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Interview

Commerçants historiques : à Monaco, cette boutique a plus de 127 ans

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Giovanni di Salvia est l'actuel propriétaire de la boutique - © Monaco Tribune

« De fil en aiguille » est le plus ancien magasin de Monaco.

Dans cette mercerie située rue Grimaldi, on trouve de tout. De la laine, du fil, des chapeaux, des sous-vêtements, des pyjamas, des boutons… Au total, 30 650 références y sont réunies, de manière plus ou moins ordonnée. « C’est légèrement le bazar, mais les gens aiment fouiller », sourit Giovanni di Salvia, qui a repris ce petit local de 40m² il y a 30 ans.

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La mercerie, située au 11 bis rue Grimaldi, est ouverte du lundi au vendredi de 9 heures à midi, puis de 14h30 à 18h30© Monaco Tribune

La boutique, fondé par la famille Galiano en 1896 sous le nom de « Mercerie du nouveau siècle », a été reprise plusieurs fois avant Giovanni, qui est arrivé ici un peu par hasard. « J’ai une formation de designer et à l’époque, je créais du mobilier que j’exposais dans un showroom à Bruxelles. Je connaissais bien les anciens propriétaires et ils m’ont proposé de reprendre la boutique. Je me suis lancé ! »

« Il ne faudrait surtout pas qu’il ferme »

Un choix qu’il ne regrette pas, et qui fait le bonheur des Monégasques, des résidents et des passants. « Certains viennent toutes les semaines depuis des dizaines d’années », glisse Giovanni, quand, quelques minutes plus tard, une octogénaire dynamique franchit le pas de la porte de ce qui s’apparente à une caverne d’Ali Baba. « J’ai 86 ans, et ma grand-mère fréquentait déjà cette mercerie. Tout a beaucoup changé à Monaco, sauf ce commerce où l’on trouve de tout ! Il ne faudrait surtout pas qu’il ferme », insiste-t-elle.

Document ancien, datant du XIXème siècle, attestant d’un envoi de fournitures depuis Paris – © Monaco Tribune

Le succès de la longévité de la boutique ? Certainement son authenticité car, comme le reconnaît le propriétaire lui-même, « elle est dans son jus et c’est aussi ce qui plaît. » En attestent les tiroirs vieux de plus de 120 ans. « C’est un lieu de vie et d’échanges. Je connais la vie de mes clients qui se confient à moi volontiers. Monaco est un village, et lorsque je me promène, je croise systématiquement quelqu’un que je connais », assure le sexagénaire qui le sait : la réputation d’un commerce tient à un fil à Monaco. « Le bouche à oreille compte beaucoup ici. Il faut du temps pour se faire une bonne image, mais elle peut très vite être détériorée. »

Raison de plus pour ne choisir que de la qualité. « Je fais très attention, je privilégie toujours les fibres naturelles comme le coton ou le cachemire. Selon moi, proposer du synthétique à un client n’est pas lui rendre service. » Pour trouver ses perles rares, Giovanni se fournit un peu partout en Europe : en France et en Italie, mais aussi en Allemagne ou en Grèce. Mais ce que viennent chercher les clients, ce sont surtout les bons conseils du commerçant et de ses deux vendeuses. « Je pose toujours des questions à mes clients, je leur demande à qui est destiné le produit par exemple, à quel usage… Cela me permet de mieux les aiguiller. »

Des personnalités importantes

Car l’objectif pour Giovanni est de contenter absolument tout le monde, même les plus exigeants. « J’ai reçu à la boutique de nombreuses personnalités. Michael Schumacher, Monica Bellucci, Joséphine Baker, Umberto Tozzi et même Paul McCartney. Il est entré dans la boutique, habillé de manière très décontractée. Son visage me disait quelque chose. Lorsqu’il s’est approché je l’ai reconnu. Nous avons beaucoup ri car, comme à tous mes clients, je lui ai proposé un bonbon, et coïncidence, son image était floquée sur la boîte ! Je lui ai dit que mon fils était fan de lui, il a voulu lui téléphoner et ils sont restés une vingtaine de minutes en ligne. Il a ensuite fait ses emplettes et craqué sur une peluche et un débardeur », se remémore Giovanni qui est, de plus, fournisseur breveté du Prince.

À gauche, sur le couvercle de la boîte à confiseries, figure l’image des Beatles, dont Paul McCartney fait partie – © Monaco Tribune

Sa passion pour le commerce, Giovanni l’a transmise à ses deux enfants de 25 et 26 ans qui, il l’espère, reprendront le flambeau après lui. « Lorsqu’ils ont du temps libre, ils viennent m’aider à la boutique », se réjouit Giovanni qui transmet également son savoir par l’intermédiaire de cours de couture à la maison des associations, A Casa d’i Soci, et réunit ses clients, notamment autour du tricot et de la broderie. Il n’est jamais trop tôt (ou trop tard) pour apprendre !