Bernard d’Alessandri : « Le Yacht Club de Monaco n’est pas un yacht club traditionnel. C’est un lieu de vie »
Dans le cadre de notre grand dossier consacré aux 70 ans du Yacht Club de Monaco, nous avons rencontré son Secrétaire général, Bernard d’Alessandri. L’occasion pour lui de revenir sur les temps forts du club, qui allie vie sportive et vie sociale.
« Un esprit, une équipe, un club », telle est la devise du célèbre Yacht Club de Monaco, fondé en 1953 par le Prince Rainier III. Présidé depuis 1984 par le Prince Albert II, le club compte aujourd’hui 2 500 membres et 81 nationalités différentes.
Une fierté pour Bernard d’Alessandri, Secrétaire général du Yacht Club de Monaco. « Après 70 ans, le club reste dynamique, jeune, avec beaucoup d’espoirs, d’innovations, de projets, affirme-t-il. C’est une grande fierté d’avoir participé à la vie de ce club. Mais je tiens à rappeler que les premières régates à Monaco datent de 1863 ! Il y avait donc, avant le Yacht Club, la société nautique de Monaco. Nous ne devons pas oublier le travail fait par les anciens, qui a permis à la Principauté d’être présente dans le monde du yachting depuis plus d’un siècle. »
Et en effet, Monaco occupe une place de choix sur la scène nautique internationale. Ne serait-ce que par sa participation aux nombreuses compétitions à travers le globe. « Monaco participe à au moins une épreuve internationale par an. La première, qui nous a marqués, fut Monaco-New York [en 1985], dès l’arrivée du Souverain. Une dizaine de bateaux, dont un équipage monégasque, ont fait la course ; c’était la première transatlantique qui partait depuis la Méditerranée ! Je crois, d’ailleurs, que cette course a marqué l’entrée du Yacht Club de Monaco dans une nouvelle phase », se souvient Bernard d’Alessandri.
« On a beaucoup d’espoir dans Malizia-Seaxplorer »
Et depuis, la participation active du Yacht Club aux courses internationales ne faiblit pas : « certains des bateaux préparés ici ont fait le tour du monde, comme Merit Cup, en 1997/1998, ou le bateau du navigateur Pierre Feldman. (…) Qu’il s’agisse de tours du monde en équipage ou en solitaire, nous sommes dans la course hauturière autour du monde depuis longtemps. Il y a quelques semaines, un bateau du Yacht Club, skippé par notre membre Peter Harburg, a même gagné la Rolex-Giraglia, l’une des épreuves phares de la Méditerranée. Nous en sommes très fiers ! Et nous sommes fiers aussi de nos jeunes, puisque ces équipes-là fonctionnent aussi. Nous avons l’espoir de voir Alexander Ehlen sélectionné pour les Jeux Olympiques de Paris, dont les épreuves de voile se dérouleront à Marseille. Ce serait une première, c’est l’un de nos objectifs internes. »
Toute cette fierté ne se limite pas aux seuls compétiteurs : dans ce club à l’esprit familial, on accueille les plus jeunes dès l’âge de sept ans, qui peuvent s’initier à l’Optimist, jusqu’à l’âge de 14 ans, avant de passer au dériveur Laser. « Nous les suivons tout au long de leurs parcours », appuie Bernard d’Alessandri dans un sourire.
Pour le Secrétaire général du club, pas de doute : les excellents résultats des bateaux préparés à Monaco contribuent grandement à l’émulation des plus jeunes et développent leur intérêt pour les activités nautiques. A l’instar de Malizia-Seaexplorer, skippé par Boris Herrmann, qui a fait escale, début juillet, en Principauté, à l’occasion du Monaco Energy Boat Challenge, après avoir terminé troisième de la 14e édition de The Ocean Race. Boris vient d’ailleurs d’annoncer sa participation, avec Will Harris, à la prochaine Transat Jacques Vabre, dont le retour en solitaire est qualificatif pour le Vendée Globe.
« Malizia-Seaexplorer contribue certainement à l’image du Club, même si ce n’est pas le premier qui a fait la course autour du monde. On a beaucoup d’espoir dans cet IMOCA. La dernière fois, il était très, très bien placé. Il a aussi battu un record de vitesse : c’est de bon augure pour que Boris participe au Vendée Globe [en novembre 2024, ndlr] dans de meilleures conditions encore. La dernière édition du Vendée Globe, il l’avait faite sur un bateau d’occasion. Cette fois-ci, il sera sur un bateau entièrement neuf. (…) Et chaque fois que Malizia-Seaexplorer est là, des sorties sont organisées avec les jeunes. Durant l’été, pendant les summer camps, nous recevons environ 400 jeunes de sept à 18 ans. On leur propose de l’initiation à la voile, de la sensibilisation, de la découverte des milieux marins. En résumé, c’est une autre approche de la voile », dévoile Bernard d’Alessandri.
Les membres très engagés dans la vie du club
Les adultes aussi ont droit à leur lot d’activités tout au long de l’année. Cours de gym avec coach, déjeuners, conférences, cours de voile, tournois de bridge, de golf, de billard, sorties au ski… Les membres peuvent se rencontrer en dehors du champ nautique. « Le Yacht Club de Monaco n’est pas un yacht club traditionnel, précise Bernard d’Alessandri. C’est un lieu de vie. Avec notre vie sportive intense et notre vie sociale, nous sommes assez représentatifs sur la scène internationale du yachting pour faire partie du Top 5 des Yacht Clubs internationaux. »
Le Secrétaire général du club se réjouit également de constater l’implication de ses membres lors des compétitions : « nous pouvons mesurer le dynamisme du club à travers ses volontaires : pour chaque régate, nous comptons entre 50 et 100 bénévoles, qui assistent et aident à tout organiser. Je tiens d’ailleurs à remercier et à saluer la Flotte des Commissaires, car sans eux rien ne serait possible. Au club, il y a ceux qui pratiquent et font de la compétition, et il y a ceux qui aident autour. « Un esprit, une équipe, un club » : c’est notre devise ! »
Et après sept décennies d’activité, tant sur le plan sportif que sur le plan social, le Yacht Club de Monaco est bien loin de se reposer sur ses lauriers. Avec un air mystérieux, Bernard d’Alessandri nous confie que « beaucoup de choses se préparent, à l’instar de la Monaco Classic Week (du 13 au 16 septembre 2023), un rassemblement unique de yachts de tradition (voile et moteur), qui met à l’honneur le patrimoine maritime vivant. Certains projets sont encore dans les cartons, mais ce ne sont pas les idées qui manquent. Le club, par son ingéniosité et son dynamisme, est toujours présent. »
Parmi ces projets, une petite indication tout de même : Bernard d’Alessandri nous confie que le Club souhaite, « très prochainement » être le premier yacht club à proposer des événements à 0 émissions de CO2, en adéquation avec la démarche « Monaco, Capital of Advanced Yachting », à l’image du Monaco Energy Boat Challenge (prochaine édition du 1er au 6 juillet 2024). Un projet très novateur qui s’inscrit dans la longue liste des actions mises en place par le lieu pour s’orienter vers un yachting éco-responsable.