Cancer du sein : « Il ne faut pas avoir peur de faire sa mammographie »

Les Docteurs Mathieu Liberatore et Marie Blouet, du CHPG, ont rappelé les bons réflexes pour Octobre Rose.
C’est une importante campagne de prévention qui se tient chaque année au mois d’octobre. Avec Octobre Rose, les professionnels de santé incitent les femmes à prendre toutes les précautions nécessaires pour dépister au plus tôt cette maladie, qui touche encore une femme sur huit en France. Car plus le cancer est diagnostiqué tôt, plus les chances de guérison sont élevées.
« Depuis quelques années, on est arrivé à un taux de guérison au-dessus de 90%, grâce aux progrès dans la prise en charge des patientes, nous explique le Docteur Mathieu Liberatore, radiologue et sénologue au CHPG. C’est aussi grâce aux campagnes de dépistage et aux équipements que nous avons, qui nous permettent de détecter les lésions à un stade beaucoup plus précoce. La prise en charge sera donc moins lourde, qu’il s’agisse de l’intervention chirurgicale ou des traitements complémentaires. »
Car c’est là un autre intérêt d’un dépistage rapide : éviter certains traitements lourds ou contraignants. « Selon la taille du cancer, le traitement va changer complètement, détaille le Docteur Marie Blouet, radiologue au CHPG et en ville. On peut enlever juste la lésion ou complètement le sein, ce qui n’est pas du tout la même chose pour la patiente et son ressenti. Une mastectomie, ce n’est pas rien même si on fait de la reconstruction derrière. »

« Sur la reconstruction, d’ailleurs, on a aussi beaucoup progressé, ajoute le Docteur Liberatore. Certaines de mes patientes me disent même que leur poitrine est plus belle qu’avant. En résumé, le dépistage est très important non seulement pour le taux de guérison, mais aussi pour l’impact sur la qualité de vie. Ça permet à une femme de conserver sa féminité, de ne pas subir des traitements agressifs comme la chimiothérapie, qui n’est pas systématique du tout. »
L’auto-palpation sans obsession
Alors, comment savoir qu’il faut consulter ? Pour le Docteur Blouet, la première chose à faire, c’est l’auto-palpation, en dehors du cycle menstruel.
« La femme est celle qui connaît le mieux son corps, détaille-t-elle. C’est assez simple de s’examiner, par exemple sous la douche, avec du savon (le gel douche favorise le ressenti), une fois par mois. »
Et à l’occasion d’Octobre Rose, le CHPG a mis en place « la Pal’patrouille » : des équipes locales font le tour des entreprises de Monaco pour former les femmes à l’auto-palpation, grâce à un faux buste qui présente différentes anomalies. Le but : leur montrer ce qu’elles doivent repérer ou sentir.
« Quand on sent quelque chose, il ne faut pas hésiter à aller consulter. Soit on se rassure, soit on se fait prendre en charge rapidement », détaille le Docteur Blouet.
Mais attention à ne pas non plus devenir obsessionnelle, prévient le Docteur Liberatore. Certaines poitrines présentant naturellement des mastoses ou autres irrégularités, le tout est de repérer ce qui change. Surtout chez les femmes les plus jeunes.
« On renforce le dépistage à partir de 50 ans, mais 20% des cancers du sein ont lieu avant. Il faut donc les dépister, par exemple avec une mammographie à partir de 40 ans », précise le Docteur Blouet, qui rappelle d’ailleurs que les femmes doivent procéder à un examen chez leur gynécologue ou médecin traitant au moins une fois par an à partir de 20 ans.
Quels sont les facteurs de risque ?
La précaution est d’autant plus de mise en cas d’antécédents familiaux, le premier facteur de risque. Mais attention : le cancer du sein étant très fréquent, de très nombreuses familles comptent au moins un cas, sans pour autant être considérées comme « à risques. » Alors, quand faut-il être vigilant ? Le Docteur Liberatore nous explique :
« Il faut prendre en compte le nombre de cas, mais aussi l’âge auquel est survenue la maladie. Après 60 ans, on est dans un âge où l’incidence est de toute façon plus grande dans la population générale. Ce sont donc les cancers survenus jeunes qui constituent un facteur de risque. »
De même, l’apparition d’un cancer du sein masculin au sein de sa famille doit alerter. Beaucoup plus rare, puisque seulement 1% des cancers du sein touche les hommes, il doit inciter les patientes à en parler à leur médecin traitant et à renforcer leur surveillance. Pour rappel, le cancer du sein masculin se traduit généralement par un gonflement, une gêne et/ou une douleur au niveau de la poitrine, ce qui ne doit donc surtout pas être négligé.
Les patientes qui ont également souffert de certaines maladies par le passé ayant nécessité des rayons, comme un lymphome, ou la maladie de Hodgkin, sont aussi davantage exposées au cancer du sein. Enfin, une mauvaise hygiène de vie (tabac, sédentarité, mauvaise alimentation…) peut, comme pour tout cancer, constituer un facteur de risque supplémentaire.
Le Breastday : un parcours de soin facile et personnalisé
Si les campagnes de prévention se multiplient, les Docteurs Blouet et Liberatore le constatent : le travail n’est pas terminé. « Nous sommes dans une région où les femmes font des mammographies plus régulièrement qu’ailleurs en France, nuance le Docteur Blouet. Mais il faut encore en parler. »
Et si le manque de temps ou le simple oubli peuvent expliquer aisément l’absence de consultations pour certaines patientes, la plupart ne prennent pas rendez-vous pour une mammographie par peur.
« Beaucoup ont peur qu’on trouve quelque chose, d’autres ont peur d’avoir mal pendant l’examen. Mais les techniques ont changé, il ne faut pas avoir peur de faire une mammographie », soutient le Docteur Blouet.
« C’est un examen stressant, beaucoup sont angoissées avant », appuie le Docteur Liberatore. C’est donc pour rassurer les patientes et leur permettre de gagner du temps que le CHPG a mis en place depuis quelques mois le « breastday ». Un parcours de soin destiné aux patientes qui ont découvert une anomalie, ou qui sont déjà diagnostiquées d’un cancer.
« On fait d’abord une pré-consultation par téléphone pour savoir ce qu’il en est, puis on fait venir la patiente pour le bilan initial, afin de proposer le traitement optimal. On coordonne la consultation sur une demi-journée ou une journée au CHPG : le radiologue fait les examens complémentaires et la biopsie, si besoin. On peut organiser un rendez-vous avec le chirurgien, le psychologue… On essaie de coordonner tous les professionnels de santé pour que la patiente se sente bien prise en charge et ne se rajoute pas le stress d’accéder aux différents spécialistes », explique le Docteur Liberatore.
Vous vous sentez concernée ? Vous pouvez contacter le service du Breastday au +377 97 98 99 55.