Dans les coulisses du Sporting Monte-Carlo, Franck Zunino transforme la technique en show
Notre série d’articles consacrée aux métiers de la Monte-Carlo Société des Bains de Mer (SBM) nous emmène dans la Salle des Etoiles, qui a accueilli les plus grandes célébrités malgré sa petite superficie.
La réputation du Sporting Monte-Carlo n’est plus à faire. Depuis sa création en 1974, la prestigieuse Salle des Etoiles, inaugurée par Joséphine Baker en personne, porte bien son nom tant les célébrités qui sont montées sur scène sont nombreuses.
Franck Zunino, responsable de site du Sporting, est presque là depuis le début. Grâce à une connaissance, il découvre, très jeune, la Société des Bains de Mer et intègre – à l’époque – le Sporting d’été. « L’hiver, je basculais au Cabaret du Casino, se souvient-il. Le groupe artistique a été créé bien après. »
Et c’est d’abord au sein du service Lumières et Éclairagistes que Franck Zunino fait ses armes. Celui qui à l’adolescence s’amusait déjà avec des groupes électrogènes, accomplit même quelques missions à Paris : « à l’époque, on pouvait travailler sur certaines productions à Bercy ou au Palais des Sports. J’ai fait partie des équipes techniques et lumières pour Johnny Hallyday, Michel Sardou… On faisait les allers-retours, c’était bien sympa ! »
150 dates par an en moyenne
De fil en aiguille, Franck Zunino évolue. Entré à la régie du Sporting, puis en régie générale, il est aujourd’hui responsable de site et doit gérer toutes les opérations et la direction artistique de la Salle des Étoiles. Un métier très prenant, qui nécessite de travailler avec différents services du resort, pour tout coordonner. Car du Bal de la Rose, à celui de la Croix-Rouge monégasque, sans oublier tous les autres événements de la Principauté qui résonnent au Sporting, comme les Rolex Monte-Carlo Masters, l’Automobile Club de Monaco ou le Festival de Télévision, les dossiers sont nombreux.
« On tourne à 150 dates par an en moyenne. Sachant qu’il y a la date de l’événement en elle-même et deux dates de montage / démontage », détaille-t-il.
Et chaque fois, la marche à suivre est la même : Franck Zunino et ses équipes reçoivent le client qui a réservé le site et la visite commence. « On fait tous les repérages de la partie technique, pour voir ce qu’on peut faire ensemble pour le son, la vidéo, la lumière. C’est jour après jour, en moyenne deux à trois fois par semaine, et avec de gros budgets. On travaille avec des responsables de groupe (lumière, machinerie, son et mise en place des loges), des régisseurs, l’équipe administrative… C’est un travail qui n’est pas lié qu’à l’artistique. (…) C’est un travail de groupe, mais si quelque chose ne va pas, celui à qui on va demander des comptes, c’est moi », nous explique Franck Zunino.
Un travail d’équipe qui, certes, a l’air très codifié, mais qui implique en réalité beaucoup de diversité. « C’est ce que j’aime dans mon métier : aucun dossier n’est semblable à un autre, témoigne Franck. Même si ce sont les mêmes lieux, ce n’est jamais la même chose. (…) Le plus gros challenge, en revanche, c’est l’aspect technique. Certaines boîtes de production arrivent avec des idées bien arrêtées, qu’il faut démonter parce que ce n’est pas faisable. Souvent, je me réveille la nuit par peur d’avoir oublié quelque chose. Intégrer un projet client par rapport à nos locaux n’est pas toujours simple. »
Tina Turner, Cher, Frank Sinatra, Michael Jackson…
Mais la taille de la Salle des Étoiles n’a pas empêché la venue de certaines énormes stars. En plus de 40 ans passés au Sporting, Franck Zunino garde des souvenirs pour le moins uniques : « on a eu Cher, Tina Turner, Sting, qui nous a signé une grande photo exposée dans le bureau… On a eu Frank Sinatra pour le Gala de la Croix-Rouge monégasque. »
Franck Zunino n’oubliera jamais non plus l’année 1996, où Michael Jackson est venu au Sporting pour interpréter son célèbre tube Earth Song.
« Je me souviens de sa chemise blanche ouverte et de son énergie », raconte le responsable du site, que l’on aperçoit par moment sur la vidéo qui a immortalisé la venue du Roi de la Pop en Principauté.
« Il y a une volonté qui a toujours existé à la SBM et au Sporting, atteste Franck Zunino. C’est de faire avancer les choses. Il y a toujours une flamme, toujours quelque chose qui se passe. Aujourd’hui, c’est une autre époque, on a surtout des DJ, mais je ne regrette pas. Et puis, c’est une belle salle. La SBM a toujours investi, toujours modernisé sur l’aspect technique. »
L’aspect technique, justement, ne doit plus avoir de secret pour quiconque voudrait exercer ce métier. « Ce n’est pas purement artistique, il faut avoir un bagage technique. Pour évoluer, la volonté et la motivation font tout, affirme-t-il. Mais il faut surtout être disponible. C’est un énorme investissement personnel. (…) Quand l’événement est fini, en général, on ressent un petit manque, parce qu’on est vraiment investi, avant et pendant. »
Alors qu’il prévoit son départ dans les prochains mois, Franck Zunino n’a désormais qu’un seul but : faire en sorte que le Sporting vive toujours aussi bien que dans ses souvenirs. Mais il reste confiant : « ce lieu est magique. Si la politique de la SBM perdure, alors le Sporting vivra. »