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Récit

Un couple déchiré à la barre du tribunal de Monaco pour violences conjugales

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L'homme avait déjà été condamné pour des faits de violences, mais pas sur conjoint - © Monaco Tribune

Le tribunal a souhaité donner une seconde chance à cet homme en le condamnant à de la prison avec sursis.

« J’ai vu le sang couler de son nez. Elle est allée dans la salle de bain pour se soigner avant de sortir prendre l’air ». Ce sont les premiers mots de cet homme à la corpulence imposante et dont le style dénote, particulièrement à Monaco. Tatoué, bracelets aux poignets, et boucle d’oreille, il portait un sweat-shirt noir floqué de motifs rouges.

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Comme le président du tribunal va l’indiquer, si les deux individus se connaissent depuis quelques années, leur couple s’est formé récemment, en septembre 2023. Quelques mois plus tard, le 7 décembre au soir, une querelle va éclater vers 19 heures pour s’achever vers 1 heure. « On en est venu aux mains », a reconnu le trentenaire de nationalité belge, résidant chez sa compagne à Monaco, avant d’ajouter : « je suis quelqu’un d’impulsif, mais j’ai un traitement pour gérer mon impulsivité. J’ai encaissé ses provocations pendant six heures… puis j’ai craqué. » L’homme a en effet asséné un coup de tête sur le nez de sa conjointe, lui laissant une plaie de plus d’un centimètre et un jour d’ITT.

Troubles psychiatriques

La jeune femme, également présente à la barre, concède d’une toute petite voix avoir elle aussi eu un excès de violence, en giflant à deux reprises son homme qui a appelé par lui-même la police le soir des faits. « La dispute a éclaté à cause d’images de femmes dénudées sur les réseaux sociaux », ajoute la victime qui a refusé de se constituer partie civile.

Le président interroge le couple : ce genre de scène s’est déjà produite par le passé ? « Non », répondent les deux individus à l’unisson. « Cet épisode nous servira de leçon. Dorénavant, lorsque je suis en colère, je frappe un mur, confie le mis en cause. Je ne veux pas la perdre. À l’heure actuelle je suis hospitalisé pour mes problèmes de drogue et d’impulsivité, et malgré cela elle est encore là, à mes côtés. J’espère m’en sortir grâce à mon traitement et à mes séances chez le psychiatre. Même si je ne pourrais peut-être pas être le citoyen exemplaire, je pense que suis sur la bonne voie. Nous avons, l’un comme l’autre été détruits par la vie. » À savoir que sa compagne est elle aussi suivie pour troubles psychiatriques.

Le procureur se lève pour ses réquisitions : « ce n’est pas une procédure facile. Est-ce que la justice doit tendre la main à cet homme ? Ou doit-elle le sanctionner en prononçant une peine ferme ? Je n’ai pas de réponse certaine à cette interrogation. Cette situation est particulière, ces deux-là se connaissent depuis longtemps et s’affectionnent. »

Une obligation de soins

Le parquet est revenu sur leur rencontre qui s’est produite dans un contexte spécial : « ils se sont retrouvés au CHPG alors qu’ils étaient en phase de soin. Malheureusement, et certificat médical à l’appui, monsieur présente encore une certaine dangerosité, et ces patients ensemble, pouvaient présenter un risque qui a pris la forme de violences finalement le 7 décembre dernier. Monsieur aurait pu quitter le domicile à ce moment-là pour que tous retrouvent leur calme et discutent tranquillement le lendemain. Je crains une reproduction de ces événements dans le futur. »

Morgan Raymond propose que la peine de deux mois de prison avec sursis à laquelle le prévenu avait été condamné récemment soit assortie d’une mesure de liberté d’épreuve avec obligation de soins pendant trois ans. Le tribunal décidera, après délibération, de suivre les réquisitions tout en ramenant la mesure de liberté d’épreuve à deux ans. « Le tribunal vous laisse une seconde chance », prévient le juge, qui explique ne pas avoir souhaité « réduire à néant les efforts entrepris jusqu’alors. »