Pour le Prince Albert II, « nous ne devons plus perdre un instant » face au changement climatique

Ce mercredi, le Souverain prenait la parole devant à la tribune des Nations-Unies à l’occasion de la 78ème Assemblée Générale de l’organisation mondiale. Retour sur la semaine du Souverain à New York.
Cette année, la thématique du débat général – la réunion annuelle des chefs d’État et de gouvernement au siège de l’Organisation – était la suivante : « Reconstruire la Confiance et Raviver la Solidarité Mondiale ». Mercredi après-midi, c’était au tour du Prince Albert II de s’exprimer. Tel que l’avait indiqué le Palais Princier, les sujets du changement climatique, de la protection de la biodiversité ou de l’intelligence artificielle ont été abordés dans ce discours. En voici quelques extraits :
« Avant toute chose, permettez-moi d’adresser mes plus sincères condoléances aux autorités du Maroc et de la Libye suite aux événements dévastateurs survenus dans ces deux pays.
En 1993, je prenais pour la première fois la parole depuis cette tribune en qualité de chef de la Délégation de la Principauté de Monaco à la 48ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Alors que mon pays a célébré le trentième anniversaire de son admission au printemps dernier, sachez que ma détermination à faire en sorte que Monaco contribue activement à la réalisation des desseins de la Charte est d’autant plus forte que les défis qui nous menacent ne cessent de s’amplifier et nous obligent.
Le respect de l’environnement et des espèces sauvages sur terre et en mer ainsi que le soutien à la science ont été des priorités fondamentales pour les Princes de Monaco à travers les siècles. Aujourd’hui ce qui était un engagement sans faille est devenu une obligation pour notre survie.
Voilà pourquoi Monaco a signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique et, ultérieurement, celle sur la lutte contre la désertification. Ces traités internationaux, bien que complétés par la suite, continuent de guider nos actions pour préserver la planète d’une catastrophe environnementale qui pourrait réduire à néant tout progrès.
Nous ne devons plus perdre un instant : les « événements climatiques extrêmes », inondations, sécheresses, incendies, dont la fréquence et l’intensité ne cessent d’augmenter, engendrent déjà la souffrance de millions d’individus et exigent de notre part des mesures urgentes et drastiques.
La jeunesse de nos Nations nous place face à une responsabilité cruciale : celle de veiller à la préservation de l’air qu’elle respire, de la terre sur laquelle elle grandit, ainsi que des mers et des océans qui sont le berceau de l’Humanité et la clé de sa survie. Ce combat ne prendra jamais fin.
Voilà près de 600 jours que la Russie a pris la décision, en violation du droit international, de lancer une agression à grande échelle contre l’Ukraine. Agression dénoncée, ainsi que ses conséquences humanitaires et environnementales, à plusieurs reprises par notre Assemblée. Je tiens à exprimer, ici, à nouveau la solidarité de Mon pays face à ces évènements tragiques et aux destructions endurées chaque jour par les populations civiles.
La quête de l’innovation est inhérente à la nature humaine et mérite notre soutien lorsqu’elle est orientée vers l’amélioration de la vie de nos populations. Bien que nous soyons fascinés par les avantages des outils numériques qui simplifient notre vie quotidienne, nous ne pouvons en négliger les dangers.
L’intelligence artificielle se révèle souvent plus efficace et fiable que l’homme dans de nombreuses tâches. Pour autant, elle peut être comme la langue d’Esope, à la fois la meilleure et la pire des choses pour l’Humanité. Des cyberattaques utilisant l’IA visent déjà des infrastructures critiques comme les hôpitaux et les opérations d’aide humanitaire de l’ONU. L’industrie de la sécurité et de l’armement exploitent ces techniques dont le potentiel soulève des problèmes éthiques, peut-on laisser une machine décider de la vie ou la mort d’un être humain ?
Je conclurai en exprimant l’espoir que nous parvenions à améliorer l’efficience de notre Organisation afin qu’elle puisse pleinement réaliser sa mission initiale : celle de préserver la paix entre les Nations et le bien-être de notre commune humanité. »
Le discours entier du Souverain est disponible sur cette page.

Monaco a signé un traité historique
Il y a quelques mois, le traité BBNJ, communément appelé « traité sur la Haute Mer », était adopté par les États Membres des Nations Unies, après 15 ans de négociations. Un accord sans précédent, qui place en son cœur la protection de la biodiversité marine en haute mer et un cadre juridique pour protéger les les zones maritimes qui ne sont sous l’autorité d’aucun État.
« Par cet accord nous rompons le statu quo. Nous nous engageons à lutter plus efficacement contre les menaces qui touchent les mers et les océans, en particulier les pertes massives de la biodiversité marine, les destructions d’habitats et d’écosystèmes marins, la pollution, la surpêche et les effets néfastes du changement climatique », avait déclaré le Souverain au mois de juin.

Les signatures de cet accord ouvraient ce mercredi 20 septembre – et le resteront pendant deux ans – et Monaco a officiellement signé dans l’après-midi. 80 signatures sont attendues d’ici la fin de semaine. Viendra ensuite l’étape de la ratification de chaque État signataire. Pour que le traité entre en vigueur, 60 doivent le ratifier.
Les multiples rencontres du Souverain
L’Assemblée Générale de l’ONU est propice aux rencontres et le Prince Albert II n’y a pas manqué. En début de semaine, le Souverain s’entretenait avec Gildo Pastor, Consul général de Monaco à New York, puis avec l’ancienne secrétaire d’État française Brune Poirson. Mardi, direction la Mission Permanente de la République de Corée pour y rencontrer son président Yoon Suk-yeol avant d’accueillir, au sein de la Mission Permanente monégasque, une délégation de l’Arabie saoudite.
La semaine du Prince Albert II s’est poursuivie par un entretien, mercredi, avec Luka Walton, fondateur de Builders Vision. Les deux hommes se sont entretenus à propos de leurs fondations respectives, avec la perspective d’un accord multiannuel pour que la Fondation Prince Albert II renforce sa plateforme Ocean Innovators : une journée organisée en Principauté pour promouvoir l’entrepreneuriat, l’innovation et l’investissement tournés vers une économie bleue durable.

La journée de mercredi s’est conclue par une photo aux côtés du couple présidentiel américain au Metropolitan Museum of Art de New York. Le Prince Albert II était convié à la traditionnelle réception offerte par le président américain Joe Biden aux Chefs d’Etat assistant à l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Maintenir les relations avec l’Union européenne
Alors que Monaco a récemment suspendu ses négociations avec l’Union européenne, le Prince Albert II a profité de son voyage pour s’entretenir avec le Vice-Président exécutif de la Commission Européenne Maroš Šefčovič et réaffirmer les liens d’amitié entre la Principauté et l’UE.

Une semaine auparavant, c’était avec Maroš Šefčovič qu’Isabelle Berro-Amadei, Conseiller de Gouvernement-Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération constatait l’impossibilité « de concilier les exigences de l’Union européenne avec les lignes rouges arrêtées par S.A.S. le Prince dès l’ouverture de ces discussions, qui visent à s’assurer du maintien des conditions actuelles de vie, de travail et de logement des nationaux et des résidents en Principauté », au terme d’un échange « franc et cordial. »
À l’image des bonnes relations entretenues par le Souverain et la Commission Européenne, le Ministre d’État Pierre Dartout assurait, ce mercredi, que Monaco « ne tourne pas le dos à l’Europe. » « Nous sommes toujours animés par le souci d’avoir un partenariat avec l’Union européenne, sous quelque forme que ce soit », avait-il développé.