« Aux Thermes Marins, on explique aux gens que se remettre en forme prendra du temps mais qu’ils peuvent y arriver et qu’on va les aider »
Notre série d’articles consacrés aux métiers de la Monte-Carlo Société des Bains de Mer (SBM) se poursuit avec le portrait de Christophe Fautrier, responsable du Département « Soins » des Thermes Marins.
C’est un lieu incontournable pour de nombreux clients de la Société des Bains de Mer. Les Thermes Marins, avec leur terrasse ensoleillée et leur superbe vue mer, propose à ses visiteurs piscine, sauna, hammam, jacuzzi, salon de coiffure et salon esthétique… mais pas seulement ! Tout un pan du spa est dédié aux soins et au bien-être, en alliant sport, massages, kinésithérapie et nouvelles technologies. À la tête de ce département depuis une dizaine d’années : Christophe Fautrier.
Kinésithérapeute de formation, Christophe Fautrier a rejoint les Thermes Marins il y a 25 ans, peu de temps après leur ouverture. « A la base, c’était une solution temporaire : je voulais poursuivre vers l’ostéopathie, ce que j’ai fait par la suite. J’ai donc passé un doctorat en ostéopathie et un diplôme universitaire de kiné du sport, tout en continuant à travailler aux Thermes Marins », nous raconte-t-il.
Des semaines intenses, mais qui ne l’ont pas effrayé. En grand passionné, Christophe Fautrier a même, durant quelques années, mené une double carrière en travaillant aussi pour l’AS Monaco Basket : « j’étais le kiné de l’équipe pour le titre de National 1 et de Pro B. Quand l’équipe a évolué, j’ai dû faire un choix. On m’a alors proposé, en 2013, de prendre la direction du service thérapie manuelle et soins techniques. Ça n’a pas été un choix facile, mais mon attachement aux Thermes Marins a fait que j’ai préféré prendre plus de responsabilités ici. La perspective de diriger le service, avec carte blanche pour réorganiser, était intéressante. Et puis, je reste en rapport avec la Roca Team, avec les Espoirs. »
Devenu Directeur du service aux Thermes Marins, Christophe n’a pas hésité à proposer sa propre vision du soin : « je suis parti sur des choses plus concrètes que ce qu’on avait avant, j’ai resserré des partenariats avec des entreprises cosmétiques et technologiques. Il fallait garder un côté luxe et glamour dans le soin, on a donc créé des synergies entre la cosmétologie et la technologie. (…) Je suis sorti d’un concept très énergétique, pour revenir à des choses plus carrées. (…) Quand vous êtes kinésithérapeute ou ostéopathe, vous voulez aider les gens à aller mieux. Mais j’ai aussi souhaité développer l’aspect préventif aux Thermes Marins, pour expliquer aux gens comment s’entraîner convenablement et comment développer leur plein potentiel de santé. Si j’ai choisi ce métier, à l’origine, c’est aussi pour cet aspect. »
Et bien qu’il soit très sollicité au niveau administratif, Christophe Fautrier tâche de rester disponible pour les clients, notamment grâce aux séances de cryothérapie, plus rapides et moins impliquantes qu’un massage.
Des programmes de soin durables
En parallèle, Christophe gère ses équipes et participe à l’élaboration des programmes. « On évalue les nouvelles technologies et les produits qui arrivent, on cherche à créer des synergies de soin… On fait beaucoup de tests en amont et on cherche à se renouveler. On reçoit entre 10 et 15 sollicitations de marques par semaine ! Il faut donc faire le tri, ne pas succomber aux phénomènes de mode. Je fais en sorte que ce qu’on propose ici soit inscrit dans une certaine philosophie, avec la certitude d’obtenir des résultats », affirme-t-il.
Le long terme, voilà ce en quoi Christophe croit. En tant que professionnel de santé avant tout, le praticien refuse de promettre des résultats extraordinaires en un temps record et sans le moindre effort. « On propose toujours du sur mesure, il y a une part de créativité, d’ailleurs. On doit comprendre les attentes de la personne, analyser jusqu’où on pourra aller avec elle, ce qu’on pourra lui demander. On n’est pas que dans les soins, on est aussi dans l’éducatif », précise-t-il.
Une méthode qui porte ses fruits : « je me souviens d’une personne qui était en situation d’obésité, et qui était gênée de ne pas pouvoir mettre le sous-vêtement jetable. Elle ne savait pas quoi faire : elle faisait un métier qui l’obligeait à commencer tôt et à finir tard pour s’occuper de ses patients et elle mangeait n’importe comment… Et je lui ai dit : « soigner les autres, ça implique de savoir se donner du temps. » Pendant sa semaine ici, on lui a donné les clés. Six mois après, elle est revenue, elle avait déjà bien perdu et pouvait rentrer dans le sous-vêtement jetable. Deux ans plus tard, elle avait perdu 30 kilos, et elle est venue nous présenter son fiancé et nous apporter des cadeaux. Voilà ce qu’on fait ici : on explique aux gens que se remettre en forme, ça va prendre du temps, mais qu’ils peuvent y arriver et qu’on va les aider. »
Se renouveler constamment
Et face à une clientèle haut-de-gamme, Christophe et ses équipes sont constamment en quête de renouvellement, non seulement pour varier l’offre clientèle, mais aussi pour maintenir les équipes en formation et en stimulation. Le Directeur des soins l’atteste : dans ce métier il ne faut pas s’enfermer mais, au contraire, évoluer. D’où la naissance des pop-up spas.
« J’aimais bien l’idée d’avoir une saisonnalité dans les soins, quelque chose d’éphémère. On est en contact avec différentes marques, par exemple, pour cet été, Décorté », développe Christophe qui apprécie, justement, la diversité que son lieu de travail lui procure.
« Je ne viens pas au travail en pleurant le matin, dit-il en riant. Je fais un job que j’aime, dans un cadre exceptionnel. Après 25 ans, si je ne me lasse pas des Thermes Marins, c’est parce que je n’ai aucune idée de ce à quoi va ressembler ma journée : qui je vais rencontrer, quelles langues je vais parler, où je vais voyager. C’est l’un des seuls endroits au monde où on a une telle diversité de clientèle. (…) J’ai eu ici une très belle expérience, en étant détaché des Thermes Marins, avant de devenir Directeur, pour m’occuper uniquement de l’un de nos clients, un homme d’affaires du Moyen-Orient. Ça a duré deux ans : j’ai voyagé partout avec lui. J’ai fait quatre ou cinq fois le tour du monde, dans son avion privé, dans son bateau, ses hôtels… Ça m’a permis de visiter beaucoup de spas, de cliniques, de voir ce qui se faisait ailleurs, ce qu’on pouvait mettre en place ici. Et ça m’a permis aussi de voir qu’on est bien placés à Monaco, en termes de qualité de soin. »
« Nous avons la relation la plus intime avec la clientèle de la SBM »
Pour assurer cette qualité de soin, le renouvellement des offres ne fait pas tout. La compétence première que Christophe demande à ses équipes, c’est l’écoute. « Et pas seulement avec les oreilles : avec les doigts, affirme-t-il. Il faut savoir ce qu’un corps exprime. Quand vous vous faites masser, vous nous confiez votre corps, il exprime ce que vous ressentez. L’intérêt, c’est de proposer une solution durable et d’expliquer aux gens ce qu’il faut faire pour ne plus être dans cet état. Je demande toujours au patient : « dites-moi tout, même ce qui vous paraît complètement stupide. Car si ça n’a aucune explication pour vous, ça en a sans doute une pour moi. » (…) Au sein de la SBM, c’est nous qui avons la relation la plus intime avec la clientèle. Les clients se mettent littéralement à nu devant nous. C’est très gratifiant. »
Mais toute cette intimité présente une contrainte : les équipes doivent impérativement apprendre à se détacher et littéralement laisser leur uniforme au placard en fin de journée. « Si vous faites un bon massage, vous êtes à la fois émetteur et récepteur. Si vous n’êtes pas capable de vous décharger des ondes parfois négatives du patient, vous n’allez pas tenir longtemps. Et certains patients résistent dans le massage, alors que ce doit être un échange et non un combat », prévient Christophe Fautrier.
Malgré tout, le Directeur des soins nuance son propos : 90% de son temps de travail est rempli de moments agréables, voire émouvants. Comme le jour où, nous raconte-t-il, une patiente qui souffrait s’est sentie tellement mieux après son massage, qu’elle l’a spontanément pris dans ses bras.
« J’ai la chance d’avoir choisi d’être là, sourit Christophe à l’évocation de ce souvenir. Et j’ai des gens très compétents dans mes équipes, je sais que je peux m’appuyer sur eux. Après, on ne peut jamais dire de quoi est fait l’avenir. La vie est faite d’opportunités, et il faut savoir les saisir. Mais aujourd’hui, je suis bien où je suis, et je pense avoir encore à apporter ici. Après, si on me proposait de nouvelles responsabilités au sein de la SBM, dans mon domaine d’activité, ça ne me ferait pas peur ! »
D’ici là, Christophe Fautrier souhaite tout de même mener à bien l’un des plus gros projets pour les Thermes Marins : des travaux de restructuration, pour « rafraîchir » la structure globale et permettre au spa de Monaco de conserver son excellente réputation à l’échelle internationale.