Portrait

Cécilia Marcacci, ce docteur au grand coeur

Dr Marcacci
Cécilia Marcacci est née à Perugia, une petite ville du centre de l'Italie - © Alain Duprat

Après une carrière de chirurgien cardiaque au Centre Cardio-Thoracique, Cécilia Marcacci pratique désormais la chirurgie capillaire à la Clinique Monte-Carlo où elle occupe le poste de directeur médical.

Dans son spacieux bureau lumineux de la clinique du Gildo Pastor Center, Cécilia Marcacci, nous a reçus entre deux rendez-vous. Avec son léger accent italien et son sourire communicatif, elle explique avoir beaucoup voyagé pour ses études, de Gênes à Barcelone, en passant par Strasbourg et New York. À travers ces déplacements, elle s’est spécialisée dans la transplantation cardiaque et dans la chirurgie robotique avant d’atterrir à Monaco via des rencontres, où elle a commencé par un stage au Centre Cardio-Thoracique.

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J’ai toujours décroché des postes de chefs et historiquement masculins, et je peux affirmer qu’il y a encore de nos jours une différence de traitement entre les hommes et les femmes. J’ai dû travailler deux fois plus pour avoir les mêmes mérites qu’un homme.

Piquée par le challenge, Cécilia Marcacci s’est lancé le défi, après dix ans en poste, d’évoluer vers la chirurgie capillaire. Elle obtient alors deux diplômes universitaires en deux ans seulement dont un à la Sorbonne, et intègre la Clinique Monte-Carlo. « J’ai repris les études à plus de 40 ans », sourit la jolie brune qui parle couramment le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. « Cotto e mangiato », glisse-t-elle dans sa langue natale, une expression pour désigner une chose faite au dernier moment, de manière spontanée, et rapidement.

Femme Leader de l’année

En faisant partie de l’association Femmes Leaders Mondiales Monaco (FLMM), Cécilia Marcacci a reçu le prix de Femme Leader de l’année 2024. « Je suis très heureuse et honorée car cela fait plus de dix ans maintenant que je travaille à Monaco et recevoir un prix en Principauté a une grande importance pour moi. J’ai beaucoup travaillé et je me suis énormément investie pour ma réussite professionnelle », réagit la quadragénaire.

Si ce prix récompense une carrière, il valorise également les qualités humaines du lauréat. Et elles ne manquent pas chez Cécilia Marcacci qui, en plus d’une positivité sans failles, a toujours fait preuve d’humilité en restant proche de ses équipes : « pour moi, la gardienne de l’immeuble a la même importance que mon bras droit au bloc opératoire. Je pense que c’est avant tout l’équipe qui fait un leader ».

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Le prix, matérialisé par une sculpture en bronze réalisée par Belinda Bussotti, Cécilia Marcacci l’a dédié à toutes les femmes, et en particulier à sa mère – © Direction de la Communication / Manuel Vitali

Dans cette organisation, Cécilia Marcacci a souhaité apporter sa touche personnelle et former les femmes à faire ce qu’elle sait faire de mieux : sauver des vies. Ainsi, chaque année en octobre, une cinquantaine de femmes sont invitées au Yacht Club de Monaco et le docteur leur enseigne à reconnaître un arrêt cardiaque, à pratiquer un massage cardiaque et à utiliser un défibrillateur. L’objectif serait pour elle qui a toujours eu cette vocation d’aider les autres, de partir un mois dans l’année faire de l’humanitaire. « Mes patients m’appellent pour tout, même pour un mal de ventre, et je n’arrive pas à dire non, je suis la copine de tout le monde et surtout le médecin qui essaye de sauver tout le monde », reconnaît-elle amusée.

Le goût du challenge

Comme son père, Cécilia Marcacci rêvait d’être manager, mais un épisode douloureux a réorienté la jeune femme. « Quand mon grand-père est décédé d’un problème au coeur, je me suis sentie tellement impuissante, que j’ai souhaité me diriger vers la chirurgie cardiaque. Je me suis dit je veux sauver la vie les gens, jusqu’à celle de mon père que j’ai opéré du coeur. Une fois cette opération spéciale réalisée, j’ai senti que j’avais accompli ce pour quoi j’avais été mise au monde, et j’ai immédiatement eu besoin d’un nouvel objectif ».

Le tout dernier qu’elle s’est lancé réside dans la chirurgie capillaire, domaine dans lequel la progression est importante : « nous avons quasiment tout découvert en ce qui concerne la chirurgie cardiaque, en revanche, dans l’esthétique, il y a encore beaucoup d’évolutions possibles », constate Cécilia Marcacci qui se dénote des dermatologues habituellement habilités à pratiquer les interventions liées aux cheveux, par sa minutie légendaire. « Nous avons développé une technique mini-invasive, qui n’existe nulle part ailleurs », confirme-t-elle.

Les docteurs Enrica Segond-Romeo, chirurgien esthétique spécialisée dans la chirurgie mammaire (et désormais capillaire), et Philippe Berros, chirurgien ophtalmologue, sont les fondateurs de la clinique – © Clinique Monte-Carlo et Alain Duprat

En tant qu’associée et directeur médical, Cécilia Marcacci a contribué au lancement et au rayonnement de l’établissement ouvert au public au printemps 2023. « Notre réputation ne cesse de croitre au même titre que la liste d’attente de nos patients », atteste avec fierté le docteur. D’ailleurs, le succès est tel que la clinique va très prochainement ouvrir son pôle chirurgie plastique. « Les femmes, et les hommes également, accordent de plus en plus d’importance à leur physique qui est leur carte de visite. On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais presque. Aujourd’hui nous vivons plus longtemps et nous souhaitons rester le plus jeune possible et conserver son estime de soi. Je pense que souvent, nous soignons psychologiquement les gens en leur retirant un complexe ».

Lorsque l’on demande au docteur quelles sont ses passions, la première réponse est la suivante : « mon travail ». Mais en y réfléchissant, la jolie brune hyperactive dévoile son côté sportif : « l’exercice m’aide à évacuer », confie celle qui a endossé le rôle de capitaine de l’équipe de volley-ball de Monaco avec laquelle elle a remporté un championnat. Aujourd’hui, l’ex-championne privilégie la course à pied et le sport en plein air plutôt que l’exercice en salle de sport. Plus original, elle s’est intéressée à la plongée et joue du piano. Très croyante, elle voit à travers son amour pour la musique un signe divin. « En Italie nous croyons beaucoup aux Saints, et Santa Cecilia est la Sainte qui protège les musiciens, alors peut-être y a-t-il un lien ? » La question est posée.

L’amour au rendez-vous

Cécilia Marcacci aime aussi se retrouver avec ses amis qui constituent pour elle un pilier ici en Principauté, pays qu’elle décrit comme sa terre d’adoption. « Monaco m’a accueilli, m’a donné le succès professionnel et une vie vraiment très agréable. Vous savez, j’ai gagné un concours pour être chef de service d’un grand hôpital milanais, et j’ai refusé. Cela a étonné tout le monde, mais une fois qu’on a gouté à Monaco, c’est difficile de partir. »

D’autant que le coeur de Cécilia Marcacci appartient désormais à un Monégasque avec qui elle partage sa vie depuis presque quatre ans et à qui elle a dit « oui » pour le restant de ses jours en 2020, à l’âge de 39 ans. « Moi qui rêvais d’une cérémonie avec 500 personnes, je me suis mariée, en pleine crise de Covid-19 avec 15 convives, se souvient-elle. Mon mari est un homme merveilleux. Il me soutient, il est patient. Il a changé ma vie tout simplement. » Car pendant de longues années, Cécilia Marcacci a mis sa vie personnelle de côté, et n’a pas eu d’enfant. « Lorsque je travaillais aux soins intensifs je commençais très tôt et finissais tard mes journées, je pouvais être appelée la nuit et les week-ends, ce n’était pas propice à une vie de famille. »

Cécilia Marcacci parvient dorénavant à se libérer plus de temps, car ses journées passées en blouse blanche sont plus légères. Elles commencent généralement par une réunion d’équipe, et se poursuivent par des consultations, des soins, et des interventions au bloc opératoire dès 9 heures. Quel sera son nouveau projet ? Elle l’ignore pour l’instant. Mais une certitude demeure, ce sont les nouveaux défis qui la tiennent en vie.