Récit

Il vole dans plusieurs palaces de la Principauté : 10 mois de prison ferme

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Dans cette affaire, les victimes ne se sont pas constituées partie civile - © Monte-Carlo SBM

Ce Mulhousien était jugé devant le tribunal correctionnel de Monaco mardi 16 janvier dernier.

Tout a commencé par le signalement d’un client de l’Hermitage auprès du personnel de l’hôtel cinq étoiles, après avoir constaté en début de soirée la disparition de 450 euros. Quelques heures plus tard, un couple de clients de l’Hôtel de Paris situé à quelques mètres, signale également un vol, celui d’une mallette de la marque Louis Vuitton.

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Aussitôt, les services de sécurité des deux palaces appartenant à la Monte-Carlo Société des Bains de Mer (SBM) visionnent les images de vidéosurveillance et s’aperçoivent qu’un individu s’est introduit dans les chambres des victimes. Rapidement interpellé par les autorités monégasques, il est placé en garde à vue.

Sauf que, situation exceptionnelle : il parvient à s’enfuir vers la France en passant par la fenêtre via un échafaudage, le bâtiment étant en travaux à cette période. Sans répondre aux multiples convocations de la justice monégasque, cette dernière décidera de délivrer un mandat d’arrêt en 2023. Et c’est sur cette base que l’homme sera finalement retrouvé et arrêté en Bulgarie en août 2023 pour être incarcéré dans le pays, avant d’être transféré en octobre à la maison d’arrêt de Monaco et être jugé.

Interpellé au Casino de Monte-Carlo

Arrivé menotté et entouré de policiers, ce dernier explique d’une petite voix que cet été-là, il était venu depuis Mulhouse avec sa famille, pour passer quelques jours de vacances sur la Côte d’Azur. S’il était hébergé avec sa famille à l’Hôtel Napoléon situé à La Turbie, cet addict aux jeux, qui était d’ailleurs interdit de jeux en France, n’a pas pu s’empêcher de franchir les portes du Casino de Monte-Carlo le soir des faits, et de perdre dans la foulée la somme de 2 000 euros. « J’ai marché, puis j’ai repéré les luxueux hôtels. Je me suis rendu dans les étages jusqu’à trouver des portes ouvertes », reconnaît cet homme d’apparence calme, qui s’est ensuite dirigé vers le Casino pour tenter de se racheter. C’est à cet endroit qu’il sera arrêté.

Dans la mesure où l’homme a déjà été condamné trois fois à plusieurs années de prison ferme pour cambriolage, le président s’interroge sur son implication ou non dans un réseau de cambrioleurs. « Non, répond le mis en cause. Ce que je souhaite désormais, c’est sortir de prison, m’occuper de mes enfants et ouvrir ma société. »

« Personne ne doit troubler ce havre de paix »

« Les faits sont graves, clame le procureur. Monsieur aurait mieux fait de ne pas prendre la fuite puisqu’à ce jour il a passé plus de cinq mois en détention dans le cadre de ce dossier. Devant vous il est penaud, mais il a eu une attitude fâcheuse. Il ne se reconnaissait pas sur les vidéos et a refusé de signer son procès-verbal. Je pense qu’il assume finalement devant vous après avoir subi les conditions de détention en Bulgarie qui ne sont pas les mêmes qu’à Monaco. » L’avocat de la défense précise en effet que dans le pays, l’hygiène des cellules était déplorable, et que les détenus étaient entassés dans de petits espaces.

Le parquet poursuit : « le prévenu a déjà été averti par les autorités judiciaires avec de lourdes peines fermes, et malgré cela, il commet un nouveau vol. Je suis surpris qu’il n’ait toujours pas compris. Ici à Monaco, toute personne doit pouvoir jouir de l’ordre public et personne ne doit troubler ce havre de paix. Je requiers six mois de prison ferme ».

Addict aux jeux et à l’alcool

Me Sosso prend la parole et confie : « cet homme était totalement perturbé et exténué lorsqu’il est arrivé ici. Il passait son temps à pleurer. Comprenez, les 2 000 euros lapidés dans le jeu représentaient le budget pour les vacances. C’était un déplacement familial, il n’y a pas de concertation, pas de réseau. Nous sommes aux antipodes de cela. Je vous assure, vous n’avez pas affaire à un professionnel. Non, il n’est pas primo-délinquant, mais ses antécédents datent de 2016. » Pour ce qui est de l’évasion, l’avocat monégasque rappelle que son client était alcoolisé, et qu’il n’avait plus conscience de ce qu’il faisait. « Je vous demande de prendre en compte les cinq mois de détention déjà effectués », conclut son conseil.

Une requête qui trouvera un écho favorable auprès du tribunal, qui condamnera le Français à dix mois de prison ferme, avec les mois déjà écoulés derrière les barreaux. Cela signifie donc que l’homme sera privé de liberté encore pendant cinq mois. À noter que la mallette et l’argent ont été restitués à leurs propriétaires.