On a assisté à un cours de « munegascu » pour adultes : pourquoi pas vous ?
Ils sont dispensés gratuitement, la professeure étant rémunérée par l’Education Nationale.
Au 18 avenue des Castelans chaque lundi et mardi soir, un groupe d’une douzaine de personnes se rassemble, carnet et stylo en main, pour retrouver le temps d’une heure, la sensation d’être étudiant. Des étudiants aux cheveux grisonnants, certes, mais des étudiants quand même, et motivés à bloc. « On ne copie pas sur les voisins ! » clame Sylvie Leporati, professeure de monégasque dans les établissements scolaires qui, ce soir-là, a prévu d’entrée de jeu une dictée pour ses élèves.
Au milieu de la petite salle, Claude Manzone. La présidente du Comité National des Traditions Monégasques, qui est a l’initiative de ces leçons pour adultes, tient elle aussi à participer aux cours. Cette ancienne professeure de mathématiques profite désormais de son temps libre pour apprendre ce qui fait partie de « l’identité du pays ».
Pour que la langue perdure
Car il faut savoir qu’autrefois, cette langue n’était pas enseignée dans les écoles, « elle était même bannie des salles de classe dans les années 60 au profit du français, considéré comme « la belle langue », explique la présidente. Le monégasque se transmettait uniquement par les anciens. Aujourd’hui, et depuis 1976, à l’initiative de l’écrivain monégasque Georges Franzi notamment, le monégasque fait partie des enseignements obligatoires du CE2 à la 3ème », et déjà près de 30 ans que les cours pour adultes ont été mis en place.
Le Comité National des Traditions Monégasques fêtera ses 100 ans l’année prochaine – © Monaco Tribune
D’année en année, leur succès ne faiblit pas. Des Monégasques, des Enfant du Pays, des étrangers résidents à Monaco s’y intéressent. Ici dans le cours, participent une Italienne et une Russe, par exemple. « C’est une manière pour eux de s’imprégner de la culture du pays », avance Sylvie Leporati, qui précise par ailleurs que les cours de monégasque ont aussi permis d’aider les choristes du Cantin d’A Roca dans la prononciation des textes.
« Je viens chaque année, je redouble », glisse dans un sourire Laurent Bessone, qui assiste au cours depuis une dizaine d’années. Pour cet informaticien à la retraite, assister au cours est une manière de faire sa gymnastique intellectuelle hebdomadaire.
« Ça entretien la mémoire. En plus je parlais le monégasque « des rues » qui n’est pas tout à fait similaire au monégasque que l’on apprend à l’école », poursuit le Monégasque de 79 ans. Malheureusement, ce résident monégasque n’a pas vraiment l’opportunité de s’exercer, si ce n’est de temps à autre lorsqu’il se rend au marché. « Je l’emploie plutôt pour des expressions plutôt que pour tenir une conversation », reconnaît à son tour Sylvie Leporati.
Le monégasque, c’est comme l’Italien ?
À apprendre, le monégasque est, selon l’élève septuagénaire, « relativement facile, surtout pour les personnes d’origine italienne ». L’enseignante confirme tout en nuançant : « ça ressemble à l’italien car il y a des racines latines, comme ça ressemble à l’espagnol ou au portugais, mais c’est une langue à part entière avec ses particularités, sa conjugaison et son vocabulaire spécifique. »
Si pour les débutants, la professeure privilégie les mots de la vie quotidienne, elle réserve généralement les textes d’auteur aux avancés. « Malheureusement, ils sont relativement méconnus, même à Monaco. Louis Notari, par exemple, qui a écrit A legenda de Santa Devota en 1927, est extraordinaire. C’est notamment grâce à lui que nous avons conservé la trace écrite du monégasque, et il est important selon moi de connaitre ses écrits ».
Si vous aussi vous souhaitez découvrir ou redécouvrir les subtilités de cette langue, rendez-vous sur place, ou contactez le Comité National des Traditions Monégasques via l’adresse suivante : traditions@monaco.mc.
Infos pratiques :
Adresse : Académie des Langues Dialectales au 18 avenue des Castelans, 98000 Monaco
Cours débutant : mardi 18 heures / Cours avancé : lundi 18 heures