Dans cette classe de 5ème, nous avons assisté au cours de « munegascu »
Le monégasque fait partie de l’enseignement obligatoire à Monaco, du CE2 jusqu’à la 3ème, puis est proposé en option au lycée.
« Qandu sì nasciüu ? » La leçon d’aujourd’hui porte sur la date de naissance. En demi-groupe, les élèves de la 5ème du collège FANB répondent chacun leur tour à la question : « quand es-tu né ? » Si le monégasque n’est plus vraiment parlé, ces élèves qui ont seulement 12 ans pour la plupart, n’en sont pas moins motivés. « C’est important d’apprendre cette langue car, même si on ne la parle pas couramment dans la vraie vie, elle représente les origines de Monaco et ses traditions », pense Maria Teresa, assise au premier rang.
C’est aussi parce qu’elle est très attachée aux traditions de Monaco, qu’Isabelle Albanese, la professeure, enseigne avec passion cette langue. « On la ressent à l’intérieur, c’est au plus profond de nous-même. Je suis à la base professeure d’italien, et au moment où s’est présentée l’occasion d’intégrer l’équipe des professeurs de monégasque je n’ai pas hésité. Car au-delà d’enseigner la langue, nous transmettons aussi un patrimoine, une culture. Le monégasque n’est effectivement plus vraiment parlé, mais il continue à vivre. Je me sens investie d’une mission. »
Le cours d’une heure de monégasque a lieu une fois tous les 15 jours, et le coefficient pour cette matière est de 0,5 – © Monaco Tribune
Une matière qui plaît
Le cours se déroule entièrement en monégasque, et les élèves s’en sortent plutôt (très) bien. « Je trouve que c’est assez facile de l’apprendre car ça ressemble beaucoup à la langue française. Aussi, j’ai des origines espagnoles et je comprends quelques mots grâce à cela, confie timidement Leia Levy située juste derrière Maria Teresa, avant de confier une anecdote amusante. Parfois j’utilise le monégasque avec ma soeur comme une petite langue secrète. On peut se dire par exemple qu’on a du chocolat et les parents ne le comprennent pas », sourit la fillette.
L’enseignante de nationalité monégasque confirme : « s’il y a toujours quelques réfractaires, c’est en général une matière qui plaît où les élèves sont plus détendus. On essaye aussi de faire des cours ludiques pour capter leur attention ». Du côté des parents, « s’ils étaient d’abord inquiets que l’emploi du temps de leurs enfants soit alourdi, ils sont favorables aujourd’hui et comprennent que cela fait partie de la culture du pays », confie le directeur pédagogique du collège, Franck Fantino.
Concernant le programme, « nous nous adaptons au cadre européen des langues, et les thématiques abordées sont les mêmes que pour les langues vivantes. On apprend à se présenter, à décrire sa maison, à parler de sa journée… Et nous essayons aussi d’intégrer tout ce qui touche au numérique », poursuit la Monégasque de nationalité, très attachée à son pays et à ses traditions. Pour la professeure, la principale difficulté dans cet apprentissage, c’est de pouvoir le pratiquer. « Les enfants ne sont pas beaucoup exposés à la langue, même si l’on trouve quelques références surtout à Monaco-Ville avec le nom des rues ou des restaurants par exemple ».
C’est une langue qui rattache les enfants à des souvenirs, et qui permet de découvrir le pays.
Isabelle Albanese, professeure de monégasque
Le Concours de Langue Monégasque
Une occasion en tout cas de mesurer son niveau de monégasque, grâce au Concours de Langue Monégasque lancé à l’initiative de la Mairie de Monaco avec la DENJS. Tous les élèves de la classe de CM2 jusqu’à la classe de 3ème y participent, plus les élèves en option au lycée. Composé d’une partie écrite où tout le monde concourt, seuls les dix meilleurs par niveau, se confrontent à la partie orale. La remise des prix a lieu habituellement en juin, dans la cour d’honneur de la Mairie. Un événement à la fois convivial et solennel auquel le Souverain et les autorités monégasques participent.
Si les révisions sont un peu plus importantes à cette période, « la préparation n’est pas spécifique car les sujets portent sur le programme de l’année », précise la professeure qui ne peut s’empêcher de cacher sa fierté face à la réussite de ses protégés. « On est très fiers quand ils arrivent à ce niveau-là, heureux de voir la joie dans leur regard et leurs bras pleins de prix ». Vous l’aurez compris, la langue officielle à Monaco est bien le français, mais « a lenga d’i nostri avi » n’a pas dit son dernier mot.