Récit

« Ce qui a été appelé les « Dossiers du Rocher » a fait déborder le vase » : Le Prince Albert II revient sur cette affaire en interview

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Le Souverain a diligenté un audit auprès d'un cabinet neutre - © Gaëtan Luci / Palais Princier

Le Souverain s’est également exprimé sur le dernier rapport Moneyval, la guerre en Ukraine ou encore l’AS Monaco.

C’est au sein des colonnes de nos confrères du Figaro que le Prince Albert II s’est à nouveau exprimé, ce jeudi 13 juillet, sur les « Dossiers du Rocher » et sur les conséquences de cette affaire. A commencer par les récents départs de Laurent Anselmi, ancien Chef de Cabinet du Prince, et de Claude Palmero, auparavant Administrateur des Biens.

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« Quand la confiance n’est plus là et lorsqu’il n’y a pas de réponses claires aux questions posées, il convient de prendre des décisions, a souligné le Souverain. Il faut aller de l’avant. Ce qui a été appelé « Dossiers du Rocher » a fait déborder le vase. Ceux-ci ont mis au jour, via internet, certaines pratiques de personnes qui travaillaient avec moi. Je le répète : si la confiance s’évapore, on ne peut plus travailler ensemble. »

Ayant rappelé sa mission de protection des institutions de la Principauté, le Prince a également dévoilé au Figaro que sa nouvelle équipe devra lui rendre des comptes. « Le plus important, pour moi, c’est la compétence. Je privilégierai, bien sûr, les Monégasques, mais je ne m’interdis pas de faire appel à des talents extérieurs », a précisé le Souverain, tout en ajoutant que des actions en justice entre les différents protagonistes sont déjà engagées : « deux en France et deux à Monaco, à ma connaissance. (…) La justice est saisie. Laissons-là faire son travail. »

Un cabinet neutre diligente un audit

Le Souverain a également révélé avoir non seulement consulté les Princesses Caroline et Stéphanie, mais aussi avoir diligenté un audit auprès d’un cabinet neutre, sans attache dans la Principauté, « pour faire toute la lumière sur cette histoire. » D’après le Souverain, les conclusions devraient être rendues dans les prochaines semaines.

Autre sujet – complexe – abordé au cours de l’entretien : le dernier rapport Moneyval, qui a pointé quelques failles dans la législation monégasque pour mieux lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le Souverain reconnaît ainsi que, même si Monaco était sorti de « la zone grise », et malgré les efforts menés par la Principauté, « il faut sans arrêt faire évoluer [les] règles et législations pour lutter frontalement contre le fléau du blanchiment de l’argent. »

« Ceux qui étaient en charge du dossier au sein du Gouvernement et des différentes entités concernées n’ont pas perçu l’urgence de mettre notre arsenal normatif en conformité avec les nouveaux critères exigés, regrette le Prince. J’ai, personnellement, imposé que tout soit fait pour respecter les recommandations de Moneyval et le calendrier que nous avons fixé. Monaco est fermement résolu à satisfaire aux meilleurs standards internationaux en la matière. »

La cause environnementale, un critère dans les constructions

Le quotidien national s’est également penché sur le travail mené par le Souverain, grâce à sa Fondation, en faveur de l’environnement. Le Prince a ainsi rappelé sa récente intervention auprès des Nations Unies, à l’occasion du 30e anniversaire de l’adhésion de la Principauté, tout en indiquant qu’une grande partie du budget de Monaco – estimé à deux milliards d’euros – est justement alloué à la cause environnementale. Un engagement que le Souverain, seul chef d’Etat Président d’une ONG, concilie avec les nombreuses constructions immobilières du territoire, et notamment Mareterra.

« Il nous faut bâtir, tout en avançant dans la modernité. Nous serons bientôt 40 000 habitants (…) sur une surface de 2 km2 seulement. Construire sur la mer est donc une nécessité – et Monaco n’est pas le seul pays à le faire – mais pas n’importe comment ! (…) Et je veille, personnellement, par exemple, à la protection de la posidonie, herbe marine qui joue un rôle fondamental dans l’équilibre du milieu aquatique », explique le Souverain.

Le Souverain sera présent aux JO de Paris

Le Figaro s’est ensuite concentré sur la guerre en Ukraine, pointant le fait que Monaco était justement une destination très prisée par les populations russe et ukrainienne. Rappelant son grand attachement au principe de souveraineté nationale, et donc son soutien à l’Ukraine, le Souverain a dévoilé que, selon les chiffres de la Croix-Rouge Monégasque, un millier d’Ukrainiens ont été accueillis sur le sol monégasque depuis le début du conflit et qu’une cinquantaine d’enfants ont été scolarisés dans les écoles de la Principauté.

Interrogé dans la foulée sur Dmitri Rybolovlev, de nationalité russe donc, le Souverain a immédiatement rappelé la participation du Président de l’AS Monaco à l’aide humanitaire apportée aux Ukrainiens. « Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les résultats du club, qui ne sera pas, cette année, en Champions League européenne », a-t-il confié.

Concluant l’interview sur ses excellents rapports avec la France et le président Emmanuel Macron, et coupant court aux rumeurs voulant faire de Christophe Castaner le prochain Ministre d’Etat, le Prince Albert II a confirmé sa présence aux Jeux Olympiques de Paris, l’année prochaine, en tant que membre du Comité international olympique et ancien olympien.