Publicité »
Publicité »
Récit

Arrêté à temps, un chauffeur VTC fortement alcoolisé transportait sept passagers dans son van

tribunal-de-monaco
En début de service, le conducteur ivre était probablement proche du coma éthylique © Monaco Tribune

Le prévenu est entré dans la salle d’audience menotté, la mine grave et le regard hagard.

L’affaire qui a été jugée au tribunal ce matin aurait pu prendre une tournure toute différente : celle d’un drame humain. Fort heureusement, le chauffard a été arrêté à temps, avant qu’un accident ne se produise.

Publicité

Vendredi dernier, le 19 juillet en début d’après-midi, un chauffeur VTC, fortement alcoolisé, transportait sept passagers dans un van. Les touristes inquiets de la conduite approximative du chauffeur auraient demandé d’arrêter le véhicule sur le bas-côté à l’entrée de Monaco. Les policiers, intrigués par le véhicule immobilisé avec dehors des passagers mécontents, se sont alors approchés pour comprendre la situation.

Un taux d’alcoolémie proche du coma éthylique

Les touristes se plaignaient de la conduite erratique du chauffeur encourageant d’emblée les policiers à procéder à un contrôle d’alcoolémie. Le verdict est sans appel : à 15h30, le chauffeur affiche un taux de 1,37g/l de sang, soit presque trois fois la limite autorisée. 

Pourtant, l’homme conduit depuis 7h30 du matin et n’a dormi qu’une heure après une soirée arrosée, laissant penser au procureur que lors de la prise de service, l’homme était à environ 4g/l de sang soit proche du coma éthylique. 

Interrogé par le juge sur son éventuel problème avec l’alcool, le prévenu admet : « Je dois comprendre que oui… » Coup du sort, un an jour pour jour, le 19 juillet 2023, le prévenu se retrouvait dans la même situation et avait été contrôlé au volant d’un véhicule positif à l’alcool et aux stupéfiants.

Aujourd’hui, jugé en comparution immédiate, défendu par un avocat commis d’office, le prévenu n’a aucune difficulté à reconnaître les faits. Il admet d’emblée avoir besoin d’une aide médicale, conscient des risques qu’il encourt et qu’il fait encourir aux autres. Au fil de l’audience, l’homme comprend bien qu’il risque la prison et fond en larmes à cette idée et à celle de perdre son travail et son logement par la même occasion.

Un accident de parcours

Au fil de l’audience, l’histoire personnelle de cet homme se dessine et se révèle douloureuse. Après une séparation dont il a du mal à se remettre, il a sombré dans une profonde solitude. Installé en France depuis 23 ans, sans jamais rencontrer de problèmes, il a toujours travaillé dans le secteur du tourisme entre Monaco et la France.

Mais petit à petit, il s’est enfoncé dans l’alcoolisme. Au début, il n’a pas voulu le reconnaître, il explique : « mon père, mon oncle étaient alcooliques. Je ne voulais pas être comme eux. » Après chaque journée de travail, il avoue honteusement se sentir obligé de boire.

J’ai besoin d’aide…

« J’ai besoin de parler à quelqu’un ! J’ai besoin d’aide... », comme un appel au secours, ce besoin il le ressent depuis longtemps mais travaillant chaque jour pour subvenir à ses besoins, il n’a pas réussi à obtenir ne serait-ce qu’un rendez-vous chez un médecin généraliste. 

La peur de la perte de son nouveau travail n’a fait que l’encourager, ce jour-là, à prendre le risque de conduire plutôt que renoncer à aller travailler.

Lorsque son avocat prend la parole pour le défendre et qu’il évoque ses animaux, le prévenu laisse une nouvelle fois s’échapper quelques larmes. Il craint pour la santé de ses animaux, dont on comprend qu’ils sont à présent une grande partie de sa vie, si jamais il était incarcéré.

Le verdict

Après délibération, les juges l’ont jugé coupable et l’ont condamné à quatre mois de prison dont deux avec sursis qui commence dès aujourd’hui. Il devra également suivre une obligation de soins, comme il l’avait demandé, et est interdit de conduire à Monaco pendant trois ans.