille Grimaldi, se réjouit Fluvio Gazzola. Dans les prochains jours, la Municipalité de Monaco nous fera un don important, que nous annoncerons dans les prochaines semaines », projette le maire de la cité au pont typique, immortalisée par Claude Monet lors d’un séjour dans l’arrière-pays italien en 1884.

L’élu fait-il référence au futur jumelage ? Certainement. Le Prince a donné son assentiment au projet qui renforcera les liens d’amitié entre les deux communes. La Principauté pourra donc compter sur une troisième soeur, italienne cette fois, après s’être jumelée en 2009 à la ville corse de Lucciana et à ville belge d’Ostende en 1958.