Un Ukrainien soupçonné de blanchiment après avoir été retrouvé avec 30 000 euros d’espèces
L’homme qui a fui son pays en guerre, a dû s’expliquer à la barre du tribunal correctionnel de Monaco mardi 23 mai dernier.
600 billets de 50 euros. C’est ce que les agents de police ont retrouvé dans le sac de cet homme le 6 avril dernier. Alors que les fonctionnaires contrôlaient un véhicule immatriculé en Ukraine au niveau du boulevard Princesse Charlotte à Monaco, un homme s’approche et, au vu de la police, change brusquement de trajectoire et se dirige vers le supermarché U à proximité, après avoir échangé un regard avec le conducteur contrôlé.
Dès sa sortie du magasin, les forces de l’ordre le contrôlent à son tour. Il porte un sac estampillé d’une marque de caviar. « Que transportez-vous dans votre sac ? » demandent alors les policiers. « Du caviar », répond le trentenaire. En réalité, c’est une sacrée somme d’argent en liquide non déclarée* qu’il dissimule.
« Je n’ai plus confiance dans les institutions »
Commence pour lui un interrogatoire. « Que faites-vous à Monaco ? D’où proviennent ces billets ? » L’homme aurait déclaré être sur le territoire accompagné de son épouse pour visiter la Principauté pendant quelques jours, alors qu’ils ont trouvé refuge en Allemagne après avoir fui la guerre. Quant à la provenance des espèces, elle serait le fruit d’une vente immobilière, laquelle sera prouvée par l’avocat à l’aide de justificatifs. Mais ce qui chiffonne le tribunal, c’est cette scène devant la police, quand l’homme supprime brusquement l’application « Telegram » avant que son téléphone ne soit saisi.
« Je viens d’un pays en guerre, mes amis sont au front et nous avons des conversations privées. J’ignorais de quel côté les policiers pouvaient être dans ce conflit. Je voulais simplement protéger les Ukrainiens. J’ignorais également que transporter avec moi cet argent pouvait poser problème, affirme à la barre l’Ukrainien, à l’aide d’un interprète. J’ai mes économies avec moi car je n’ai plus confiance dans les institutions. Vous savez, mon appartement en Ukraine a totalement été détruit. Je ne savais pas où j’allais aller en quittant mon pays. »
Le parquet demande la confiscation de 10 000 euros
Un discours qui va trouver un écho favorable auprès du procureur qui demandera la relaxe pour les faits de blanchiment. Le parquet retiendra tout de même la première infraction de non-déclaration des espèces et requerra 500 euros d’amende ainsi que la confiscation de 10 000 euros sur les 30 000 au total.
« Sa normalité n’est pas la même que la nôtre, appuie l’avocat. Dans une démarche désespérée il a supprimé l’application. On le sait, c’est une guerre moderne où même les réseaux sociaux sont exploités. Il ne se fie plus aux banques ni à aucune institution après ce qu’il lui est arrivé. Quant à la déclaration des espèces, il n’y a pas de frontière visible entre la France et Monaco. Mon client ignorait cette procédure. » La défense sollicite également la relaxe, et souhaite que l’entièreté de la somme saisie soit restituée.
Le tribunal fera preuve de clémence et condamnera l’homme sans antécédents judiciaires à une simple amende de 500 euros. Le couple quitte le Palais de Justice dans un soulagement communicatif.
* Pour lutter contre le blanchiment d’argent, toute personne qui entre en Principauté avec plus de 10 000 euros en liquide est contrainte de déclarer la somme à la Sureté Publique.