Sur la place du Casino de Monte-Carlo, un enfant de 4 ans percute un piéton au volant d’une Bentley : le père reconnu coupable
Trois ans après le dramatique accident qui avait failli coûter la vie à un quinquagénaire devant l’Hôtel de Paris sur la place du Casino, la justice monégasque a rendu son verdict. Retour sur les faits et la décision finale du Tribunal.
Les nombreuses personnes chargées de la mise en place du célèbre concert de la Croix-Rouge monégasque se souviennent encore très bien de cette soirée, mais pas pour les raisons que l’on imagine. Le 16 juillet 2021, sur la place du Casino noire de monde pour l’occasion, les yeux sont tout à coup rivés vers l’Hôtel de Paris.
À sa sortie de l’établissement, un résident monégasque de 53 ans vient de se faire percuter par une Bentley. Complètement écrasé par la berline de plusieurs tonnes, l’homme est transporté d’urgence à l’hôpital Pasteur de Nice avec un pronostic vital engagé.
Extrait in-extremis de sous le véhicule par plusieurs braves passants et bénévoles de la CRM, la victime s’en sort avec de multiples fractures et hémorragies, un coma, six mois d’ITT, un an et demi de soins et des séquelles physiques et psychologiques encore aujourd’hui.
L’auteur des faits… un enfant de quatre ans
Ils n’auraient jamais imaginé que leurs vacances en Principauté virent au drame. Le jour même de leur arrivée, quelques heures après avoir récupéré les clés de leur Bentley, une famille de ressortissants arméniens vont pour garer le véhicule de location devant l’Hôtel de Paris.
Alors que le père remet les clés au voiturier, le petit garçon, âgé de quatre ans au moment des faits et assis à l’arrière avec la mère, parvient à se faufiler sur le siège conducteur. En grimpant depuis l’extérieur, l’enfant glisse sur la pédale d’accélération et envoie le véhicule à plus de 8km/h dans la foule.
D’après les nombreuses expertises techniques sur le véhicule et l’analyse des caméras de vidéo-surveillance, la Bentley n’était pas sur le mode « Parking » mais bien sur « Drive » et le moteur toujours allumé.
De plus, malgré l’arrêt complet de la berline et la portière conducteur ouverte, le système de sécurité n’a pu s’activer puisqu’un insert se trouvait dans le boîtier de la ceinture pour tromper le dispositif (pour rappel, la ceinture de sécurité n’est pas obligatoire à Monaco).
Un an avec sursis pour le père de l’enfant
Ces expertises, le père de l’enfant ne les nie pas devant les juges. En revanche, il assure que l’entière responsabilité du véhicule et de l’enfant était entre les mains du voiturier, puisque ce dernier était « face à l’action, qu’il a vu monter le petit et qu’il avait déjà les clés de la Bentley en sa possession ».
Une justification qui ne sera pas reçue par Emmanuelle Carniello, substitut du procureur, qui lui reproche incontestablement trois fautes : de ne pas avoir coupé le moteur et laissé le véhicule sur le mode « Drive », d’avoir laissé l’insert dans le boîtier de la ceinture et enfin, qu’il n’ait pas surveillé les agissements de son enfant, non celui du valet.
Bien qu’il ne soit pas l’auteur direct des faits, le père de 52 ans a été reconnu responsable de l’acte de son fils et donc coupable du délit de blessures involontaires. Conformément aux réquisitions du procureur, le Tribunal correctionnel de Monaco a condamné l’homme en répression à la peine d’un an d’emprisonnement assorti dans sa totalité du sursis simple.
L’affaire a été renvoyée à une audience ultérieure pour les aspects civils de la procédure, mais 100 000 euros de provision pour l’indemnisation de la victime, à verser par le prévenu, ont tout de même été retenus.
À noter que la victime a elle-même dû avancer tous ses frais médicaux et n’a perçu aucun dommages et intérêts en trois ans depuis l’accident.