Les Sites Grimaldi #10 : Connaissez-vous le lien entre la ville de Grasse et Monaco ?
La Princesse Grace avait participé à un dîner de gala dans la ville emblématique du parfum dans les années 1960.
Célèbre pour son industrie du parfum, comme en témoignent le musée international de la Parfumerie en plein cœur de la ville ou encore la présence des grandes parfumeries comme Fragonard, Molinard et Galimard, Grasse est aussi connue pour sa cathédrale. Cathédrale catholique romaine édifiée dans la vieille ville qu’un certain Jean-André Grimaldi a bien connue, pour avoir été évêque de Grasse de 1483 à 1505.
Les traces du passage des Grimaldi
Cette bâtisse abrite de nombreuses peintures, dont certaines réalisées par Rubens, et porte encore les témoignages du passage de Jean-André Grimaldi, qui aurait par exemple fait restaurer le clocher en 1487 et aurait également fait établir le chœur sur la porte principale en 1495, dispositif imité quasi-simultanément à Vence. On lui doit aussi la création de l’archiprêtré de Grasse en 1496.
Par ailleurs, Jean-André de Grimaldi est figuré sur le retable de saint Honorat, visible dans la cathédrale, près du chœur, qui est attribué à l’école des Bréa. Agenouillé aux pieds du fondateur de Lérins, le donateur est représenté à une échelle bien inférieure à celle des autres personnages. Ce mode de représentation, fréquent dans la peinture médiévale, souligne la modestie du commanditaire.
Le retable de Saint-Honorat se trouve à l’intérieur de la Cathédrale Notre-Dame-du-Puy – © AS, Archives communales de Grasse et M. Graniou, Conseil Départemental des Alpes-Maritimes
Si Jean-André de Grimaldi est pressenti pour être cardinal, il meurt avant sa nomination, et c’est son neveu, Augustin Grimaldi, qui sera nommé ensuite évêque de Grasse de 1505 à 1532. Aumônier ordinaire de Louis XII et conseiller extraordinaire au Parlement de Provence, Augustin représente l’Église gallicane au Ve concile du Latran. Il est le dernier évêque nommé par le chapitre, puisque tous ses successeurs seront désignés par les rois de France.
Augustin Grimaldi a été, d’autre part, un acteur important de l’affirmation de la souveraineté de Monaco, en faisant reconnaître son indépendance par le pape et par l’empereur Charles Quint en 1524. Et comme son oncle, il s’était donné pour objectif pendant son épiscopat de refonder et repeupler les villages alentours comme Mouans-Sartoux, Cabris, Auribeau, Magagnosc, Pégomas, Valloris et Valbonne.
Le Prince Albert II en visite à Grasse
La population est venue en masse pour accueillir le Souverain ce 26 septembre – © Eric Mathon / Palais Princier
Le Souverain s’est remémoré volontiers les liens anciens qui unissent sa Famille à la ville azuréenne. « La ville de Grasse n’a jamais été administrée civilement par les Grimaldi, à la différence d’Antibes ou de Cagnes, par exemple. Toutefois, deux membres de ma famille se sont succédé comme évêques de Grasse entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle », a-t-il exposé, en référence à Jean-André et Augustin Grimaldi.
Avant de poursuivre : « du fait de la disparition prématurée et violente de ses deux frères aînés, Augustin devient seigneur de Monaco en 1523, alors qu’il est déjà évêque de Grasse depuis dix-huit ans. Formé aux universités de Turin et de Bologne, il est lié à des personnalités lettrées, comme le cardinal Jacques Sadolet, avec lesquelles il échange une abondante correspondance. Les livres de sa bibliothèque montrent qu’il incarne parfaitement l’esprit nouveau de la Renaissance. Prélat rigoureux, il réforme l’abbaye de Lérins, aux mœurs alors un peu décadentes. Habile politique au contact des trois grandes puissances européennes de son temps – le roi de France, l’empereur germanique et le pape – Augustin Grimaldi assure l’indépendance de Monaco en faisant reconnaître pour la première fois la souveraineté temporelle des Grimaldi par l’empereur et le pape. L’évêque Augustin est donc non seulement un facteur commun de l’histoire de nos territoires, mais un acteur majeur de leur construction. »
Après un échange de cadeaux, le Prince a dévoilé une plaque commémorative en hommage à Augustin Grimaldi, qui a été installée dans l’hôtel de ville, ancien Palais épiscopal, puis a visité la cathédrale – © Eric Mathon / Palais Princier
Le Prince s’est ensuite déplacé jusqu’au Musée d’Art et d’Histoire de Provence où il a également inauguré, dans le jardin, un parterre de roses « Grace de Monaco », en souvenir de la venue de sa mère en 1964. 55 ans plus tôt, la Princesse Grace avait en effet participé à un dîner de gala organisé dans les salons de l’hôtel de Clapiers-Cabris, actuel musée. Mémorable.
Lors de sa venue, la Princesse Grasse avait signé un livre d’or, comme en témoigne cette archive du Palais – © Palais Princier de Monaco
Avant de clôturer son déplacement, le Prince a souhaité rappeler ce que sa mère avait écrit à propos de la rose que l’on surnomme « la reine des fleurs » : « qu’y-a-t-il de si spécial dans une rose qui en fait bien plus qu’une fleur ? Peut-être est-ce le mystère accumulé en elle au cours des temps, peut-être est-ce la joie qu’elle ne cesse de procurer. » À noter qu’avant la venue de la Princesse Grace, le Prince Albert Ier et son épouse la Princesse Alice s’étaient rendus à Grasse 20 avril 1891, pour rendre visite à la reine Victoria, alors en villégiature. La suite reste encore à écrire.