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Récit

Burn-out : Comment repérer les signes et l’éviter ?

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Pascale Caron a témoigné de son expérience dans un livre intitulé "Le burn-out de Wonderwoman" - © Philippe Fitte

La question a fait l’objet d’une conférence donnée par le Monaco Women in Finance Institute.

A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce samedi 25 novembre, le Monaco Women in Finance Institute (MWF) organisait à la Maison des Associations, jeudi 23 novembre, une conférence dédiée à la santé mentale en entreprise, et plus précisément au burn-out.

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Un syndrome qui se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » et qui, selon une étude menée par OpinionWay, aurait triplé depuis la pandémie de Covid-19, atteignant en 2022 le chiffre de 2,5 millions de personnes en France.

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De gauche à droite : Patricia Cressot, co-fondatrice et Présidente de MWF Institute, Laetitia Barraco, chargée de clientèle chez Suisscourtage Assurances, Pascale Caron, CEO de Yunova Pharma, Céline Cottalorda, Déléguée Interministérielle pour les droits des femmes, Caroline Jolly-Bellocci, ancienne avocat-conseil en entreprise à Monaco et en France, experte en santé mentale et Aude Lefevre-Krumenacker, chef de projet chez KPMG GLD et Associés Monaco – © Philippe Fitte

L’occasion pour le MWF d’alerter sur ce syndrome. Céline Cottalorda, Déléguée Interministérielle pour les droits des femmes a d’ailleurs rappelé en introduction que la violence peut prendre de nombreuses formes :

« Nombre de ces violences ne sont pas visibles, et elles sont plus pernicieuses que les coups. Elles s’installent plus facilement dans le temps long et laissent autant de marques chez les victimes, si ce n’est plus. (…) La santé des femmes est un enjeu et un sujet en soi, qu’il s’agisse de santé physique ou psychologique. Comprendre ses spécificités permet d’assurer une meilleure égalité entre les femmes et les hommes et d’œuvrer au bénéfice de tous. On peut donc se réjouir que les sujets liés au bien-être continuent de gagner en visibilité et que la peur et la honte d’en parler diminuent. Les burn-outs, les situations de harcèlement, sont de moins en moins des sujets tabous, mais ils restent difficiles à aborder. Trouver les mots à mettre sur des ressentis aussi complexes n’est pas un exercice facile, à plus forte raison quand on est une femme et qu’on évolue toujours avec le soupçon d’être « trop émotive ». »

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Céline Cottalorda a introduit la conférence – © Philippe Fitte

L’un des temps forts de la conférence résidait dans le témoignage poignant de Pascale Caron, aujourd’hui CEO de Yunova Pharma. Co-autrice du livre Le Burn-out de Wonder Woman, elle a détaillé son parcours au sein de la grande société internationale pour laquelle elle a travaillé pendant vingt ans et qu’elle « adorait », avant d’être touchée par le burn-out.

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Pascale Caron a livré son témoignage – © Philippe Fitte

« L’histoire a commencé cinq ans auparavant : j’étais dans une dynamique positive, je travaillais avec une cinquantaine de personnes, dans un environnement international, j’avais des clients extraordinaires, raconte-t-elle. Pour diverses raisons, j’avais le pied sur l’accélérateur, sur une autoroute. J’ai voulu tenir, me dire que j’étais forte, que j’allais réussir. (…) Jusqu’au jour où a commencé la descente aux enfers, j’ai commencé à sombrer et le burn-out est arrivé. Le stress est devenu chronique. (…) Je n’ai plus dormi pendant cinq mois. C’est pour cela que je ne veux pas qu’on galvaude le terme de « burn-out » : quand vous êtes en burn-out, vous avez déjà franchi le Rubicon. Et pour remonter la pente, c’est extrêmement long. L’important, c’est donc de prévenir. »

Quels sont les facteurs de risque du burn-out ?

Se basant sur ce témoignage, Caroline Jolly-Bellocci, ancienne avocat-conseil en entreprise à Monaco et en France et experte en santé mentale, a rappelé les principaux facteurs de risque au travail.

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Caroline Jolly-Bellocci a présenté les facteurs de risque – © Philippe Fitte

« Le stress est un stimulus ponctuel, qui n’a rien d’anormal en soi. Mais s’il devient chronique, il devient dangereux. De même, les violences internes et les violences externes peuvent aboutir à syndrome d’épuisement professionnel, qui lui-même peut conduire à des maladies, comme la dépression », a-t-elle rappelé.

Qu’ils soient cumulés ou isolés, les critères de risques au travail sont les suivant :

  • Les exigences du travail en lui-même (intensité, rythme, sollicitation, complexité)
  • Les exigences émotionnelles
  • La dégradation des relations au travail
  • Le manque d’autonomie
  • Les conflits de valeur
  • L’insécurité liée au contexte du travail

Quelles solutions face au burn-out ?

Si l’arrêt maladie est généralement la réponse qui s’impose en cas d’épuisement professionnel, il faut savoir que des contrats de prévoyance existent et proposent des services de prévention et d’assistance afin de lutter contre les risques psychosociaux (RPS).

Un accompagnement psychologique peut ainsi être effectué auprès du salarié. Les employeurs et dirigeants peuvent aussi effectuer un bilan d’absentéisme, afin de cibler les causes de ces absences et de proposer des solutions.

Des formations à destination des collègues peuvent également être mises en place. « C’est très important, souligne Pascale Caron. Si on m’avait avertie, je n’en serais peut-être pas arrivée à ces extrémités, même si j’étais dans le déni. »

Le sport peut aussi aider les salariés à gérer leur stress. « Toutes ces solutions peuvent être appliquées si l’employeur est dans une démarche bienveillante et soucieuse du bien-être des salariés. Si ce n’est pas le cas, les employés devront mettre en place des solutions individuelles », ajoute Caroline Jolly-Bellocci.

Les femmes biologiquement plus sensibles au stress

Cette prévention est d’autant plus primordiale que, biologiquement, les femmes sont moins résistantes au stress.

« Quand on a un stress ponctuel, le cortisol augmente. Mais quand on est en situation d’épuisement psychologique et physique, ce cortisol monte en flèche et reste « en haut« , explique Pascale Caron. Et s’il ne redescend pas, on ne dort plus. Or, il faut impérativement préserver son sommeil. (…) Un excès de cortisol a aussi un impact sur le poids, on peut grossir ou maigrir et on peut aussi oublier certaines choses. »

Problème : les femmes auraient une sensibilité accrue aux hormones du stress, ce qui n’est pas sans conséquence à long terme. « Ça affecte beaucoup les artères aux alentours de cinquante ans, au moment de la ménopause. Il faut donc faire très attention, prévient Pascale Caron. Il existe un syndrome, le syndrome « du cœur brisé » : le cœur prend une forme d’amphore et c’est apparenté à une crise cardiaque. Le stress a donc des répercussions tangibles sur notre santé physique et ce syndrome peut apparaître notamment en cas de problème émotionnel très important. »

Des coûts pour l’entreprise et pour l’Etat

Et les effets désastreux du burn-out ne se répercutent pas uniquement sur les travailleurs. Les sociétés aussi en pâtissent. Laetitia Barraco, chargée de clientèle chez Suisscourtage Assurances et spécialisée dans la protection sociale des entreprises, a donc pris la parole pour aborder un point essentiel : le coût du burn-out et des RPS pour une société.

On estimerait ainsi qu’en 2023, un salarié français sur deux aurait été en arrêt maladie suite à un burn-out ou équivalent, syndrome qui serait d’ailleurs la troisième cause la plus fréquente d’arrêt. Les jeunes salariés de moins de 30 ans seraient particulièrement touchés, ainsi que les personnels cadres.

Aussi, ce sont pas moins de 3,2 millions de travailleurs français qui sont aujourd’hui exposés à des risques de burn-out. Or, ces arrêts et l’absentéisme qui en découle ont un coût : en 2022, les arrêts de travail représentent en moyenne 4,5% de la masse salariale d’une société. Au niveau national, selon la CPAM, les arrêts liés au stress, au burn-out ou aux autres RPS, coûteraient entre 1,9 et 3 milliards d’euros.

De même, les entreprises peuvent alors subir une perte de productivité, une détérioration de la qualité de service, un stress supplémentaire pour les salariés qui doivent remplacer leurs collègues en arrêt, un temps consacré aux nouvelles embauches et aux formations, un climat social détérioré, ainsi qu’une réputation négative au sein du secteur d’activité.