Interview

Lisa Caussin-Battaglia : « Le titre va se jouer de quelques points en Thaïlande »

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Lisa Caussin-Battaglia au micro de notre partenaire Radio Monaco lors des Sportel Awards (© Radio Monaco)

La pilote monégasque nous a accordé une interview à l’occasion des Sportel Awards.

Après une manche étincelante aux États-Unis le mois dernier, qui lui a permis de décrocher la deuxième place, Lisa Caussin-Battaglia peut nourrir de grands espoirs en Thaïlande, en décembre prochain.

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Ses ambitions à moyen terme, sa présence aux Sportel Awards, ses derniers mois et son quotidien, parfois compliqué dans une discipline éreintante… Lisa Caussin-Battaglia s’est confiée, sans détour. Extraits.

Comment vous sentez-vous physiquement, un an après votre grave blessure ?

J’ai retrouvé 100% de mes moyens. Mais lors de ma dernière course aux États-Unis (Lake Havasu), j’ai ressenti énormément de stress au départ. J’ai repensé à mon accident au même endroit, un an auparavant. Il n’y a pas que mon accident, il y a aussi celui d’un autre pilote, qui est aujourd’hui toujours dans le coma. C’est assez traumatisant. J’ai eu ce petit moment sur la ligne de départ où je suis resté scotchée. C’est surtout sur cette course là que j’ai eu de l’appréhension.

J’ai deux titres de vice-championne du monde. Dans ces conditions, c’est extraordinaire. Il y a à peine un an, j’étais encore en béquilles

Quel regard portez-vous sur vos derniers mois de compétition ?

Cette année a été assez usante sur le plan mental. Mon entraîneur, Michel Torre, a dû reprendre le travail à plein temps, ce qui signifie qu’il n’est plus là pour m’accompagner au quotidien, même s’il consacre tous ses congés pour venir avec moi sur les courses. Malheureusement, pour le reste, cela est parfois pesant et cela a un impact sur mes performances. Je n’ai pas la force d’un homme pour porter un moteur toute seule. Mon jet ski est vieillissant en plus, ce qui fait que l’on a connu de la casse sur certaines courses. Tout cela me frustre beaucoup.

Malgré tous ces aléas, vous êtes quand même parvenue à enchaîner les résultats…

Je suis très contente de mes résultats, c’est vrai (sourire). J’ai fait deux fois deuxième dans ma catégorie. J’ai deux titres de vice-championne du monde. Dans ces conditions, c’est extraordinaire. Il y a à peine un an, j’étais encore en béquilles. Je ne pouvais pas espérer mieux. Le titre va se jouer de quelques points en décembre en Thaïlande.

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Lisa Caussin-Battaglia visera le titre en décembre en Thaïlande (Photo DR)

Où en êtes-vous dans votre double projet jet ski et voile, et votre éventuelle participation aux Jeux olympiques de Paris 2024 ?

Je n’y serai malheureusement pas. J’ai consacré plus de 350 heures à la voile, mais ça n’a pas suffi visiblement à montrer ma détermination. Pourtant, le Palais croyait beaucoup en mon projet. Ils étaient prêts à m’accompagner financièrement, j’aurais enfin pu vivre de mon sport. Mais cela a coincé du côté du Yacht Club de Monaco. Ils n’y croyaient pas pour 2024, ils m’ont dit qu’ils étaient plutôt partants pour 2028. Pour Paris, ils avaient déjà deux athlètes à prendre en charge (Alexander Ehlen et Jérémy Moutout). C’est une déception, car j’ai consacré énormément de temps et d’énergie dans ce double projet. J’ai fait beaucoup de sacrifices et j’ai parfois mis de côté le jet ski pour la voile. C’est frustrant. Mais la porte est ouverte pour 2028, on verra bien.

Et pourquoi pas en jet ski, si la discipline venait à être olympique d’ici là ?

Quand on voit les disciplines qui intègrent les JO, je me dis que tout est possible (rires). Pourquoi pas en 2032, qui sait.

J’ai encore de belles années devant moi, peut-être les meilleures. J’ai 29 ans, je suis toujours aussi motivée et déterminée

Quelles sont vos ambitions justement à long terme ?

J’ai encore de belles années devant moi, peut-être les meilleures. J’ai 29 ans, je suis toujours aussi motivée et déterminée. Les jet skis vont se moderniser, ils seront un jour électriques, alors pourquoi pas mener un projet écologique. J’ai beaucoup de motifs d’espoirs. Une chose est sûre, je ne vais pas m’ennuyer (sourire). Je me suis aussi inscrite à l’athlétisme, au triathlon et au rugby. Cela me permet de compenser les entraînements en moins que je faisais avec Michel. J’ai aussi un partenariat avec le Club 39. Ils ont un matériel exceptionnel. Beaucoup de pilotes de Formule 1 s’y rendent. C’est une salle de haut niveau.

Comment votre présence aux Sportel Awards a-t-elle été rendue possible ?

J’ai discuté avec Laurent Puons. Je lui ai dit que je trouvais l’évènement génial et que je serais heureuse de pouvoir venir si cela était possible. C’est important d’avoir des représentants monégasques, qui portent les couleurs de la Principauté à l’international, au milieu de tous ces athlètes de haut niveau. Grâce à ma présence aux Sportel Awards, il est plus facile pour moi de communiquer sur mes projets ensuite. C’est bénéfique pour ma carrière.