8 sagas familiales à découvrir à la Médiathèque de Monaco
Récentes ou écrites il y a plus de 100 ans, les sagas familiales continuent d’être en vogue. À la Médiathèque de Monaco, on ne manque pas d’alimenter ce rayon de sagas françaises comme étrangères.
Littéralement, la saga est un récit historique ou mythologique de la littérature médiévale scandinave. La saga islandaise telle qu’on l’appelait s’est aujourd’hui un peu perdue. La saga familiale, l’une de ses dérivées, est beaucoup plus courue. Sur la forme, cela s’apparente à un cycle romanesque classique, en plusieurs volets. Sur le fond, les lecteurs savent qu’ils s’apprêtent à plonger dans des histoires de familles parfois tourmentées sur fond d’Histoire, entre amour, trahison et racontées sur plusieurs générations. Prêts pour l’immersion ?
1. Les Thibault / La Saga parisienne
- Les Thibault, Roger Martin du Gard – Éditions Folio, 2003.
- Saga parisienne – Tome 1 : Un balcon sur le Luxembourg, Gilles Schlesser – Éditions Pocket, 2016.
« À son époque, cela a eu un fort retentissement », débute la bibliothécaire Sophie Gargiullo. Avec Les Thibault, Roger Martin du Gard reçoit le Prix Nobel de littérature en 1937. C’est un roman en huit tomes qui raconte l’histoire de Jacques et Antoine Thibault, originaires d’une famille bourgeoise parisienne. L’auteur signe le portrait de cette classe sociale catholique ou protestante, en révolte dans le cas de Jacques Thibault qui découvre le socialisme. Les tomes paraissent entre 1920 et 1940, résultant d’une écriture particulière de ce temps, très descriptive. Les Thibault est l’un des pionniers de la saga familiale de l’époque.
Dans le même registre, Gilles Schlesser signe La Saga parisienne, une série en trois tomes se déroulant de l’Occupation à nos jours. Lieux emblématiques de la vie parisiennes, relations complexes, destins de famille… La recette est complétée par l’évolution de l’intrigue, du Paris de l’après-guerre aux douleurs de la guerre d’Algérie, en passant par mai 68 et la révolte étudiante. À l’image de ces deux sagas familiales, le fond historique est omniprésent dans ce genre littéraire, à l’époque et encore aujourd’hui.
2. Henri Troyat
- Les Semailles et les Moissons, Henri Troyat – Éditions Omnibus, 2010.
- Les Héritiers de l’avenir, Henri Troyat – Éditions Flammarion, 2014.
Française originaire de Russie, Henri Troyat est une référence et auteur de nombreux ouvrages. Les semailles et les moissons est l’un des ses grands classiques, une saga parue entre 1953 et 1958 qui se déroule dans un milieu rural en Corrèze. « Elle débute à la veille de la guerre de 1914 et s’achève à Paris, à la Libération », résume Sophie Gargiullo. Les Héritiers de l’avenir se déroule dans Russie de la fin des années 50 où Henri Troyat développe le passage complexe du servage à l’indépendance, de la Russie ancienne à la Russie moderne. Ces deux ouvrages contiennent d’ailleurs l’ensemble des tomes des sagas originales.
Si ces sagas ont marqué les esprits de générations suivantes, la bibliothécaire sait pourquoi. « Ce qui a popularisé ces sagas, ce sont les feuilletons qui sont aujourd’hui les séries ». Les adaptations étaient déjà nombreuses et permettaient d’étendre l’impact des livres. Par exemple Les Thibault a eu le droit à deux séries, l’une en 1972 et l’autre en 2003. Les semailles et les moissons a été adaptée dans un téléfilm en 2001.
3. Les Jalna / La Chronique des Cazalets
- Les chroniques des Cazalet, Elizabeth Jane Howard – Éditions de la Table Ronde, 2020.
- Les Jalna, Mazo de la Roche – Éditions France loisirs, 1994.
Mazo de la Roche est une romancière canadienne de la première moitié du 20ème siècle. À partir de 1927, elle écrit seize romans dans la saga connue sous le nom de la série des Jalna ou les Chroniques de Whitoak. On y suit l’histoire de la famille des Whiteoak, ses hauts et ses bas pendant un siècle, de 1854 à 1954. L’auteur en vendra 11 millions d’exemplaires. Entre 1935 et 1994, Jalna est adaptée aussi bien au théâtre qu’en film et en série. Au sein de la Médiathèque de Monaco, ces sagas rencontrent aussi un vrai succès, en témoignent les allers-retours réguliers des premiers tomes depuis les rayons de la bibliothèque.
La Chronique des Cazalets raconte la vie aisée d’une famille anglaise de la classe moyenne. « C’est toute l’évolution de la société britannique à travers les relations difficiles de la famille », décrit Sophie Gargiullo qui admet volontiers que cette saga est sa « préférée ». Sur fond de seconde Guerre Mondiale, les enjeux de la succession de l’entreprise familiale guident les romans. Elizabth Jane Howard se sert d’une écriture recherchée et particulièrement construite pour signer une saga d’une profondeur psychologique insoupçonnée.
4. Blackwater
- Blackwater, Michael McDowell – Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 2022.
« J’aime beaucoup cette maison d’édition car il y a un travail d’éditeurs qui vont jusqu’au bout, que cela soit dans les illustrations, la qualité, les détails, les couvertures (réalisées par l’illustrateur espagnol Pedro Oyarbide, ndlr)… », témoigne Diane Dall’Osso. En parallèle du travail de la maison d’édition indépendante Monsieur Toussaint Louverture, c’est la première fois que les six tomes de Blackwater sont traduits en français. L’histoire se déroule aux Etats-Unis de 1919 à 1970. On y suit la famille Caskey sur les bords du fleuve Perdido qui arrose les États d’Alabama et de Floride. « Contrairement aux autres sagas, il y a un petit fond surnaturel, un soupçon horrifique qui va nourrir les tomes », développe la responsable du projet Ado/Jeune adulte de la Médiathèque. Cette immersion familiale, sur fond d’histoire des Etats-Unis, d’amour, de haine et donc de surnaturel aurait d’ailleurs fasciné Stephen King et inspiré son roman La ligne verte.
5. La saga d’Anne
- La saga d’Anne, Lucy Maud Montgomery – Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 2020.
Anne est une jeune orpheline envoyée dans une ferme pour y être adoptée par un frère et une soeur âgés à la recherche d’une aide pour le travail au quotidien. Pensant accueillir un jeune garçon, ils pensent d’abord à renvoyer Anne et tombent finalement sous son charme. La saga – dont sept tomes sont pour l’instant parus sur la dizaine que compte l’univers – nous plonge dans l’évolution de ce personnage au coeur de la petite île canadienne du Prince Edouard avant qu’elle ne parte étudier et fonder une famille.
Côté style, « on sent que l’utilisation de la langue est ancienne mais on se laisse porter par la poésie qui émane de la façon d’écrire de Lucy Maud Montgomery », reconnaît Diane Dall’Osso. Une nouvelle fois, la bibliophile met en avant de travail de la maison d’édition sur la traduction et la mise en page des ouvrages. « On tombe sous le charme de Anne et on se laisse emporter, on remonte dans le temps au 20ème siècle direction le Canada que l’on découvre à travers son regard solaire et sa personnalité haute en couleur », conclura-t-elle. La saga, vendue à plus de 60 millions d’exemplaires, a été adaptée par la plateforme Netflix et est également disponible en DVD à la vidéothèque.