Liam Fabre : de la cascade à la photo, il n’y a qu’un pas
À seulement 23 ans, ce jeune monégasque a déjà vécu plusieurs vies. De cascadeur professionnel, il passe désormais son temps derrière l’objectif, à immortaliser notamment les plus grands sportifs de la Principauté.
Aucune étiquette ne lui convient. Il suit ses rêves, c’est tout. Après avoir mené une carrière de cascadeur pendant deux ans et avoir tourné dans plusieurs clips, films et séries, Liam Fabre se consacre désormais à sa nouvelle passion, la photo, qu’il a commencé à approcher il y a deux ans. Même s’il est titulaire d’un bac pro hôtellerie qu’il a décroché au Lycée hôtelier de Monaco (actuel Lycée Rainier III), son rêve n’a jamais été de travailler dans l’un des palaces de la Principauté. « Je voulais juste passer mon bac car ma mère insistait, mais si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais arrêté l’école avant. J’avais besoin de bouger, de sortir, faire du sport. Dès la classe de 6e, je savais que je voulais devenir cascadeur, et beaucoup de professeurs me disaient que ce n’était pas un vrai métier ».
Mais il en fallait plus pour décourager Liam qui, un peu avant sa majorité, a intégré le Campus Univers Cascades. « Je prenais le train pour Agen pendant les vacances et j’assistais aux sessions de deux semaines. J’ai commencé à aimer ce métier en regardant des films d’action et le catch qui était vraiment à la mode lorsque j’étais petit. J’avais ces images en tête et comme je suis un grand rêveur, je me voyais déjà dans le cinéma. » Et le rêve est rapidement devenu réalité puisque Liam a tourné dans deux séries Netflix : Révolution et Mortel, et plusieurs films et clips.
Liam a participé pour la première fois à un tournage à l’âge de 18 ans – DR
L’envers du décor
De cette expérience, le Monégasque garde un souvenir unique. « J’ai vu tout l’envers du décor, c’est quelque chose d’assez incroyable. On ne se rend pas forcément compte, mais une scène d’une ou deux minutes peut demander une semaine de tournage. » Aussi, comme un acteur qui apprend son texte, un cascadeur travaille sa cascade. « La plupart des gens pensent que les cascadeurs ne réfléchissent pas et sont des casse-cous mais en réalité tout est calculé et chaque geste est millimétré. » Lors de la formation, toutes les cascades sont passées en revue. « On apprend à chuter de différentes façons, à différentes hauteurs, à exécuter des chorégraphies de combat, à être percuté par une voiture… J’étais le seul à faire de la cascade à Monaco. »
J’avais des rêves et j’ai travaillé énormément pour les réaliser
Si le métier de cascadeur reste un métier dangereux, toutes les précautions sont prises. Ainsi, hormis quelques petites entorses, Liam n’a jamais souffert d’importantes blessures. « On triche notamment avec des matelas, et on utilise des petites protections pour les coudes, les genoux, le dos… Elles sont invisibles sous les vêtements. Mais effectivement il faut savoir gérer sa peur et son stress. » Pour cela, Liam a pu compter sur le soutien des équipes et notamment d’une actrice qui l’a particulièrement marquée. « Je me suis bien entendu avec Sabrina Ouazani. Elle a un grand coeur et elle nous a très bien accueillis, encore maintenant elle soutient mon travail sur Instagram », sourit le jeune artiste.
Liam Fabre et Sabrina Sabrina Ouazani sur le tournage de Kung Fu Zohra- DR
De la cascade à la photo
Certes, la cascade était son rêve d’enfant, mais Liam avait d’autres projets en tête. Il a donc suivi son instinct, et, attiré par la photo, a commandé pour Noël 2021 un appareil. « Je connais ma famille, elle a dû se dire que cet intérêt allait durer un mois au maximum, et je pense que j’ai surpris tout le monde car je n’ai rien lâché ». Liam s’est formé seul, il est ce qu’on appelle un autodidacte. « J’ai visionné des vidéos sur Youtube absolument tous les jours pendant six mois pour apprendre. Je m’entrainais ensuite dans les rues de Monaco la nuit comme le jour, et je prenais souvent comme modèle mes amis », se souvient-il.
Liam a suivi Hugo Micallef pendant deux semaines, avant, pendant et après son combat – DR
Aujourd’hui, Liam gagne sa vie grâce à la photo. « Je fais des photos de sport, de mode, et maintenant j’ai aussi l’étiquette de photographe animalier par rapport à mes expositions précédentes. J’ai enchainé plusieurs voyages ces deniers temps. Kenya, Jordanie, Polynésie, Amazonie et le dernier Las Vegas ». Pour cette dernière escale, Liam a suivi un visage bien connu à Monaco, celui d’Hugo Micallef. « On avait des amis en commun et je lui ai proposé mes services car c’est le seul boxeur de la Principauté et j’aime supporter les gens du pays. Je voulais le mettre en valeur avec ce que je sais faire et je savais qu’on allait bien s’entendre. J’ai commencé à le photographier à Monaco, du vestiaire au combat, ça lui a plu, alors on a convenu que je le suivrai à Las Vegas pour son prochain combat ». Pour les curieux, plusieurs vidéos et photos ont été postées sur le compte Instagram d’Hugo Micallef. Et le super-léger monégasque n’est pas le seul sportif avec qui Liam a collaboré. Arthur Leclerc, l’un de ses meilleurs amis, a lui aussi pris la pose devant son objectif.
Retour en Amazonie
Prochain voyage de prévu : l’Amazonie en janvier. « Je vais tourner un reportage avec Isabella Vieira sur les femmes des tribunes indigènes dans la médecine », explique Liam avant de se livrer : « en voyage je cherche des expériences uniques. Je suis quelqu’un d’assez sensible. Je sais qu’il y a des personnes qui n’ont pas la chance de voyager et leur permettre de le faire à travers mes images, c’est incroyable. Cela me donne de la force pour continuer. Un de mes objectifs est d’accroitre ma communauté sur les réseaux sociaux. »
Instagram c’est mon CV, mais je suis en train de créer mon site, il devrait être prêt début 2024
Mais l’idée pour Liam c’est aussi d’exposer, afin de rencontrer son public. Après un an de pratique, il a eu la fierté d’organiser une première exposition sur le Kenya au studio 5MC, puis une seconde sur l’Amazonie au Méridien Beach Plaza en décembre 2023. « Le public est curieux de savoir comment se passe notamment l’immersion dans un safari, l’approche avec les animaux sauvages, et comment vivent les populations locales… Moi par exemple, j’adore jouer avec les enfants, et cela donne confiance aux parents. Pour ce qui est des animaux, mon guide, Valentin Lavis, m’a beaucoup formé et accompagné sur le terrain. »
Alors nous sommes curieux nous aussi de savoir comment approchent-on le roi de la jungle et les autres animaux potentiellement dangereux ? « Nous sommes allongés dans une voiture spéciale, avec des portes se rabattent afin que nous soyons à la hauteur des animaux. Ce n’est pas un zoo, et dans la vraie vie, ils dorment souvent le jour. Il faut donc être patient et se lever très tôt le matin, ou y être en fin de journée. »
Une photo emblématique
La patience paye, et cet éternel insatisfait nous confie avoir une petite préférée : celle du lion. Et pour cause, derrière cette photo, il y a toute une histoire à raconter. « Nous avons suivi pendant deux jours ce lion qui est le plus vieux de la réserve nationale du Masai Mara. C’est impressionnant de voir la manière dont il s’impose naturellement. Sur le cliché, il déguste l’hippopotame qu’il avait trouvé mort, et il porte une griffure sur la gueule, témoignage de la bagarre qui venait de se produire avec plusieurs lionnes. Il me faisait penser à Scar dans le Roi Lion », glisse-t-il des étoiles plein les yeux.
J’aime méditer et pendant mon temps libre, je sors en mer à Monaco avec des amis pour observer les cétacés
Finalement, la citation de Confucuis « choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie » colle parfaitement à la peau de Liam. « J’aime tellement ce que je fais que je n’ai pas du tout l’impression de travailler et en disant cela, je ne pense pas non plus que tout est lié à la chance. Pour en arriver là j’ai énormément travaillé. Encore hier je me suis endormi en regardant un reportage ». Prochain défi pour Liam : intégrer la Fondation Prince Albert II et faire de la photo engagée.