Cécile Veyrat, gouvernante experte et « chef-d’orchestre » de l’Hôtel Hermitage Monte-Carlo
Dans ce nouvel article de notre série consacrée aux métiers de la Monte-Carlo Société des Bains de Mer, nous partons à la découverte de ce métier aussi ancien que méconnu.
Les cheveux soigneusement tirés en chignon bas, une tasse de thé à la main, Cécile Veyrat, gouvernante experte au sein de l’Hôtel Hermitage, semble tout droit sortie d’un roman. Depuis dix ans maintenant, la jeune femme de 32 ans occupe cette fonction que l’on ne retrouve désormais que dans certains grands palaces, et qui nécessite un grand sens des responsabilités.
« Nous sommes des chefs-d’orchestre, sourit Cécile. Tout dépend de notre coordination, nous devons veiller à ce que tout soit bien fait avant l’arrivée du client. » Une tâche bien loin d’être anodine, car Cécile et les trois autres gouvernantes expertes de l’hôtel doivent superviser les 16 gouvernantes d’étage, les 80 femmes de chambres et valets, et les dizaines d’équipiers et de lingères, tout en assistant la gouvernante Générale et l’adjointe. Gestion des plannings, mise en place pour les événements, gestion de la lingerie et garantie du bon fonctionnement des chambres : tout est réglé comme du papier à musique.
« Nous veillons au bon respect des procédures. Nous vérifions si le nettoyage a été bien effectué et si les standards de l’hôtel ont bien été appliqués. Par exemple : la carte Green Globe doit être posée sur le lit. Nous contrôlons aussi si tout fonctionne bien dans la chambre : le sèche-cheveux, le réveil, la télévision, les ampoules… Nous signalons si la peinture doit être refaite ou s’il faut réparer quelque chose. Et nous nous assurons que les demandes du client soient respectées », détaille la gouvernante.
Les personnes qui postulent chez nous pour être gouvernantes ne se rendent pas toujours compte de la charge de travail et de l’implication que l’on a pour nos clients
Un véritable métier de l’ombre qui nécessite un grand sens de l’organisation, tout en restant calme et souriant. « Le client ne voit pas toutes ces petites choses : le stress, la rapidité… Nous sommes des éponges : nous devons tout absorber et ne rien montrer, même si nous sommes souvent sur tous les fronts. Nous avons la chance d’avoir une grande autonomie : ce qui compte, c’est le résultat final. Mais il faut savoir gérer plusieurs situations différentes en même temps », insiste Cécile.
Permettre au client de se sentir chez lui
Aussi, pour la jeune femme, ce métier ne peut s’exercer sans faire preuve d’une grande rigueur, ni sans savoir écouter ses équipes. Mais, surtout, il ne peut s’exercer sans passion. Cécile est formelle : il faut aimer cette profession pour pouvoir travailler correctement. « Les personnes qui postulent chez nous pour être gouvernantes ne se rendent pas toujours compte de la charge de travail et de l’implication que l’on a pour nos clients, dévoile-t-elle. Ce métier est d’autant plus dur que l’on observe une pénurie de personnel dans les hôtels, et encore plus dans ce métier peu connu et de plus en plus rare. Il ne faut pas venir ici pour le salaire : ce doit être une vocation ! »
Cécile a d’ailleurs elle-même découvert cette profession par hasard. Après six ans d’études dans l’hôtellerie grâce à un Bac technologique à l’école hôtelière d’Avignon et un BTS en management hôtelier en alternance, la jeune gouvernante experte a souhaité tout essayer avant de se positionner définitivement. « J’avais besoin de tout tester pour savoir ce que je voulais faire et ce qui correspondrait le mieux à mes compétences », confie-t-elle.
A l’issue de son BTS, elle entend alors parler du métier de gouvernante : « sur le papier, le métier me plaisait. Tout préparer pour le client, faire en sorte qu’il se sente chez lui… Tout cela m’attirait. » Et après une mention complémentaire de gouvernante dans une école toulousaine, Cécile trouve non seulement sa voie, mais aussi sa future maison.
« L’école de Toulouse m’a obtenu un stage à Monaco, à l’Hôtel Hermitage. Les anciennes gouvernantes et la gouvernante Générale m’ont fait découvrir ce métier avec beaucoup de bienveillance et j’ai eu la chance de pouvoir rester. Je suis devenue gouvernante experte il y a quatre ans, c’est l’avantage de la Monte-Carlo Société des Bains de Mer. On peut évoluer et découvrir d’autres métiers », nous raconte-t-elle.
L’Hôtel Hermitage : un lieu chargé d’histoires
En dix ans, la passion n’a pas faibli. Et c’est avec beaucoup d’amusement que Cécile se souvient de quelques histoires qui l’ont marquée au cours de sa carrière. « Nos clients perdent beaucoup de choses. Un jour, une cliente m’a appelée pour me signifier qu’elle ne retrouvait plus un collier qui appartenait à sa fille, se remémore Cécile. Ce collier était très important à ses yeux, il avait une grande valeur symbolique. Elle nous a dit qu’il était dans la salle de bain, mais qu’elle ne le voyait plus. Nous avons donc cherché dans la poubelle, dans le sac de l’aspirateur, dans les poches de peignoirs, dans le linge… Sans succès. J’ai donc compris qu’il ne restait plus qu’une seule possibilité et j’ai appelé le plombier pour qu’il ouvre le siphon du lavabo. Le collier était à l’intérieur et nous avons pu le récupérer. La cliente en avait les larmes aux yeux, elle a eu de la chance ! (…) Une autre fois, une cliente avait jeté par erreur une enveloppe qui contenait 100 euros. Nous sommes descendus au local poubelle, et heureusement que nous sommes très organisés, car nos équipes notent tous leurs sacs poubelle par étage. Nous savions donc où chercher et nous avons pu retrouver l’enveloppe et la rendre à la cliente. »
Des anecdotes de ce type, Cécile en aurait encore beaucoup à dévoiler, tant l’établissement a vécu. N’envisageant pas (pour l’heure) d’évoluer professionnellement, elle espère désormais que de nouvelles gouvernantes en herbe rejoindront les équipes de l’Hôtel Hermitage pour, à leur tour, en raconter les histoires.