Récit

Trois ouvriers envoyés en prison pour avoir volé sur le chantier Testimonio II

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Testimonio II est un ensemble comprenant des appartements domaniaux, des appartements privés, des villas, une école internationale et une crèche - © Groupe Marzocco

Après leur journée de travail, ils sont retournés sur les lieux et ont subtilisé une cinquantaine d’outils et de matériels de travaux d’une valeur totale estimée à 15 000 euros.

Tête baissée et l’air penaud. Voilà comment ces trois Roumains se sont présentés dans le box le jour de l’audience de flagrance mardi 9 avril, après avoir passé deux nuits derrière les barreaux suite à leur interpellation. À l’aide d’un interprète, ils vont devoir s’expliquer des faits survenus dans la nuit du 6 au 7 avril dernier.

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Petit saut dans le temps. Le responsable du chantier situé quartier du Larvotto, reçoit une alerte intrusion sur son téléphone. La caméra qu’il a installée vient de détecter la présence d’individus. Il prévient alors la police qui, sur place, se mettra en observation. Lorsque les trois hommes sortiront du chantier après deux heures, ils seront interpellés, chacun d’entre eux avec un sac rempli de matériel électroportatif, principalement de la marque prisée Hilti.

Une enquête d’envergure est en cours

Si en ce début de mois d’avril, ces ouvriers du bâtiment sont jugés pour le butin retrouvé sur place, il semble qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai. C’est en tout cas ce qu’ont maintenu Crudeli et la SATRI, les deux entreprises victimes à la barre, et ce que le procureur a confirmé : « une enquête de plus grande envergure est en cours ». Car en réalité, si cette prise a pu avoir lieu, c’est grâce au dispositif conjointement mis en place entre cinq entreprises impliquées qui ont installé des caméras et sécurisé davantage le chantier, et la Sûreté Publique qui elle a renforcé ses rondes.

Comme le relatera le président du tribunal correctionnel, après leur journée de travail, les trois hommes âgés de 22 à 37 ans vont se retrouver à Menton pour l’anniversaire d’un de leurs collègues dans un logement mis à disposition gracieusement par leur employeur SBM Façade, avant de retourner sur le chantier. Si un pass est nécessaire pour entrer, ils passeront par-dessus une palissade avant de pénétrer par une porte qui semble-t-il, avait été expressément bloquée à l’aide d’un tissu. Florestan Bellizona brandit les images des malles éventrées et ouvertes sauvagement à la disqueuse.

Les trois prévenus ont avoué avoir déjà volé à trois, et avoir revendu les objets : un laser, une perceuse et une disqueuse pour plusieurs centaines d’euros. « Avec des salaires entre 2 200 euros et 2 700 euros et sans loyer à payer, vous êtes censés vivre décemment. Pourquoi voler ? » les interroge le président. « C’est une bêtise », soufflent de concert les façadiers.

Condamnés à huit mois de détention

« L’affaire aurait pu être jugée devant le tribunal criminel car nous ne sommes plus dans le cas d’un vol simple », rappelle le procureur en soulignant que les faits ont été commis de nuit, en réunion, avec effraction et envers leur employeur. « Ils risquaient alors 15 ans de réclusion, ajoute le parquet. Ce ne sont pas des voleurs à la petite semaine, leur action a été préméditée ». Pour ces faits « graves », 18 mois de prison ferme seront requis.

Des réquisitions qui feront bondir les trois avocats de la défense qui plaideront la clémence. « Ce sont juste des idiots », lance Me Sarah Caminiti-Rolland. « Il a gâché la situation plutôt confortable qu’il avait, mais comprenez, c’est un gamin de 22 ans, loin de sa famille, qui s’est laissé influencer », ajoute Me Robin Svara. « Il a pris conscience de la gravité de ses actes », conclu Me Violaine Rapaire avant que les mis en cause se confondent en excuses, les larmes aux yeux pour l’un d’eux.

Après délibération, la sentence tombe : le tribunal condamne les trois hommes à huit mois de prison ferme et ordonne leur maintien en détention. Quant aux deux sociétés, qui se sont constituées parties civiles pour demander des dommages-intérêts au travers de leur directeur de projet respectifs, le tribunal les renvoie toutes deux sur intérêts civils afin de déterminer plus précisément le montant du préjudice.