Récit

Harcèlement et extorsion de fonds : la vengeance d’une maîtresse

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La prévenue devra verser 14 500 euros de dommages-intérêts à la victime - © Monaco Tribune

Selon la contrevenante, son ex-compagnon lui avait promis de quitter sa conjointe pour fonder une famille avec elle.

Ils entretenaient une relation régulière depuis 2021, mais tout a basculé lorsqu’il décide de la quitter. Si leur relation n’a duré que quelques mois, après la rupture, la trentenaire d’origine chinoise semble particulièrement affectée et commence à harceler son ex-compagnon, un agent immobilier de la région. D’après un constat d’huissier, 2 620 messages ont été comptabilisés sur neuf mois, avec des termes parfois insultants et dégradants, et il arrivait que la victime recevait jusqu’à 40 appels à la minute, et ce, de jour comme de nuit. Une situation qui lui vaudra sept jours d’ITT.

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C’en est trop, l’homme décide de porter plainte, d’autant que l’intéressée lui réclame un versement de 11 000 euros, sans quoi elle menace de dévoiler sa relation extra-conjugale à sa conjointe. On apprendra par le tribunal que l’homme lui avait déjà effectué un virement de ce montant par le passé, afin qu’elle puisse s’acquitter d’une amende vis-à-vis de l’État français. Absent le jour de l’audience correctionnelle lundi 31 juillet dernier, l’agent est représenté par son avocat. La vendeuse, elle, a fait le déplacement. « J’étais très angoissée, il m’a utilisée. Je lui ai présenté des clients sans jamais lui réclamer de commission », explique la mère coquette, divorcée depuis une dizaine d’années.

« Des relations plutôt utilitaires »

Entendus par les enquêteurs, ses ex-compagnons ainsi qu’un ancien voisin ont décrit un comportement harcelant et des situations d’hystérie. « Sur Google, vous avez laissé des avis négatifs sur l’entreprise professionnelle de monsieur, avec différentes identités », relance le juge, jusqu’à ce que la prévenue reconnaisse les faits de harcèlement. Examinée par un psychiatre, aucun trouble particulier impliquant l’irresponsabilité pénale n’a été relevé. Cependant, le spécialiste dresse plusieurs constats : « la patiente a des difficultés à se remettre en cause, et elle entretient des relations plutôt utilitaires qu’affectives ». Il n’exclut pas non plus une certaine « dangerosité criminologique ».

Sur le volet extorsion de fonds, le président affirme que les 11 000 euros ont été virés mais que la mise en cause a tout de même divulgué le secret de leur relation, par le biais d’un mail adressé à sa compagne. À titre de dommages-intérêts, la victime, par la voix de son conseil, va demander en guise de préjudice financier 11 000 euros, soit le produit de l’extorsion, en guise de préjudice moral, 20 000 euros, et enfin 6 000 euros pour couvrir les frais de justice. « Mon client se reconstruit, et malgré cette turbulence son couple perdure », fait savoir l’avocat.

Six mois de prison avec sursis requis

Du côté de la défense, l’avocat conclu : « elle était amoureuse et a vécu cette séparation comme une injustice. Elle avait tout pour croire que leur histoire allait durer. Monsieur la chouchoutait, elle était couverte de cadeaux. Aujourd’hui elle a pris conscience de la gravité des faits et va suivre une thérapie. Je vous demande un ajournement de la peine d’une durée de six mois pour lui laisser le temps de faire ses preuves. »

Le tribunal ne suivra ni les demandes de la défense, ni les réquisitions du procureur qui étaient de six mois de prison avec sursis, et prononcera une peine de deux mois avec sursis avec une interdiction d’entrer en contact avec la victime pendant deux ans, par quelque moyen que ce soit. Elle devra également verser la somme de 14 500 euros, tous préjudices confondus.