Récit

Soupçons de blanchiment d’argent : un Ukrainien avec plus de 10 000€ en espèces condamné à Monaco

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Le prévenu, confus, a présenté deux versions des faits qui n'ont pas convaincu© Monaco Tribune

Une autre affaire semblable avec la même défense fait craindre qu’un réseau de blanchiment ukrainien sévit à Monaco. 

Un ressortissant ukrainien, sans casier judiciaire et sans antécédents avec les forces de l’ordre, a été condamné ce mardi par le tribunal correctionnel de Monaco pour avoir transporté plus de 10 000 euros en espèces sans les avoir déclarés au préalable.

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Cette affaire confuse et présentant des similitudes troublantes avec un cas récent, soulève des interrogations sur un possible réseau de blanchiment d’argent en provenance d’Ukraine.

L’homme, conducteur de bus en Ukraine, comparaissait seul. Il dira, plus tard, lors de l’audience qu’il n’a pas les moyens de payer un avocat. Tremblant et visiblement anxieux, il s’exprimait en ukrainien avec l’aide d’une interprète assermentée qui lui traduisait précisément chaque parole du président du tribunal.

Un simple service à une amie ?

Contrôlé en mars 2024 sur la Place du Casino, l’individu portait sur lui la somme de 10 235€ en espèces, non déclarée. Or, pour traverser les frontières en Europe, il est nécessaire de faire une déclaration pour tout montant supérieur à 10 000€. « Je savais qu’il fallait une déclaration spéciale mais initialement je n’avais pas cette somme » expliquait-il en ukrainien. 

Face au président du tribunal, le prévenu a tenté de justifier la présence de cette somme en expliquant qu’il n’avait initialement qu’une centaine d’euros en sa possession. Il n’avait aucunement l’intention de se rendre à Monaco mais il a finalement effectué un déménagement pour une connaissance et pour lequel il lui a été payé son essence, son travail et son déplacement pour environ 900€. 

« Je passais à Monaco pour ramener des meubles à une connaissance », a-t-il déclaré. Jusque-là l’explication semblait plausible jusqu’à ce qu’il soit confronté par le président du tribunal aux déclarations effectuées au service de police, lors de son audition.

Deux versions contradictoires

Devant la Sûreté Publique, il avait alors affirmé avoir franchi la frontière avec les 10 000€, sans avoir rencontré sa connaissance par la suite. L’objet initial de son déplacement correspondait à un voyage en Italie dans le but d’acheter une nouvelle voiture. Il avait donc emporté avec lui toutes ses économies.

Une version des faits différente qui a conduit le procureur à requérir la confiscation totale de la somme et une amende de 1000€ à l’encontre du prévenu. A l’annonce de la réquisition du procureur, l’homme est appelé à s’exprimer une dernière fois afin d’organiser sa défense.

Abattu et tremblant, il a plaidé sa bonne foi, assurant que « cet argent représentait toutes [ses] économies. » Bafouillant quelque peu, il s’est repris tout en s’excusant : « Pardon, je suis très stressé. Mon argent, je l’ai gagné de façon honnête. Je ne voulais pas venir spécialement à Monaco, je n’ai fait qu’aider des gens. »

Un réseau de blanchiment ? 

Mais ce qui intrigue particulièrement le procureur, c’est la ressemblance troublante entre la défense de cet individu et celle d’un autre ressortissant ukrainien jugé quelques mois auparavant dans une affaire similaire : « Les audiences passent et se ressemblent », déclare le procureur.

Dans le dernier cas, le prévenu, également ukrainien, avait été intercepté avec un peu plus de 10 000€ en espèces, prétextant, lui aussi, l’achat d’une voiture en Italie et un déménagement à Monaco. Une défense quasi identique qui éveille les soupçons quant à un potentiel réseau de blanchiment d’argent en provenance d’Ukraine.

Quoi qu’il en soit, l’infraction retenue reposait exclusivement sur un manquement à l’obligation déclarative d’argent liquide. Pour ce chef d’accusation le tribunal de Monaco a jugé le prévenu coupable, a ordonné la confiscation de la totalité de la somme et l’a condamné à une amende de 1 500€.