Le Budget rectificatif est adopté malgré l’abstention des élus
Une seule voix a voté le texte : celle de la Présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès.
Ce mercredi soir, le Gouvernement Princier et le Conseil national étaient de nouveau réunis au sein de l’hémicycle pour le vote du projet de loi n°1079 portant fixation du Budget Général Rectificatif de l’exercice 2023.
Après des séances pour le moins houleuses – Franck Lobono parlera même de la « funeste séance de lundi soir » – 22 des 23 élus présents ont opté pour l’abstention. Seule la Présidente, Brigitte Boccone-Pagès, a voté pour ce Budget rectificatif, permettant au texte d’être adopté.
Malgré ce vote, la Présidente du Conseil national a soutenu les élus en avertissant le Gouvernement :
« Nous ne pouvons plus continuer comme cela. Le Conseil national ne peut plus être considéré par le Gouvernement comme une quantité négligeable. (…) Nous ne sommes plus, à ce stade, dans la recherche d’ajustements. Les élus du Conseil national ne peuvent plus être considérés comme de simples empêcheurs de tourner en rond. (…) Nous ne pouvons pas laisser la situation se dégrader, séance publique après séance publique. Au bout d’un moment, il faut savoir dire « stop. » »
Le Budget rectificatif, « budget de la discorde »
Les élus, quant à eux, ont été nombreux à prendre la parole pour expliquer ce vote qui met fin à « la tradition qui veut que les rapporteurs votent en faveur du projet de loi dont ils ont la charge », comme l’a expliqué Franck Julien, ajoutant que le budget « souffre d’une myopie chronique » et « a besoin de lunettes pour se doter de vision à long terme. »
Jean-Louis Grinda a aussi pointé du doigt le nouveau paramétrage du Centre commercial de Fontvieille, « appris sur le siège. » « Cette décision est incompréhensible puisque le Gouvernement nous avait présenté ce projet comme s’auto-finançant en un peu plus d’une décennie et pourvoyeur d’importantes recettes pour notre budget qui va en avoir grand besoin à moyen terme. (…) Je dis « assez ». Assez de budgets non maîtrisés à l’image du CHPG, que l’on persiste à appeler « nouveau » alors qu’il a dix ans de retard, ou à l’image de cette fameuse usine de valorisation des déchets dont le coût prévisionnel a déjà doublé en deux ans. Nous sommes donc à l’heure des choix, ces choix vous devrez les faire avec nous », a-t-il affirmé.
Des propos corroborés par Corinne Bertani : « Monsieur le Ministre, vous n’imaginez pas ce que cet épisode [du Centre commercial de Fontvieille, ndlr] a déclenché en ville. (…) On saccage un travail de six ans, on repart pour une attente interminable pour ce qui est, à ce jour, le seul investissement productif et rentable en cours. » « Pour moi, c’est tout simplement une honte », a déploré Nathalie Amoratti-Blanc.
Thomas Brezzo a pour sa part dénoncé des règles budgétaires « contournées ou bafouées. Les grands projets obtenus puis développés avec le soutien permanent du Conseil national sont abandonnés ou réduits au strict minimum. »
« Ce Budget rectificatif est le budget de la discorde. (…) Ne nous faites pas passer, ce soir, du budget de la discorde au budget de la rupture », a averti Franck Lobono.
Maryse Battaglia, Mathilde Le Clerc, Mikaël Palmaro, Karen Aliprendi, Fabrice Notari, Marine Grisoul, Philippe Brunner, Nicolas Croesi, Christine Pasquier-Ciulla, Jade Aureglia, Balthazar Seydoux, Christophe Brico, Marie-Noëlle Gibelli, Roland Mouflard et Béatrice Fresko-Rolfo ont également pris la parole pour motiver leur abstention.
Le Gouvernement « toujours ouvert au dialogue »
A l’issue du vote, le Ministre d’Etat, Pierre Dartout, a pris la parole. « Je retiens que ce Budget rectificatif est approuvé dans des conditions certes particulières, mais il est approuvé, ce qui est une bonne chose pour la Principauté au regard de l’impact qu’aurait pu avoir l’absence de vote. Beaucoup de choses ont été dites, qui soulèvent pour ma part un certain nombre d’interrogations. Je ne suis jamais très satisfait quand j’ai l’impression que ce que nous disons est un petit peu caricaturé. (…) Contrairement à ce que j’ai pu entendre, notre volonté d’agir dans l’intérêt supérieur de la Principauté est totale. J’enregistre ce qui a été dit avec gravité, mais je considère que nous avons bien travaillé, que nous pouvons très bien travailler ensemble. Je suis personnellement toujours ouvert au dialogue. (…) En ce qui concerne le Centre commercial de Fontvieille, nous n’avons jamais parlé d’abandon, jamais. Nous ne voulons pas d’abandon, nous voulons simplement réfléchir à une nouvelle redéfinition du projet au regard des données budgétaires. »
« L’heure est grave aujourd’hui. (…) Je vous demande solennellement, au nom de l’ensemble des élus, de repartir du bon pied, sur de bonnes bases », a conclu Brigitte Boccone-Pagès.
A noter que la Commission Plénière d’Étude prévoyant d’examiner le Budget Primitif 2024, préalablement programmée à l’issue du vote du Budget Rectificatif, a été annulée. A la demande des élus au Gouvernement, un nouveau projet de loi portant fixation du Budget Général Primitif de l’exercice 2024 va être déposé.