Jean-Christophe Caffet : quelles tendances économiques en 2024 ?
Depuis 17 ans, la Coface se rend en Principauté pour présenter l’état de l’économie dans les pays du monde entier, ou presque. La semaine dernière, l’organisme était l’invité du Monaco Economic Board.
Il est le chef économiste de la Coface depuis novembre 2021 et est venu présenter, pour la troisième fois, les risques-pays à Monaco. Devant une assemblée composée des adhérents du Monaco Economic Board (MEB) et de quelques invités externes, Jean-Christophe Caffet a fait le point sur la conjecture économique du globe, en se servant des analyses pays par pays que la Coface réalise. Pour rappel, la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur travaille avec plus de 50 000 entreprises et est présente dans plus de 100 pays.
« D’un risque à l’autre »
Pour cette conférence, organisée par le MEB et ses sponsors, la Banque Populaire de la Côte d’Azur et Gramaglia Assurances, Jean-Christophe Caffet a présenté l’intitulé suivant : « D’un risque à l’autre ». Là où en 2023 le risque était énergétique, il sera financier en 2024.
Les prix des matières premières agricoles « ont fortement corrigé », introduit le chef économiste. Ces niveaux de prix sont maintenant inférieurs ou proches de ceux enregistrés avant le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine. « Une exception importante à signaler avec le riz dont les prix restent très élevés. » Et pour cause, de mauvaises récoltes réalisées en Inde et le futur ne présage rien de mieux en raison d’El Nino, ce phénomène climatique qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie est de l’océan Pacifique sud.
Du côté des métaux, les cours sont relativement bas. « En Chine, la perspective de rebond qu’on avait eu fin 2022 avec la réouverture de l’économie a été un peu décevante », explique Jean-Christophe Caffet. En consommatrice majoritaire de métaux, la Chine est le déclencheur de ces prix bas. Si un prix reste très élevé, c’est celui du gaz, toujours deux fois supérieur aux montants pré-crise ukrainienne.
« L’inflation baisse partout »
Le chef économiste l’indique : le processus de désinflation « s’observe partout ». Que cela concerne les pays émergents ou les grandes puissances économiques mondiales, l’inflation diminue « pour les même raisons qu’elle a augmenté partout » après un choc commun, principalement alimentaire et énergique. « Quand les prix de l’alimentation et de l’énergie baissent, les prix à la consommation baissent aussi ». Les quelques exceptions dans le monde sont l’Argentine, le Venezuela ou encore la Turique, où l’inflation repart à la hausse.
Une baisse essentiellement « mécanique (…) qui n’a rien voir avec les politiques monétaires des banques centrales ». Le chef économiste juge que l’on prête trop de pouvoir à ces dernières concernant leur impact sur les prix à la consommation. « La baisse de l’inflation est liée à des effets de basse sur l’énergie et la baisse des prix des biens. Cette dernière est due au retour à la vie normale des chaînes d’approvisionnement après le covid, et le rééquilibrage des dépenses des ménages en faveur des services. »
Risque-pays : qui augmente sa note ?
Pour 2024, la croissance mondiale devrait être de l’ordre de 2,2%, essentiellement due aux pays émergents, l’Europe poursuivant sur son rythme « mou » et les Etats-Unis, qui avaient surperformé, devraient ralentir (de 2,4% en 2023 à 1,2% en 2024).
Malgré cela, Coface a relevé sa notation Risque Pays de 12 pays dont 6 en Europe. L’Italie qui avait été déclassée en 2022 devrait être reclassée de « B » en « A3 » en juin. Côté déclassement, seule la note d’Israël a été abaissée pour des raisons évidentes. Sur son autre classement, qui s’intéresse aux secteurs d’activités au niveau mondial, Coface a relevé la note de dix-sept secteurs et en a abaissé cinq, traduction d’un optimisme prudent qui fait suite aux chocs des crises récentes.
Enfin pour le plus long terme, Jean-Christophe Caffet voit dans la situation actuelle et à venir la fin d’un cycle de croissance forte et de faible inflation. Plusieurs défis de taille se présentent, à commencer par la transition énergétique « qui va coûter très cher dans un environnement de taux plus élevé. »