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Récit

Accès à la Principauté : bientôt un parking de 3 000 places à Eze ?

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La Séance publique du 12 octobre était consacrée au Budget rectificatif 2023 - © Conseil national

Le Ministre d’Etat a annoncé ce projet lors de la Séance publique Budgétaire de jeudi.

Ce jeudi 12 octobre au soir, le Gouvernement Princier et le Conseil national se sont réunis au sein de l’Hémicycle pour la Séance Publique Budgétaire.

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Après avoir exprimé son émotion face au conflit qui secoue Israël, et avoir demandé une minute de silence en hommage aux victimes, la Présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, a invité les présidents des différentes commissions à faire le point sur les avancées de leurs travaux respectifs.

Puis, le projet de loi n°1079, portant fixation du Budget général Rectificatif de l’Etat pour l’exercice 2023, rapporté par Franck Julien, a été examiné. « Le projet de loi a été déposé le 30 juin 2023 et la commission a rapidement formulé 67 questions. Les réponses reçues du Gouvernement, le 1er août, se sont révélées décevantes à plus d’un titre », a introduit le Président de la commission des Finances et de l’Economie nationale.

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Franck Julien a souligné « le manque d’anticipation du Gouvernement » – © Conseil national

Evoquant un contexte international et financier « anxiogène » et une « épée de Damoclès » faisant craindre un retour sur liste grise, Franck Julien a déploré « le manque d’anticipation d’un prévisionnel de recettes de la part du Gouvernement. »

Le Conseiller national avait justement soulevé ce point lors de la conférence de presse de rentrée de l’Hémicycle. « Ce budget rectificatif n’est rien moins que le reflet d’une politique manquant de visibilité, en contradiction directe avec les principes fondamentaux de prévision et de responsabilité. La projection des recettes doit être bien plus qu’une simple formalité. Elle doit être le GPS qui guide notre Principauté à travers un labyrinthe de défis budgétaires », a-t-il encore affirmé.

Franck Julien a par la suite formulé trois demandes : un prévisionnel des recettes à cinq ans, la livraison de 100 appartements domaniaux supplémentaires en 2027 et un plan stratégique de mobilité.

Parking, liaison rapide, métro Nice-Monaco…

Sur ce dernier point, le Ministre d’Etat, Pierre Dartout, a annoncé un grand projet : celui de construire un vaste parking-relais à Eze, plus précisément sur le site de la Brasca, qui comporte 20 hectares de superficie et qui appartient à l’Etat monégasque. Un parking de 3 000 places, qui « permettra de capter une grande partie des flux routiers d’entrée de ville, contribuant ainsi à une diminution sensible du trafic. »

Le Gouvernement a ajouté que ce projet sera complété par une trémie, « dont la réalisation est prévue à plus brève échéance. » Autre grande annonce de Pierre Dartout, ce parking « doit être accompagné d’une liaison directe et rapide vers la Principauté, souterraine et par rails, par exemple. »

Un premier pas, donc pour désengorger l’accès à la Principauté. Mais pour cela, Monaco devra coopérer étroitement avec les autorités françaises. Le Gouvernement a précisé que des études environnementales ont été lancées, pour mesurer l’impact écologique de ces projets.

« Il est ainsi question d’identifier les éventuelles contraintes règlementaires françaises liées à la présence d’espèces protégées sur l’emprise du futur parking, puis des résurgences liées à une liaison souterraine. L’objectif est de disposer de la hiérarchisation des enjeux écologiques et d’un véritable outil d’aide à la décision et de travail pour l’intégration environnementale de cette nouvelle infrastructure », a expliqué Pierre Dartout.

Le Ministre d’Etat a aussi abordé la question souvent soulevée d’un métro qui relierait Nice et Monaco. « Dans notre esprit, le parking relais à la Brasca n’exclut pas, dans un second temps, un raccordement par métro avec Nice. Cette idée est en effet intéressante, mais elle est aussi particulièrement difficile à mettre en œuvre de par son ampleur, son coût et la multiplicité des acteurs qui seraient impliquésDès lors, vous l’aurez compris, notre priorité est de solutionner le principal goulet d’étranglement autour de Monaco, ce que permet de faire le projet de la Brasca. »

« Je déplore l’image que le Conseil national tente de donner du Gouvernement »

« Nous aurons donc mis sept ans [depuis l’acquisition du terrain, ndlr] avant d’avoir une étude de plus, a toutefois regretté Brigitte Boccone-Pagès. Vous ne pourrez donc toujours pas nous fournir de calendrier précis pour la mise en œuvre de cet équipement indispensable pour le maintien de l’attractivité professionnelle de notre pays. »

Après avoir affirmé « que le Gouvernement partage les priorités du Conseil national pour l’avenir », le Ministre d’Etat a pointé du doigt « des analyses teintées de pessimisme et une inquiétude quant à un prétendu manque de vision du Gouvernement. » « Je le dis posément et fermement : je déplore l’image que le Conseil national tente de donner du Gouvernement Princier. (…) Soyons conscients du privilège de vivre à Monaco. Il ne s’agit pas de s’endormir sur ses lauriers, bien au contraire. Je suis d’accord avec vous : il faut toujours faire mieux. Il s’agit simplement de faire preuve de mesure et d’objectivité au moment d’aborder nos débats budgétaires. (…) Avec une attitude positive, nous pouvons faire de grandes choses. (…) Certaines critiques nous paraissent systématiques », a-t-il ajouté.

Des propos qui ont fait réagir Brigitte Boccone-Pagès, qui a demandé s’il ne s’agissait pas là d’« une énième provocation » de la part du Ministre d’Etat. « Je ne serai pas la Présidente d’un Conseil national qui serait à nouveau brocardé comme l’empêcheur de tourner en rond ou comme le porte-voix de demandes déraisonnables ou déconnectées des réalités », a-t-elle indiqué.

Jean-Louis Grinda a cependant rappelé qu’une coopération entre les deux instances est possible et qu’il faut « impérativement, dans l’intérêt général du pays, changer de méthode et travailler ensemble de façon constructive tout en assumant nos saines différences. » Le Vice-Président de l’Hémicycle a assuré que le Conseil national souhaite « privilégier un dialogue plus constructif. »

Le Budget rectificatif 2023 a été fixé à 2,2 milliards d’euros, avec un solde excédentaire de 10,1 millions. Il devra être voté mercredi.