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Récit

Un livreur agresse une policière monégasque : 10 mois de prison avec sursis

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L'homme est poursuivi pour outrages, menaces verbales de mort et violences - © Direction de la Communication / Michael Alesi

Il s’était arrêté en plein milieu de la chaussée sur le boulevard Albert-Ier.

En plein mois d’août dernier, alors que les routes de la Principauté étaient particulièrement fréquentées, ce livreur de 37 ans stationne son véhicule de manière aléatoire, sur un passage clouté alors qu’il est en recherche d’une adresse. En observant la gêne occasionnée, une policière s’approche et, dans un premier temps, sécurise les piétons qui tentent de traverser. Elle décide ensuite, après dix minutes sans retour du chauffeur, de le verbaliser.

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Le dossier en main, le Président du tribunal correctionnel de Monaco décrit la scène : « monsieur revient très énervé et le ton monte rapidement. Il profère les premiers outrages, madame essaie de le contrôler et, en s’approchant de l’habitacle, il va fermer la portière sur elle en la blessant ». « Bouge-toi de là, sinon je t’écrase, ferme ta gu*ule », lui a-t-il notamment lancé. « Vous n’êtes pas juste mal garé, insiste Florestan Bellinzona, vous êtes carrément au milieu de la route », les images de la vidéosurveillance pour preuve.

La policière profondément choquée

Présent à l’audience mardi 21 novembre dernier, l’agent de police appartenant à l’Unité de Préservation du Cadre de Vie est invitée à s’exprimer. « Quand je suis arrivée sur les lieux, mon idée première n’a pas été de le verbaliser mais de prendre en charge les piétons. Lorsque j’ai vu monsieur, je l’ai salué et je n’ai jamais été outrageante avec lui. Je suis profondément choquée de ce qui m’est arrivé. Je ne fais pas ce travail pour embêter les gens, contrairement à ce qu’il affirme ». La fonctionnaire s’en sort avec une contusion du bras et des égratignures, ce qui lui vaudra un jour d’ITT.

Un des assesseurs, perplexe face au comportement détaché du prévenu, intervient : « avez-vous des regrets ? On ne vous a pas entendu présenter vos excuses au cours de l’audience ». Le trentenaire originaire de Saint-Nazaire finit par souffler un « pardon », à peine audible dans la salle.

« Se faire verbaliser n’est jamais agréable, nous sommes d’accord. Par contre, lorsque l’on est garé comme il l’était, on fait profil bas, plaide l’avocat de la partie civile. Je pensais que monsieur reviendrait sur ses déclarations, mais ses explications sont toujours invraisemblables. Il dit qu’il ne l’a pas vue lorsqu’il a fermé la portière, c’est faux. Concernant ses excuses, elles n’ont aucune sincérité. » Pour sa cliente, Me Hervé Campana demande 2 000 euros de dommages-intérêts.

« Moi aussi, j’aurais aimé un peu plus de maturité et moins de mauvaise foi, s’agace le Procureur Maxime Maillet. Pendant un contrôle, on respecte l’agent et on fait ce qu’il nous demande. Madame a simplement fait son travail, et peut-être qu’elle ne l’aurait pas verbalisé s’il était arrivé en s’excusant. Monsieur doit l’entendre, il encourt 10 ans de prison et 18 000 euros d’amende. Ces faits sont bien entendu aggravés par le fait que la victime est un policier dans le cadre des ses fonctions. » Le Parquet requiert 10 mois de prison avec sursis.

Un travail stressant

Pour assurer la défense du prévenu, Me Grégoire Gamerdinger rappelle que le travail de son client est particulièrement stressant. « Oui, la contravention est méritée mais comprenez que parfois, les livreurs n’ont pas d’autre choix que de se garer comme ça. La réaction inappropriée qu’il a eue était liée au stress, et il n’avait pas la volonté de blesser l’agent. Je vous demande de faire preuve de clémence pour ce primo-délinquant ».

Après en avoir délibéré, le tribunal tranchera pour 10 mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende. Il accordera également à la jeune femme 500 euros de dommages-intérêts.